Arlette prédit une victoire de... la droite ?

Arlette invitée ce soir du Franc-Parler sur iTélé. Un grand moment de télévision pour ses fans, qui ont souvent choisi Arlette comme on entre en religion. Ici on ne parle (presque) plus de politique, on pénètre dans un autre monde, dans lequel tout le monde y' devrait être gentil : même pas obligé d'être beau !

Ah, j'adore Arlette Laguiller ! Par certains côtés elle me rappelle ma mère, ou des profs que j'ai eues et qui n'arrivaient pas à se faire respecter en classe. Elles criaient, elles trépignaient, elles rougissaient de colère et semblaient toujours vouloir se battre contre tout, mais plus elles demandaient le silence, plus le brouhaha s'amplifiait, et plus elles faisaient "CHHHT", plus les boulettes de papier volaient. Problème de méthode : "CHHHT", ce n'est pas un mot, et encore moins un cri. C'est une sorte de bruit, un son particulier que tout le monde connaît, mais qui ne veut plus rien dire quand on l'émet face à une classe de 30 élèves qui rêvent de se dégourdir les jambes. Un peu comme si vous disiez "soyez poli, bordel de merde !" à quelqu'un qui vient de dire un gros mot, la signification en moins.

Pourtant elle a parfois de bonnes idées, Arlette ! En parlant du petit Besancenot par exemple, qu'elle aurait peut-être aimé avoir pour fils, elle dit qu'elle lui avait écrit une lettre pour le mettre en garde contre cette aventure vouée à l'échec que promettait de devenir la gauche anti-libérale à la sauce 2007. Olivier ne l'a pas écoutée et les événements ont donné raison à Arlette. Aucun accord n'a pu être trouvé, et Buffet a planté tout le monde en profitant, il est vrai, d'un choix issu de la consultation de "collectifs locaux" (bourrés de communistes...) qui l'avaient désignée pour porter les valeurs de la gauche anti-libérale. Toute la gauche anti-libérale. Olivier Besancenot a refusé de suivre le mouvement et a repris sa liberté, bientôt rejoint, si l'on peut dire, par un José Bové qui était surtout venu pour représenter José Bové.

Fin de la gauche anti-libérale, déjà, même si tout le monde s'obstine encore à utiliser l'expression, et triste constat pour Arlette, restée seule dans son coin mais qui pressentait déjà un possible naufrage de toute la gauche. Arlette a donc tenu à rappeler qu'elle avait refusé de participer à cette fanfaronnade, elle qui est d'ailleurs la seule à réfuter l'assimilation à une gauche anti-libérale qui n'existe plus, rappelant que de son côté elle est "anti-capitaliste" (ce qui ne serait pas du tout la même chose, donc) !

Trois mois plus tard, les événements donnent toujours raison à Arlette. Tout comme à Nathalie Iannetta qui, ce matin, allait encore plus loin que Jacques Espérandieu hier soir en disant que d'après les derniers calculs, l'ensemble des forces de gauche avaient atteint leur niveau "historiquement le plus bas" avec 33,5% d'intentions de vote au premier tour contre une majorité de 66,5% pour l'ensemble des partis de droite. Une analyse qui commence aujourd'hui à être reprise par tous les supports de presse, plusieurs semaines après que Malakine ait tiré la sonnette d'alarme ( http://horizons.typepad.fr/accueil/ ).

Qui peut encore sauver la gauche ? Arlette, qui n'a même pas ses parrainages, ne craint pas d'avouer qu'elle est loin d'avoir les épaules. Lutte Ouvrière et tous les autres partis d'extrême-gauche seraient, bien sûr, partiellement responsables d'un effondrement du P.S. que tout le monde redoute (Sarkozy le premier), mais Arlette précise que c'est le P.S. lui-même qui porte la plus lourde responsabilité dans un éclatement de la gauche qui semble bien parti pour se transformer en anéantissement.

Manque de communication, attitude hautaine, voire méprisante d'un parti leader qui non seulement n'a pas soutenu les partis plus petits d'extrême-gauche mais qui, en plus, leur a mis des bâtons dans les roues en donnant des consignes aux élus pour les signatures, percée de François Bayrou qui défend des valeurs qui ne se distingueraient pas vraiment de celles du P.S. (cf. sujet précédent), en tout cas dans l'esprit des sondés qui est le seul qui compte... Arlette, la rédaction d'iTélé, nous... Tout le monde pourrait disserter longtemps sur les raisons qui font que Ségo est de plus en plus mal barrée pour passer le premier tour. Et ce n'est sans doute pas l'interview d'Arlette sur iTélé qui pourra remettre du baume au coeur à des socialistes qui peuvent tout craindre de l'extrême-gauche (sur laquelle ils continuent de cracher), et qui se voient aujourd'hui également sanctionnés pour avoir trop critiqué Sarkozy et trop sous-estimé Bayrou : Arlette n'a pas prédit ce soir une victoire de la droite, mais il est très possible qu'elle ne demande pas à ses troupes de soutenir Ségolène Royal... si par miracle elle arrivait jusqu'au second tour.

J'avais déjà parlé dans le Poliblog, le 14 février, soit il y a un mois, du moment où le P.S. regretterait amèrement d'avoir mis délibérément des bâtons dans les roues des "petits" candidats d'extrême-gauche, sans même parler de l'absence totale de dialogue. L'heure semble être venue de payer la facture, et elle promet d'être salée. Alors en 2012, Ségo, il faudra songer à lire le Poliblog. Toi tu fais les bécots ou tu rates tes interventions télé, mais la stratégie c'est moi. Reçu ?

http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/politique/elysee_2007/20070312.OBS6555/parrainages__laguillerreste_confiante.html

Comments

[Pascal L.]

Je suis bien placé pour mesurer l'efficacité de son action en tant que Ministre de l'Emploi : soit Borloo est nul, soit il ne fout rien, soit il est incapable d'imposer ses vues (les trois réunis ?). Je ne connais pas ses propositions économiques mais je vais faire des recherches. Si tu as des liens Gilbert...

[Gilbert Sorbier]

Les 4 piliers de la sagesse selon Jean-Louis Borloo présente dans un livre-programme "L'architecte et l'Horloger" qui constitue selon lui "la feuille de route" du prochain président de la République. Il ne s'engagera pour Sarkozy qu'après une engagement formel sur son programme. Borloo aurait-il écouté Sorbier chez les B&B's ?