Sarkozy fricote avec les Skull and Bones
On aura rarement vu Nicolas Sarkozy arborer une mine aussi réjouie que lors de sa rencontre de ce samedi avec George Bush, une rencontre un peu frustrante pour les journalistes qui ignorent la seule chose qui nous intéresse, à savoir la teneur de la discussion de 45 minutes au moins qui a eu lieu entre les deux George et le président de la République Française.
Déçue, la presse francophone s'est rabattue sur les informations "disponibles" : Sarkozy portait des jeans, une chemise blanche, un blazer marine et des mocassins en daim... Il a fait un baise-main à la femme de George père (la vieille qui pique), puis il a fait le cake devant toute la smala. Ensuite, Nicolas s'est enfilé des hot-dogs, des hamburgers et une tarte aux myrtilles, avant de s'éclipser pour une promenade en bâteau d'une demie-heure avec les deux membres de la Skull and Bones society.
Une journée "business-papouilles" devenue très habituelle pour un président qui ne sait toujours pas se tenir, à peine interrompue par une mini-conférence de presse que, de toute évidence, le chef de l'Etat avait préparée. Ainsi, comme s'il voulait rouler un patin à George Bush sous l'oeil des caméras, Nicolas Sarkozy s'est inspiré de la Une du New York Post qui avait fait tant de bruit à l'époque où la France avait refusé de soutenir la seconde attaque américaine contre l'Irak en 2003.
Intitulée "They died for France but France has forgotten" (ils sont morts pour la France mais la France a oublié), la première page du NY Post fustigeait une France, autrefois libérée par les Américains, qui osait refuser d'aider les mêmes Américains à terrasser l'ignoble Saddam ! Sarkozy, assez adroitement (on peut le lui accorder), a choisi de rebondir sur le même symbole mais de l'utiliser cette fois-ci à son profit pour renouer avec une Amérique qui n'a toujours pas digéré ce que Bush et d'autres ont considéré comme un lâchage inacceptable.
Dans l'un de ces exercices de fausse impro qu'il semble affectionner, le chef de l'Etat a donc parlé des "cimetières avec des croix blanches" qui jalonnent la côte atlantique, dit que le sacrifice de jeunes américains pour libérer la France était une valeur plus importante "que Monsieur Sarkozy et Monsieur Bush" : de la communication à un centime d'euro, mais qui marquera quand même les esprits de ceux qui, de chaque côté de l'Atlantique, ont regretté ou se sont félicités que la France ne soutienne pas l'Amérique en 2003.
Nicolas Sarkozy, par contre, n'a pas dit un mot à-propos des concours de tir sur des bipèdes irakiens, ni parlé des sévices et tortures infligés quotidiennement aux détenus de la prison d'Abu Ghraib. Pas un mot non plus sur l'impopularité d'un Bush que plus de 60% des Américains tiennent à présent pour un escroc doublé d'un débile ou pour un crétin doublé d'un mafieux. Le président de la République n'est pas au courant de ces petites choses et de quelques autres, qui pourraient entâcher d'infamie une amitié renaissante dont il compte bien qu'elle se transformera un jour en parties de jambes en l'air.
Globalement, on a donc assisté a une rencontre "informelle" dans laquelle, étrangement, tout a paru parfaitement codifié : Sarko est allé parler business avec George, raison pour laquelle, probablement, Cécilia a brusquement développé une maladie diplomatique, elle qui n'apprécie guère de se voir reléguée dans un rôle d'hôtesse pendant que Monsieur va rouler des fesses et des épaules devant ses amis ou ceux qu'il tient pour tels.
Et puis, Nicolas est parfois (souvent) d'une telle vulgarité que l'on comprend que Cécilia ne soit plus fan de ce genre d'événements, où il est convenu que les femmes doivent aller se réfugier en cuisine pendant que les messieurs fument des cubains au salon... A Kennebunkport, Nicolas n'a pas pu s'empêcher de parler en gardant une main dans sa poche. Il n'a pas pu, non plus, s'empêcher de sourire comme un débile, ébloui par tout ce qui lui arrive, un peu comme un supporter de l'équipe de France de football auquel on aurait donné un vieux slip de Zizou à renifler...
C'est devenu une constante avec Nicolas Sarkozy, on ne sait plus vraiment s'il représente la France ou s'il représente Nicolas Sarkozy, ou plutôt si... malheureusement, on le sait.
Nicolas Sarkozy accueilli par George W. Bush dans sa résidence estivale
http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/international/ameriques/20070811.FAP0264/nicolas_sarkozy_accueilli_par_george_w._bush_dans_sa_re.html
Skull and Bones
http://fr.wikipedia.org/wiki/Skull_and_Bones