Ce qu'il faut savoir sur les pédophiles, avant de prétendre qu'on pourra les soigner
Pour faire suite aux derniers commentaires laissés dans le sujet "The show must go on"...
http://poliblog.canalblog.com/archives/2007/08/21/5951854.html
Il ne faut pas gober trop vite toutes les c... que l'on raconte en ce moment à la radio ou dans d'autres médias sur les nombreuses vertus de pédophiles "repentants", qui seraient simplement "des gens qui n'ont pas tourné très rond" à une certaine époque...
Il faut savoir, par exemple, que les pédophiles sont bien connus pour ne jamais poser de problèmes en prison. Ils se plient aux règles de détention, font leur boulot dans leur coin et on ne les voit jamais se mêler à des conflits ni avoir de problèmes particuliers avec les autres détenus ou avec le personnel pénitentiaire (excepté quand d'autres détenus veulent leur faire la peau).
En cela, ils sont bien plus proches du comportement des tueurs en série, dont la majorité se tiennent on ne peut plus civilement une fois derrière les barreaux, que du comportement de la petite frappe qui va insulter le gardien en l'invitant à "niquer sa mère" ou autre...
Parce que le pédophile est d'abord un dissimulateur expérimenté (cacher sa vraie nature est l'une des premières choses qu'il a dû apprendre, et c'est souvent celle qu'il maîtrise le mieux quand ce n'est pas la seule), il est illusoire de croire que l'on pourra "toujours" le traiter en prison ou en-dehors, en ayant en plus la garantie que l'efficacité du traitement se prolongera, voire que l'on peut "lui" confier l'administration de son traitement (absolument délirant) !
Au moment où l'on traite un pédophile qui est, par définition, un pervers sexuel, celui-ci sait déjà qu'il peut / va recommencer et envisage même de le faire dans bon nombre de cas, puisque... c'est plus fort que lui (comme toute perversion déjà pratiquée, à plus forte raison si elle s'illustre par des pulsions incontrôlables) !
Intelligents ou pas, les pédophiles arrivent facilement à tromper les psys, mentent sur leur état (qu'ils connaissent mieux que personne, puisqu'ils sont parfaitement conscients de leurs envies, de leurs pulsions, même s'ils ne peuvent évidemment pas toujours les expliquer), profitent même pour certains de leur passage en détention pour échafauder des scénarii qui vont leur permettre de mettre rapidement la main sur un enfant isolé dès leur sortie de prison (Evrard a dû le faire), un peu comme Ted Bundy (photo) qui excellait dans l'art du "camouflage", qui planifiait certaines de ses sorties meurtrières dans les moindres détails et qui n'a finalement été arrêté par la police que quand il a commencé à ne plus pouvoir contrôler ses pulsions de meurtre, le rythme des crimes s'accélérant et Bundy commettant de plus en plus d'erreurs que même un débutant n'aurait jamais commises (pourtant Bundy était loin d'être un débutant...).
Pour les pédophiles, les spécialistes du comportement criminel (*) observent de plus en plus souvent que le fonctionnement est exactement le même que pour les tueurs en série : bien qu'étant des criminels qui peuvent tout aussi bien être rangés dans la catégorie des criminels organisés (qui planifient) que dans celle des criminels désorganisés (dont on considère qu'ils "obéissent" à des pulsions plus violentes, moins maîtrisées, et qu'ils profitent simplement d'une opportunité en brouillant ensuite les pistes à la va-vite), les pédophiles restent globalement des clients qui savent exactement ce qu'ils font, qui sont même, souvent, capables d'un certain "génie" dans l'improvisation (t'as pas vu mon petit chien ?), qui sont conscients de la nature répréhensible des actes qu'ils commettent et qui connaissent aussi les risques encourus... Raison pour laquelle certains courent toujours, parce qu'ils n'ont semé que des cadavres derrière eux (cadavres que l'on n'a du reste jamais retrouvés pour la plupart).
(*) "spécialiste du comportement criminel" = pas la même chose qu'un psychiatre ! Sauf chez nous, comme dans tous les pays où l'on a énormément de retard... Et il n'y en a pas des masses, des vrais spécialistes, surtout en France où n'importe quel psychiatre raté peut devenir profiler ou expert judiciaire, puisqu'il suffit quasiment de postuler... On a d'ailleurs des exemples récents de profilers français qui sont allés prêter main forte à des polices étrangères (belge par exemple), et que l'on a très vite renvoyés chez nous en leur expliquant gentiment que l'on n'avait pas besoin de s'encombrer de guignols qui se la pètent : sacrées références.
Pour qui s'intéresse un peu à la criminologie, il est évident que l'on "ne peut pas" espérer soigner des pédophiles dans l'âme (a fortiori des récidivistes) qui, planifiant leurs actes ou pas, fonctionnent essentiellement sur le mode de la pulsion qu'il faut satisfaire immédiatement ou alors sous peu, et restent quoiqu'il arrive des criminels opportunistes, même quand ils ont planifié un enlèvement précis : parfois, l'opportunité suffit à déclencher la pulsion qui n'était pas là avant (et n'importe quel enfant ou presque ferait l'affaire, bien que nos sujets d'étude aient quand même des préférences) et inversement, on connaît de nombreux cas dans lesquels le pédophile qui a "prévu" d'enlever un enfant en particulier, mais qui n'a pas pu atteindre son objectif, va immédiatement se rabattre sur un autre enfant (au pire, le premier qui lui tombera sous la main).
Bref... Il ne faut jamais sous-estimer la dangerosité d'un pédophile qui n'est jamais complètement en sommeil, il faut au contraire le prendre pour ce qu'il est vraiment, à savoir un être foncièrement nuisible, qui doit être enfermé ou placé sous une surveillance quasi-constante : on ne peut ni "prévoir", ni "tabler que", ni vraiment l'empêcher de nuire, car on ne pourra jamais interdire à tous les enfants de sortir (tout au plus peut-on les surveiller) ni enfermer systématiquement à vie (ou exécuter, comme certains le préconisent) les pédophiles multirécidivistes, à-propos desquels on doit d'ailleurs rappeler que certains ont pour métier de les défendre coûte que coûte.
Si certains avocats aimeraient que nous soyons persuadés du contraire, on n'a pas affaire à des "malades" au sens propre du mot (bien qu'ils soient dérangés, déstructurés, anciennes victimes eux-mêmes, etc.), on a affaire à des gens dont beaucoup vont rester (même à leur insu) des prédateurs potentiels ou pire, des prédateurs zélés et efficaces pendant des années, voire des dizaines d'années. Le récidiviste modèle va baisser la tête, s'adapter à tout, trouver la faille (la sortie) et... passer outre.
La légèreté incroyable avec laquelle, en France (contrairement aux pays anglo-saxons où l'on est allé trop loin dans le sens opposé, c'est-à-dire en traquant les pédophiles libérés comme des animaux et en les jetant en pâture au public en disant où ils se trouvent), on a toujours traité ces réalités (en refusant simplement de les admettre), fait craindre le pire pour l'avenir : les petits cadavres vont continuer à s'empiler sans que personne n'en sache rien, et trop de survivants vont continuer à regretter d'être venus au monde, surtout quand on leur expliquera que leur bourreau est une victime de la société, ou qu'il se trouvait dehors alors qu'il aurait dû se trouver derrière des barreaux au moment où il les a forcés...
Plus on creuse, pire c'est.
A-propos de la castration chimique par exemple, la TV nous apprend aujourd'hui que l'on sait déjà que l'expérience allemande (on la pratique depuis 40 ans outre-Rhin) n'a pas donné de résultats qui mériteraient d'être signalés selon les experts (unanimes pour une fois) : la vie du pays comme celle de beaucoup d'autres continue d'être rythmée par des affaires qui effraient et qui scandalisent l'opinion, sans parler de celles que l'on soupçonne mais qui ne sortent jamais au grand jour, pas plus là-bas que chez nous (toujours les nombreuses affaires de disparitions d'enfants ou d'adolescents de tous âges, jamais retrouvés, qui continuent dans une indifférence presque générale...).
On en arrive à des situations totalement délirantes, où quoiqu'il arrive, le criminel qui est derrière les barreaux reste le maître de ce qu'il doit considérer comme une sorte de jeu où il suffit d'être patient : c'est ainsi qu'on peut voir Evrard, par exemple, se vanter presque d'avoir "eu" une quarantaine d'enfants et de n'avoir été condamné que pour trois... Même type de personnage que Francis Heaulme (photo) ou Pierre Chanal, qui s'appliquaient à jouer les débiles ou les ignorants devant les enquêteurs (*), mais qui étaient capables de se rappeler des objets, scènes ou endroits jusque dans leurs moindres détails, en dessinant notamment pour Heaulme des plans comportant des détails ou des rapports de proportions que les enquêteurs eux-mêmes n'avaient pas remarqués quand ils s'étaient rendus sur les lieux des meurtres (Heaulme n'est d'ailleurs pas une exception ; bien que limité intellectuellement, il a une mémoire d'éléphant et les enquêteurs le soupçonnent toujours, aujourd'hui, de jouer avec leurs nerfs en cachant des meurtres ou des détails dont ils pensent qu'il se souvient parfaitement... comme Francis Evrard ?) !
(*) Chanal (photo) s'est donné la mort en 2003 et n'a jamais été jugé. Il est donc toujours "soupçonné" d'avoir été le modèle du violeur-tueur froid et organisé, régulièrement à la recherche d'une occasion cadrant avec "son" plan quand ses pulsions prenaient le dessus, alors qu'Heaulme, de son côté, était un impulsif ultra-violent qui semblait pouvoir déraper n'importe quand. Pas du tout les mêmes personnages, mais toujours le même "fond", avec des caractéristiques relativement semblables et qui reviennent souvent dans ce genre d'affaires : isolement des victimes au moment du viol ou du meurtre, relative absence de méfiance de leur part vis-à-vis d'un tueur qui n'avait pas l'air mal intentionné, etc. Mains nues et cordelettes ou objets assimilés pour Chanal, qui était un expert en close-combat, Opinel ou fracassement de la tête pour Heaulme, le résultat étant toujours le même...
Extraordinairement inquiétant, tout ça. Pourtant, c'est ça un pédophile, ça sort de la même veine, en tout cas les "vrais", ceux qui sont irrécupérables, et on ne peut en faire que deux choses : soit on les boucle et on jette la clé, soit on leur colle un bracelet dont ils ne pourront se débarrasser qu'en s'amputant d'un membre, et quand bien même ils porteraient un bracelet, il faut encore s'assurer que les personnages concernés n'ont pas sympathisé avec des voisins dont ils gardent le jeune garçon ou la petite fille tous les après-midis "pour rendre service", ou parce qu'ils "aiment les enfants qui ressemblent tellement à ceux de leur soeur" (qui n'a jamais existé)...
Bref, pour moi c'est déjà une certitude : il faudra quelqu'un de beaucoup plus sérieux et de beaucoup plus costaud que Nicolas Sarkozy et consorts pour venir à bout du problème. La sécurité des citoyens et celle des enfants en particulier ne devraient pas avoir de prix (on parle de pédophilie mais on pourrait tout aussi bien parler du racket à l'école, ou des agressions préméditées qui s'effectuent maintenant en groupes dans les cours de récré... sans aucune réaction de l'Etat). L'inconvénient est que pour les gens comme Nicolas Sarkozy (et beaucoup d'autres politiques de tous bords, il est important de le préciser), "tout" a un prix, et dans ce tout, il faut évidemment englober la vie des enfants.
Francis Evrard, c'est quoi exactement par rapport à tout ça ? Une goutte d'eau ? Un stakhanoviste du viol d'enfants ? Un fou ? Un monstre ? Une énième victime brisée par des violences subies quand il était lui-même enfant ? Peut-être tout ça, peut-être rien de tout ça : dans le cas spécifique d'Evrard et au stade où il en est, l'explication n'a aucune importance. Ce qui est important, c'est d'abord de le mettre hors-circuit. De réaliser ensuite que Francis Evrard est juste un "échantillon", on pourrait presque dire un rat de labo... "Juste" l'un des nombreux rouages d'un système où tout doit se mesurer en euros, quand pour que la machine tourne il faut à la fois que les gens soient attrapés trop tard et qu'ils soient relâchés trop tôt.
A l'heure où j'écris ces lignes, Francis Evrard a beaucoup de "frères" en prison, mais il en a au moins autant à l'extérieur. A l'affût, toujours prêts à frapper. Il est important de le savoir et il est important de le rappeler aux parents qui envoient leur gosse acheter du pain, à ceux qui le laissent jouer seul dehors "devant la maison", à ceux qui le confient à un nouvel "encadrant" qui remplace Untel du club de foot qui est malade, mais qu'ils n'ont jamais vu auparavant et qu'ils ne connaissent ni d'Eve ni d'Adam, etc.
Voilà... Désolé pour l'écriture un peu "brute de clavier" et pour les parenthèses trop nombreuses et trop longues (que j'ai fini par mettre en italique pour faciliter la lecture), mais ces temps-ci j'entends tellement de conneries sur le sujet, particulièrement en France où l'on n'aime pas parler d'autre chose que de la Star Academy, que ça commence à pronfondément m'énerver. Il serait temps d'arrêter les conneries, justement, et de prendre les pédophiles pour ce qu'ils sont, qu'ils l'aient choisi ou "moins" : ce sont avant tout des prédateurs (dont certains s'ignorent vraiment), et l'actualité nous démontre périodiquement que beaucoup le resteront toute leur vie. Sans livrer ceux-là à la vindicte populaire, on doit les traiter comme tels. Et s'occuper de leur cas.
(Pas besoin, en passant, d'éviscérer un médecin qui n'a a priori rien fait...)