Pourquoi il faut faire empailler vos bananes
Le gouvernement français s'est vraiment décarcassé pour sauver la banane et la canne à sucre martiniquaises, puisque 12 jours seulement après le passage du cyclone Dean (un exploit chez nous), il va octroyer la somme colossale de... 225.000 euros, "au titre des secours d'extrême urgence pour répondre aux besoins essentiels des personnes sinistrées" !
225.000 euros sur les centaines de millions d'euros qui correspondent aux premières estimations faites sur le terrain, somme légèrement plus conséquente qui devrait permettre de "répondre aux besoins essentiels", mais aussi de reconstruire et de relancer rapidement la production agricole en Martinique et en Guadeloupe (qui a également été malmenée par Dean).
Pourquoi 225.000 euros ? Parce qu'après avoir annoncé de façon assez bruyante que tout ce qu'il est humainement possible de faire serait fait pour aider nos amis d'outre-mer, il s'avère que le gouvernement français n'a pas l'intention de lâcher un centime d'euro pour réparer les dégâts provoqués par le cyclone Dean.
Actuellement, on peut donc voir des sbires de l'Elysée et du gouvernement cavaler partout : assureurs, Union Européenne, grands-mère de métropole qui ont planqué leurs économies dans l'armoire à linge... Les nouveaux mendiants de l'Etat français ont reçu pour mission de faire cracher au bassinet tous ceux qui seront prêts à cracher pour éviter à la France de connaître une triple humiliation.
Première humiliation : les caisses de l'Etat, qui étaient déjà vides longtemps avant l'annonce du bouclier fiscal qui va coûter de 10 à 15 milliards d'euros, ne permettent plus de débloquer quelques centaines de millions quand la somme n'est pas exclusivement destinée à financer un périple d'un président qui confond volontiers l'Elysée avec une agence de voyages. Il ne faut pas que cela se sache.
Deuxième humiliation : il faut 12 jours à l'Etat français pour débloquer la somme ridicule de 225.000 euros, dans une situation d'extrême urgence où la relance de la quasie-totalité de l'activité agricole en Martinique dépend entièrement de l'action du gouvernement. Il ne faut pas que cela se dise.
Troisième humiliation : si le gouvernement "ne communique pas" sur ce qu'il prétend obtenir (ou apporter) pour venir en aide à la Martinique et à la Guadeloupe, tout le monde finira par en déduire que l'Etat ne veut pas injecter le moindre euro dans les DOM des Antilles touchés par le cyclone Dean. C'est pourtant le cas, mais une fois encore il ne faut pas que cela se sache, ou se dise.
Reste donc une question que tout le monde peut se poser : si les assureurs et l'UE ne veulent pas payer l'intégralité des dépenses à la place de la France pour la Martinique et la Guadeloupe, chez qui les cavaleurs de l'Etat vont-ils aller mendier ? Peut-être chez l'ami Kadhafi, en échange d'une deuxième centrale nucléaire ou de quelques missiles sol-air qui manquent encore à la collection de jouets "made in France" du dictateur libyen...
En attendant, si vous avez une banane martiniquaise à la maison, un conseil : faîtes-la empailler, ça vous fera au moins un souvenir.
Cyclone Dean: enveloppe d'urgence de 225.000 euros pour les sinistrés
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-32210901@7-354,0.html
Estrosi évalue à 500 millions d'euros les dégâts du cyclone Dean aux Antilles
http://www.edicom.ch/fr/news/environnement/1187_4219455.html