Tous avec la CFTC pour... faire fermer Continental Clairoix
Exemple édifiant de la connerie ambiante à l'usine Continental de Clairoix dans l'Oise : sous la menace d'une délocalisation, les braves salariés du gentil fabricant de pneumatiques ont accepté de passer d'un temps de travail hebdomadaire de 37h30 à 40 heures, en contrepartie de quoi la direction s'est engagée à recruter 130 des intérimaires qui travaillent actuellement sur le site.
Démonstration magnifique du fait que quand on veut travailler plus pour gagner plus, c'est possible, surtout dans l'une de ces dizaines de milliers d'entreprises qui violent allègrement tous les principes du Code du travail, mais seulement par derrière : demandons par exemple aux "x" dizaines ou centaines d'intérimaires de Continental Clairoix le motif qui figure actuellement sur leur contrat de mission (renouvelé combien de fois, et pour quels nouveaux motifs ?) et on s'apercevra sans doute, avec un léger sentiment de malaise pour certains, que celui-ci porte une mention comme "surcroît temporaire d'activité"...
Bah, on n'est plus à ça près, Continental n'est pas la seule boîte en France qui refuse catégoriquement d'embaucher alors qu'elle a les moyens de le faire depuis des années, et qui se paie même le luxe de menacer de renvoyer tout le monde à la maison si ses exigences ne sont pas satisfaites.
Renvoyer tout le monde à la maison, pour le site Continental de Clairoix qui est foutu de toutes façons, on en reparlera probablement dans deux ou trois ans, quatre tout au plus. Interrogé à la TV, le directeur de l'usine, qui n'a pas inventé la bande de roulement, explique que l'allongement du temps de travail va lui permettre de diminuer ses coûts de production (donc d'augmenter ses marges). Par le fait, il est évident, comme cela s'est produit partout ailleurs en France, que pour produire toujours plus et toujours moins cher sous la pression des actionnaires, le groupe finira par se débarrasser des salariés (dont les génies de la CFDT) qui ont signé l'accord en déménageant l'usine dans un pays où la main-d'oeuvre est bien moins coûteuse qu'en France (voir article du Monde, ce pourrait être au Portugal ou en République tchèque, ou plus vraisemblablement dans un pays où la main-d'oeuvre est encore moins chère).
C'en sera alors fini des rêves de fortune des carpettes de la CFDT, qui à Continental comme ailleurs n'ont pas dû perdre totalement le Nord. Généralement, dans ce genre d'affaires, les syndicalistes qui signent des accords "prometteurs" pour l'ensemble des salariés tablent qu'ils seront en pré-retraite ou à la retraite quand les choses commenceront à vraiment se gâter (et elles finissent toujours par se gâter), ce qui n'est évidemment pas le cas des plus jeunes (souvent des non-syndiqués), qui vont systématiquement pointer à l'ANPE dans une énième région minée par le chômage, avec une expérience qu'ils ne pourront revendre nulle part... La France, quoi.
Mais tout cela ne concerne en rien le gars qui n'a pas inventé la bande de roulement : évidemment, le directeur de l'usine Continental de Clairoix se frotte déjà les mains, car l'argent gagné sur le dos des salariés qui ont accepté de travailler plus couvrira largement les primes de départ qui devront être versées aux déchets humains quand on aura décidé de mettre la moitié des salariés à la porte pour raison "économique", pour commencer (la date de fermeture définitive du site devant déjà être fixée)...
Le gars appelle cela une "spirale positive".
Encore une expression à noter dans nos tablettes, en face de la rubrique "comment fermer une boîte en deux temps trois mouvements".
Dans l'Oise, l'usine Continental passe aux 40 heures
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-954723@51-954823,0.html