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Poliblog indépendant
6 octobre 2007

Christine Lagarde a-t-elle reçu l'ordre de blanchir Thierry Breton ? ... ou "Breton, le lapsus qui tue"

Caniche_noirInterrogé hier par la Commission des Finances du Sénat dans le cadre de l'affaire EADS, l'ancien ministre de l'Economie Thierry Breton (photo) s'est livré à un exercice d'auto-nettoyage qui ne semble avoir convaincu ni les sénateurs ni les journalistes qui ont pu suivre son audition.

Thierry Breton n'avait aucun pouvoir, Thierry Breton ne "savait" rien, Thierry Breton n'a rien dit de quoique ce soit à qui que ce soit et c'est par la presse qu'il a appris que les groupes Lagardère et Daimler-Chrysler avaient vendu des titres EADS... C'est aussi par la presse que le bon Thierry dit avoir appris, dans la foulée, que la Caisse des Dépôts s'était portée acquéreure des titres vendus par Lagardère.

Sur tous les autres points, Breton ne sait rien et n'a bien sûr rien à se reprocher, ni à reprocher à quiconque. C'est en tout cas ce que l'on serait tenté de penser si l'ancien ministre n'avait pas commis, hier, un lapsus tout à fait "extraordinaire", de nature à remettre la totalité de son témoignage en cause puisque Breton a dit qu'il avait entendu parler pour la première fois des difficultés rencontrées par Airbus dans la production de l'A380 au salon du Bourget, en juin 2005, par... LAGARDERE !

Bien vite, Breton s'est repris et a remplacé le "Lagardère" par un "EADS" qui était beaucoup moins dérangeant pour tout le monde, à commencer par lui, car cela permet au scénario selon lequel il n'y aurait pas eu de délit d'initiés de tenir un tant soit peu debout alors que tout démontre que c'est l'inverse qui s'est produit.

Ainsi, Thierry Breton ne convainc personne quand il assène, un peu trop naïvement il faut le dire, qu'il ne s'expliquait pas les raisons pour lesquelles Lagardère et Daimler-Chrysler voulaient revendre leurs actions EADS... : en tant que ministre, Breton ajoute qu'il n'avait pas la possibilité de s'opposer à la vente (à voir, puisqu'il lui aurait suffi de le dire) et qu'il a mis en garde les deux actionnaires contre un possible désengagement qui, en lui-même, était susceptible de nuire au titre EADS. De la vraie bande dessinée...

Tout dans le reste de l'intervention de Thierry Breton a été dans le même esprit : pour l'homme et pour ses acolytes, tout ce qui ne figure pas dans des notes écrites (produites par les intéressés) n'a jamais existé. La technique de défense, car c'en est une, est bien pratique puisqu'elle consiste à dire aux sénateurs et à ceux qui seraient tentés de reprendre le flambeau qu'il n'y a pas de dossier quand on ne peut rien prouver.

Fin de partie pour Breton, qui se paie le luxe de faire son show et de se poser en serviteur infaillible de la France, de l'Etat, de la morale et de la justice.

Reste le lapsus "qui tue", dont je suis le seul peut-être à m'étonner (?), car si Lagardère (l'homme ou le groupe) a annoncé à Thierry Breton en juin 2005 au salon du Bourget qu'Airbus était en train d'amorcer un piqué sans possibilité de ressource, cela rend évidemment certaine la thèse du délit d'initiés généralisé commis par Lagardère, Daimler-Chrysler et des dizaines ou centaines de Cadres chez Airbus, avec complicité active du ministre de l'Economie et donc de l'Etat.

Moralité, il est des décès qui tombent vraiment à pic, car prenant le contrepied de Breton, le patron de la Caisse des Dépôts à l'époque aura au moins épargné aux sénateurs une énième histoire drôle, dans le même goût que celles empilées hier matin par Thierry Breton : étant mort, ce dernier ne pourra pas expliquer qu'il n'avait pas jugé "bon" de se demander pourquoi le groupe Lagardère tenait à se défaire de ses titres EADS...

Peut-on mettre un ancien ministre en examen pour un lapsus linguae ? Au gouvernement, on a dû penser que le risque d'une mise en cause de Breton n'était pas absolument nul (on sait ce que Breton a à raconter mais on ne sait pas ce qu'il y a exactement dans le dossier du juge) : dans l'objectif sans doute de prévenir un dérapage d'une affaire qui ne s'engage pas si bien que ça pour l'Etat, Christine Lagarde a annoncé dans la foulée de l'audition de Thierry Breton par les sénateurs qu'une enquête serait diligentée sur les événements qui se sont produits à partir de la... fin 2005, soit en gros six mois après la période qu'il faudrait absolument creuser.

Christine aurait reçu l'ordre de blanchir Thierry Breton (et surtout l'ami du président de la République Arnaud Lagardère) que ça ne m'étonnerait pas du tout.

EADS : Thierry Breton lave l'Etat de toute responsabilité
http://www.france-info.com/spip.php?article19170&theme=9&sous_theme=11

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Commentaires
P
Le tout est de choisir la façon de le dire. Par exemple, ce n'est pas moi qui dirai que Thierry Breton est un voyou, un escroc, un menteur et un bon à rien qui fait honte à la France et qui avait autant de légitimité pour occuper le poste de ministre de l'Economie que les vagues copains sans aucune compétence reconnue qu'il a propulsés à la tête d'Airbus... Non, vraiment, ce n'est pas moi qui le dirai. ;-)
M
l'implication de ce type dans la création du futuroscope ne prêche pas en sa faveur. Je n'en dirai pas plus.
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