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Poliblog indépendant
7 octobre 2007

Les temps changent, ma bonne dame !

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Petit sujet pour nous changer un peu de la politique, sans pour autant nous en éloigner totalement puisque nous allons parler ce soir de l'école. De l'école d'avant, quand l'école, justement, ne ressemblait pas encore à un bunker, quand on n'avait pas besoin de rappeler aux enfants qu'ils devaient se lever lorsque le maître entrait dans la salle de classe, quand il ne serait pas, non plus, venu à l'idée à des enfants de sécher les cours autrement qu'à la demande de leurs parents ! Car à Trégarvan dans le Finistère, au début du siècle, quand il arrivait qu'un jeune garçon sèche les cours plusieurs jours d'affilée, le plus souvent c'était parce que son père lui avait demandé de l'aider aux champs.

Qu'est-ce qu'ils faisaient sinon, les mômes, à Trégarvan, dans les années 1900-1920 ? Ben les garçons, ils jouaient probablement à la toupie ou aux billes, avec des glands peut-être, des noisettes ou quelque chose comme ça, ou alors ils fabriquaient des jouets en bois avec un petit canif, comme on vous l'apprend quelques kilomètres plus loin au "musée des vieux métiers vivants" d'Argol... Pour les filles par contre, le jeu à la mode c'étaient les balles. On vend aujourd'hui au "musée de l'école rurale" de Trégarvan de petits livrets faits avec les moyens du bord, qui expliquent la vie de l'époque vue par les profs et par les élèves. C'est dans ces petits livrets, notamment, qu'on apprend que les balles des filles c'était tout un programme : moins la petite fille avait de sous, plus la balle qu'elle pouvait s'offrir était petite, et moins elle rebondissait, ce qui fait que les petites filles dont les parents étaient trop pauvres ou qui n'avaient pas d'argent pour s'offrir la balle la plus petite et qui rebondissait le moins fabriquaient des balles avec de la laine, qu'elles assemblaient en y ajoutant des motifs pour qu'elles soient plus jolies. Evidemment, pas question de jouer quand il avait plu ! A part ça, la pluie, on n'en faisait pas tout un cinéma à l'époque : quand on avait les pieds vraiment trop humides, on allait simplement les réchauffer en restant quelques instants à-côté du poële, vers le bureau du maître.

Question emploi du temps, on suivait des cours de morale, d'instruction civique, d'économie domestique ou alors des "leçons de choses", et le vendredi matin il y avait un cours de vingt minutes sur l'antialcoolisme, fléau de l'époque qui touchait d'abord la Normandie et ensuite la Bretagne d'après ce qu'on raconte. Important, l'antialcoolisme, parce que le cidre c'est bien bon mais ça fait salement pourrir les chicots...

Si l'antialcoolisme était presque devenu l'équivalent d'une cause nationale en Bretagne au début du siècle, l'alphabétisation n'en était pas moins la priorité absolue de l'Etat, suite aux recensements effectués par l'administration lors des incorporations qui laissaient apparaître un nombre inquiétant d'analphabètes.

Eduquer les jeunes, amener la lecture et l'écriture jusqu'aux régions les plus reculées de France, cela avait été l'un des grands combats entamés par Jules Ferry, qui se poursuivait toujours quarante ans après. Un bien grand homme par certains côtés, le Jules, mais aussi un abominable raciste, diraient sans doute ceux qui cent-vingt ans plus tard liraient certains textes fort nauséabonds commis par le personnage, qui parlait avec le même aplomb que le baron de Coubertin des droits légitimes des races supérieures sur les races inférieures, qui à l'époque étaient déjà les autres...

Pour tout dire, pourtant, je préfère de loin un personnage comme Jules Ferry à la plupart des hommes politiques actuels, parce que tout en pouvant être très con (voire exceptionnellement con, parfois), Jules avait le courage de dire ce qu'il pensait, aussi parce que d'après le peu que j'en sais, Jules faisait ce qu'il disait, à l'inverse des lavettes qui prétendent nous gouverner aujourd'hui.

Il y avait beaucoup de gens comme Jules, en ce temps-là, qui d'ailleurs ne partageaient pas forcément les mêmes idées que lui (Clémenceau, son ennemi juré, le pousse à la démission en 1881), et bien sûr il ne se trouvait pas un trou du cul pour dire qu'il fallait peut-être "envisager de revenir aux fondamentaux de l'éducation", ou une autre connerie du même genre... L'éducation, on la faisait, au lieu de passer ses journées à en parler ! On peut en penser ce que l'on veut, les Darcos et les Pécresse d'aujourd'hui ne sont même pas des insectes à côté de gens comme Jules Ferry, Georges Clémenceau et d'autres pointures (nombreuses) de l'époque.

Les temps changent, ma bonne dame, et même si on ne sait jamais ce qui nous attend demain, ce qui nous reste d'hier nous inclinerait plutôt à penser que demain... ce sera pire.


Extrait d'une lettre adressée aux instituteurs par Jules Ferry (source : Wikipedia)

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Monsieur l'Instituteur,

L'année scolaire qui vient de s'ouvrir sera la seconde année d'application de la loi du 28 mars 1882. Je ne veux pas la laisser commencer sans vous adresser personnellement quelques recommandations qui sans doute ne vous paraîtront pas superflues, après la première expérience que vous venez de faire du régime nouveau. Des diverses obligations qu'il vous impose, celle assurément qui vous tient le plus au cœur, celle qui vous apporte le plus lourd surcroît de travail et de souci, c'est la mission qui vous est confiée de donner à vos élèves l'éducation morale et l'instruction civique : vous me saurez gré de répondre à vos préoccupations en essayant de bien fixer le caractère et l'objet de ce nouvel enseignement ; et, pour y mieux réussir, vous me permettrez de me mettre un instant à votre place, afin de vous montrer, par des exemples empruntés au détail même de vos fonctions, comment vous pourrez remplir, à cet égard, tout votre devoir, et rien que votre devoir.

La loi du 28 mars se caractérise par deux dispositions qui se complètent sans se contredire : d'une part, elle met en dehors du programme obligatoire l'enseignement de tout dogme particulier ; d'autre part, elle y place au premier rang l'enseignement moral et civique. L'instruction religieuse appartient aux familles et à l'église, l'instruction morale à l'école. Le législateur n'a donc pas entendu faire une œuvre purement négative. Sans doute il a eu pour premier objet de séparer l'école de l'église, d'assurer la liberté de conscience et des maîtres et des élèves, de distinguer enfin deux domaines trop longtemps confondus : celui des croyances, qui sont personnelles, libres et variables, et celui des connaissances, qui sont communes et indispensables à tous, de l'aveu de tous. Mais il y a autre chose dans la loi du 28 mars : elle affirme la volonté de fonder chez nous une éducation nationale, et de la fonder sur des notions du devoir et du droit que le législateur n'hésite pas à inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer. Pour cette partie capitale de l'éducation, c'est sur vous, Monsieur, que les pouvoirs publics ont compté. En vous dispensant de l'enseignement religieux, on n'a pas songé à vous décharger de l'enseignement moral : c'eût été vous enlever ce qui fait la dignité de votre profession. Au contraire, il a paru tout naturel que l'instituteur, en même temps qu'il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage ou du calcul. [...]

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Commentaires
P
L'île d'Aix, je crois bien que je ne l'ai vue que depuis un bâteau. L'Ilienne, une grosse vedette qui faisait la navette entre La Rochelle, l'île de Ré et Aix, si je me souviens bien car tout cela remonte à loin. Je fais surtout partout de ceux qui ont connu l'île de Ré il y a une trentaine d'années. Pas de pont à l'époque, il fallait prendre le bac, et même en plein été on ne voyait pas beaucoup de touristes, du coup les habitants n'étaient jamais sous pression et tout le monde faisait ses petits bazars dans son coin. Je suppose que pour les iliens, l'ouverture du pont a dû avoir un côté pratique mais qu'elle a aussi dû être vécue comme une sorte de catastrophe, drainant quantités de gens qui jettent leurs papiers gras dans les vignes, ou qui oublient leurs bouteilles vides sur les plages... Ce serait intéressant de savoir ce que les gens du cru en pensent, si toutefois il en reste (?). Tiens, incidemment je me demandais s'il y avait toujours des détenus au bagne de Saint-Martin et je viens de voir dans Wikipedia que c'est le cas. Je me demande si on peut sentir l'odeur de la mer, depuis le fond d'une cellule... Il vaut mieux être de l'autre côté des murs, sans doute, malgré le pont.
M
Petit bémol dans la folie heureuse (Elissalde est de pas loin!)!" C'est des ptits gars (ils devraient dire grands et forts) de chez nous! Y'a un noir, peut-être, mais pas de beurs, Y'a surtout des blancs!"<br /> dans les villages, on vote pas mal FN mais pas ds les agglomérations un peu grandes!<br /> <br /> Pour revenir aux coins préservés, je cite l'île d'Aix, une vraie île, sans pont. Bien sûr, il y a l'ile d'Yeu mais je n'y suis allé que 2 fois! Et la Vendée, c'est plus le Sud Ouest!<br /> L'île d'Aix, hors saison, c'est magnifique, on en fait le tous en 2 heures ou deux heures et demie. Paysages variés, pas de voiture, sauf pour les artisans du coin, des vélos avec des porte-bagages à l'avant et 200 habitants résidents. Le pied du 15 septembre à fin mai.<br /> Pour y aller, mieux vaut prendre le bateau du facteur, le premier!<br /> Il y a encore une vraie école!<br /> <br /> Voilà pour la pub!
P
Pour ce qui est des villes, je suis parfois stupéfait d'entendre les c... qu'on raconte à mes petits neveux en cours. Il y a de moins en moins de profs qui ont la vocation, d'ailleurs ils le disent eux-mêmes dans les émissions qui passent de plus en plus souvent sur le sujet à la télé, on ne devient plus prof pour enseigner à des enfants, on devient prof pour devenir fonctionnaire, avec presque toujours l'envie d'aller bosser dans la région de son choix qui est souvent celle dont on est issu...<br /> <br /> Pour autant, c'est peut-être à partir de la sixième que les choses se gâtent vraiment, quand on commence à vouloir faire entrer dans le crâne des mômes des choses dont beaucoup ne leur serviront jamais à rien dans la vie de tous les jours.<br /> <br /> Arrivé en terminale, les jeunes doivent maîtriser les intégrales, les nombres complexe, l'évolution de la démographie dans la partie ouest du Zwaziland mais ils sont incapables d'effectuer un calcul sans une calculatrice graphique, et encore plus incapables d'écrire un texte de quelques pages qui aurait du sens sur n'importe quel sujet.<br /> <br /> Je grossis le trait évidemment, mais quand même ça fait mal au c... quand soi-même on n'a pas été victime à ce point de la connerie ambiante.<br /> <br /> Ce n'est malheureusement pas sous Sarkozy (idem si Royal avait été élue) que l'on verra poindre une quelconque amélioration, plus personne ne veut se risquer à s'attaquer à ce genre de chantiers, du coup la France ne cesse de reculer en matière d'éducation comme dans beaucoup d'autres domaines, où les notions de morale et de résultats concrets sont toujours centrales.<br /> <br /> Pour L'Ennemi intime, il semble que c'est presque une compilation de choses qui étaient déjà connues mais avec lesquelles on a un vrai problème chez nous. Dire que des lézards ont fracassé la tête de nourrissons sur des murs, c'est toujours mal vu et on comprend très bien pourquoi. Tout comme il est mal vu de rappeler que certains fellagas torturaient leurs prisonniers vivants en les découpant en morceaux... On pourrait faire un parallèle entre l'Algérie et l'Irak, rappeler que la guerre c'est aussi ça et que ça n'a pas grand-chose à voir avec les crétineries professées par Bernard Kouchner, qui compte parmi les derniers grands fans de George Bush.<br /> <br /> Question rugby enfin, ici ça a plutôt été très calme. Quasiment aucun bruit et juste quelques sirènes de police au loin, sans doute pour des pochtrons qui avaient trop picolé un peu partout.
M
Rugby: folie dans le S.O. ma région je n'en parle pas.<br /> Vu "L'ennemi intime" de P.Rotman. J'ai vécu longtemps après au sahara algérien; je voulais savoir. Maintenant je sais. l'horreur! et tous les critiques disent que c'est objectif.<br /> Pascal: en ce qui concerne les territoires préservés, le S.O. en folie (de rugby) en compte beaucoup. Un bémol pour les îles qui ne le sont qu'hors saison.<br /> Tu serais étonné! On a souvent internet dans les bourgs mais la qualité de vie et l'école sont peu perturbés, voire pas du tout.
P
Pour moi il y a bien sûr du vrai dans ce qu'écrit mimi, même s'il existe encore des terres où une France qui manque à beaucoup pour certaines raisons ne s'est pas reniée. Le problème est que l'éducation (dont la morale) conditionne tout, et que l'Etat a totalement abandonné cette mission pour reprocher trente ans plus tard aux parents de faire la même chose... Les temps ont changé et personne n'a su ou voulu s'adapter, et ça continue. On peut le découvrir dans un passage court mais assez terrifiant d'un article de Marianne publié la semaine dernière, où un philosophe parle du désastre créé par la technologie (TV, ordis, consoles, etc.) jusque dans les cerveaux de nos têtes blondes, qui développent de nouvelles connexions synaptiques "irréversibles" gênant considérablement l'acquisition des formes de savoir traditionnelles que sont la lecture, l'écriture, etc. Etudes d'autant plus inquiétantes qu'on préfère ne pas trop en faire, pour des raisons que tout le monde comprendra assez vite...<br /> <br /> Pour les Bleus, félicitations, personnellement je n'y croyais pas une seconde, mais il reste du chemin à faire, l'élimination des Blacks ne signifie pas que nous avons gagné la Coupe du Monde, alors gaffe aux Anglais qui ne sont pas venus pour nous faire des bisous.
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