Visite de Kadhafi : la France a honte de Nicolas Sarkozy (et elle a bien raison)
Bien que je ne dévore pas tous les matins les éditoriaux de tous les quotidiens de France, il me semble que c'est la première fois que la presse fait montre d'une telle unanimité depuis l'élection de Nicolas Sarkozy le 6 mai dernier : tous unis contre Kadhafi, le scélérat dont beaucoup espéraient naïvement que pour une fois, il saurait se tenir. Tous unis, aussi, pour rappeler à Nicolas Sarkozy que quand on reçoit une raclure de désert chez soi, la moindre des choses est de la suivre avec une pelle et avec une balayette.
C'est vrai qu'il s'en est donné à coeur joie, Mouammar, toisant un président de l'Assemblée Nationale à deux doigts d'étaler la veste de son costume devant lui pour que le dictateur libyen puisse essuyer ses babouches, mouillées par les pluies de décembre ; donnant une leçon de morale bien méritée à la France sur sa politique d'immigration, qui ne peut inspirer que la pitié (ou la haine chez ceux qui en sont victimes) et qui ne devrait guère nous inciter à dispenser des conseils aux autres ; partant, ensuite, baguenauder, entouré de policiers payés par les contribuables pendant que son ministre des Affaires étrangères traînait Bernard Kouchner dans la matière qui semble désormais la plus évocatrice de sa véritable stature en matière de politique internationale, à savoir la boue...
Alors que pendant les premiers jours de la visite du colonel Kadhafi dans l'hexagone, il était de bon ton de se taire, voire de la fermer, l'Elysée ayant précipitamment avancé des chiffres très exagérés sur le montant des contrats qui devaient être signés avec le dictateur libyen, le climat s'est sensiblement alourdi à mesure que Mouammar pissait, vomissait, chiait sur le pays qui le recevait, c'est-à-dire le nôtre, improvisant presque des escapades touristiques au risque de bouleverser la circulation dans toute la région parisienne. Visite au musée du Louvre puis au château de Versailles, promenade impromptue sur la Seine, chasse privée à Rambouillet... Avec, à chaque fois, des esclaves en treillis et queue de cheval qui tiennent maintenant lieu de gardes du corps "personnels" pour le dictateur, tortionnaire et violeur, MAIS... "ancien" terroriste : raison pour laquelle il "fallait" absolument recevoir Kadhafi, selon Nicolas Sarkozy, en plus de la vague promesse faite par ce dernier de ne pas chercher à développer de technologie nucléaire militaire.
Si les contrats annoncés par le Sarko' Comics Club avaient été réels, la pilule aurait déjà été (plutôt) grosse à avaler, or il s'avère que sur l'ensemble des contrats annoncés par Nicolas Sarkozy, le pleutre qui a permis à Mouammar Kadhafi de fouler le sol de notre pays pendant cinq jours qui ont paru une éternité, le principal, qui concerne des Airbus, avait été négocié sous le... gouvernement précédent, dirigé par une Asperge (Villepin) qui depuis est devenu l'une des nombreuses cibles prioritaires du parrain de l'Elysée ! Un parrain monté sur talonnettes, ça on le savait déjà... Mais une chose aura changé après la visite de Kadhafi, c'est qu'à présent on le dit. Partout.
En témoignent les réactions d'une majorité de commentateurs, relatées dans les dépêches des deux plus grandes agences de presse qui alimentent la quasi-totalité des médias en France : l'AFP et Reuters (excusez du peu), où il est pourtant rare que l'on verse dans la simple collecte de réactions (c'est dire si ça sent le chaud pour Sarkozy). Si le communiqué de Reuters fait la part belle aux réactions du monde politique, plutôt mollasses à tout prendre, l'Agence France Presse a préféré retranscrire la parole de journalistes de tous horizons, qui "descendent" littéralement en flammes un Sarkozy qui ne l'aura pas volé.
Gros coup d'esbroufe en perspective pour la semaine prochaine, donc, avec pendant tout le week-end une jolie brochette d'attardés qui vont travailler plus en se grattant furieusement la tête au château, pour trouver quelque chose qui soit de nature à remettre à flots un président qui n'hésite plus à recourir à la couardise la plus vile pour assurer sa propre promotion... Une mission pour Jim Phelps ?
Pour ceux, nombreux, qui n'ont guère apprécié les roulements de djellaba du "Guide", reste une maigre consolation : avant la semaine passée, cela faisait 34 ans que le dictateur Kadhafi n'était plus venu en France. Si le rythme ne varie pas, Mouammar Kadhafi devrait donc remettre les pieds chez nous en 2041, à l'âge de 98 ou 99 ans... Autant dire que si Kadhafi revient en France, ce sera les pieds devant et dans une caisse en sapin, à une époque où, jugement de l'Histoire oblige, on aura oublié jusqu'au nom de l'insecte que Nicolas Sarkozy aura été dans l'Histoire de la Grande France, de la Vraie France : celle qui n'aurait jamais reçu Mouammar Kadhafi.
Sarkozy et Fillon en baisse de trois points dans un sondage IFOP
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-33619342@7-37,0.html
Départ de Kadhafi : la presse unanime pousse un "ouf" de soulagement (AFP)
http://afp.google.com/article/ALeqM5gZfbu-CDXBvyXKtE0beSjeLILu-g
Soulagement à Paris à l'issue de la "semaine Kadhafi" (Reuters)
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-33618096@7-37,0.html