SDF, viendez tous à Paris !
Car si vous avez la grande chance de mourir de froid place de la Concorde, ou dans un autre endroit évoquant lui aussi la richesse et la vie trépidante de la capitale française, on parlera de vous dans les médias ! Enfin, pas vraiment de "vous". On cherchera vaguement à savoir comment vous vous appeliez, et si on ne trouve rien, on n'ira pas cogner aux portes des gens qui habitent à-côté pour leur demander si quelqu'un vous connaissait, attendu que les gens qui vivent à proximité de l'endroit où l'on vous retrouvera mort (on anticipe, hein) vous piétineront tous les matins pour aller acheter leur Figaro au kiosque du coin...
C'est embêtant, d'être piétiné avant de mourir de froid à Paris, mais croyez-moi c'est beaucoup moins embêtant que d'être piétiné et de mourir de froid à Nice, comme cette femme (non-identifiée, elle aussi) qui est morte un ou deux jours avant le SDF retrouvé congelé sur une palette place de la Concorde. Le cas de cette femme, pas morte au bon endroit, était beaucoup moins intéressant et n'aura donné lieu qu'à la parution de quelques lignes, tout au plus, dans les journaux les plus humanistes de France.
Sexisme ? Non. Simple problème de géographie. Notre amie que nous ne connaissions pas n'est morte ni à proximité de l'hôtel Crillon, ni à proximité de l'Elysée, d'où l'on envoie des limousines avec chauffeurs et escortes de motards chercher des... "artistes", sur lesquelles la moitié du Tout Paris (ou presque) est passée.
Photo : j'ai osé Bové