Presse française : l'Elysée tient plus que jamais les commandes
Pour ceux d'entre vous qui ne l'auraient pas remarqué, il s'est produit hier une chose assez incroyable en France. Oui, hier, samedi 5 janvier 2008. D'autant plus incroyable que bien qu'elle ait duré toute la journée, personne n'en a vraiment parlé. Comme si, en fait, personne ne s'était aperçu de rien. Et pourtant, je n'ai pas rêvé.
Sur iTélé, sur BFM TV (et Radio), sur France Info aussi, et même dans le 19-20 de France 3, tout comme immédiatement après, dans le JT du soir sur France 2... De l'aube jusqu'à la tombée de la nuit, on n'aura pas entendu prononcer une seule fois l'un des mots ou expressions suivantes : "Nicolas Sarkozy", "président de la République" ou "chef de l'Etat" !
A moins de tendre vraiment l'oreille, pour entendre alors parler de... la conférence de presse que donnera justement le chef de l'Etat le mardi 8 février, et qui n'intéresse à peu près personne d'autre que les journalistes... Exactement comme si tous les organes de presse audio et TV, contrairement à leurs confrères papier, qui ont tous un site Internet qui doit être gavé aussi vite que possible, avaient reçu pour "consigne" de ne pas parler du dernier voyage touristique (ou touristico-sexuel) de Nicolas Sarkozy en Jordanie.
Dire que la presse française a été mise au pas et qu'elle ne s'en émeut pas du tout est donc un euphémisme : nous ne sommes plus du tout confrontés à une presse "à plat ventriste", selon l'expression parfois employée par notre ami Oz, qui commente souvent dans le Poliblog, mais à une véritable conspiration, dont l'envergure, hier, n'aurait pu être mesurée : TF1, France 2, France 3, deux des principales chaînes d'information au moins et deux radios d'information continue, l'une parlant d'actualité et l'autre n'ouvrant son antenne qu'aux fabricants de tartes à la crême de l'économie mondialisée, ça en fait du monde !... Surtout en comptant les directeurs de rédaction, les animateurs et présentateurs, journalistes et pondeurs de courtes notes qui oeuvrent dans l'ombre pour que toutes ces machines puissent tourner.
Comment, avec quoi avait-on pu acheter un tel silence, ou plutôt imposer une telle chape de plomb ? La réponse n'est tombée qu'aujourd'hui. La veille du lundi, comme souvent. Comme toujours en fait, quand Nicolas Sarkozy, en difficulté, doit trouver absolument n'importe quoi pour que l'on parle d'autre chose que du désastre de la "politique" qu'il conduit depuis le mois de mai : alors c'est dit, le zéro va se marier !
... et les observateurs comprendront, dans la diffusion de cette nouvelle, que le silence de la veille avait dû être assorti de "conditions", pour ceux qui ont accepté de ne parler ni du dernier bras d'honneur adressé par le président-vacancier aux Français, ni des problèmes moraux que soulève l'attitude toujours plus indigne d'un chef d'Etat que vous pourrez bientôt recevoir chez vous, à condition bien sûr de glisser une mallette remplie de dollars américains sous son siège.
La presse, dans tout ça ? Ca picore, ça picore... Sans savoir que demain, ça va se faire plumer. Pas par Sarkozy, pour qui c'est déjà fait, mais par tous ceux qui font maintenant leur travail à la place des "journalistes".