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Poliblog indépendant
22 janvier 2008

Croissance : pendant que Sarkozy se tourne les pouces, pleurniche ou fait bosser des rigolos, les Allemands se battent (eux) !

Nokia_N95__apr_s_un_l_ger_incidentC'est du moins ce que l'on pourra se dire en mesurant le monde qui sépare les propositions de la commission Attali et les dernières réactions du monde politique outre-Rhin, après l'annonce de la décision par le groupe Nokia de fermer son usine de Bochum, annonce que les Allemands dans leur ensemble avaient accueillie avec la ferme intention de se révolter avant que les politiques ne leur emboîtent finalement le pas.

Il faut dire qu'au moment de son installation à Bochum, en 1988, le géant finlandais et actuel leader mondial dans la fabrication de téléphones mobiles, avec une part de marché que l'on évalue à 40% (elle serait plus proche de 30% selon d'autres sources), avait perçu pas moins 90 millions d'euros de subventions pour implanter une usine en Allemagne, ce qui n'empêchait nullement Nokia, jusqu'à aujourd'hui, de piétiner toutes les règles de la morale (à l'image de dizaines de milliers d'entreprises françaises) en faisant travailler un bon millier de salariés dits "temporaires"...

2.300 emplois supprimés sur le site de Bochum, plus les 1.000 emplois temporaires, plus 1.000 encore chez les fournisseurs, sans parler des commerçants, artisans, prestataires de services divers et professions libérales des environs dont certains pourraient mettre la clé sous la porte, cela fait un peu beaucoup aux yeux des Allemands, qui auront dû payer une note salée dès le départ pour voir Nokia s'installer chez eux. Après réflexion en fait, tout le monde a trouvé la note si salée que depuis l'annonce de la délocalisation, les politiques se sont joints aux critiques, d'autant plus véhémentes que Nokia "a vu son bénéfice exploser fin 2007" (liberation.fr).

On pouvait s'y attendre, Peer Steinbrück, le fort en gueule et "ami" de Nicolas Sarkozy (*), n'a pas été le dernier à s'outrager publiquement, parlant d'un "capitalisme de caravane" en référence aux déménagements incessants d'entreprises pour lesquelles la chasse aux subventions, toujours assortie de licenciements de masse, est devenue un fondement à part entière de la politique industrielle (alors que chez nous, seules des TPE comme les groupes PSA, Renault, Carrefour, Club Med ou autres recourent à des pratiques tout aussi immorales avec, c'est notre principale différence avec l'Allemagne, la bénédiction des politiques et celle, plus importante encore, des gouvernements successifs).

Où en est-on aujourd'hui ? Eh bien si "Nokia, firing people" pourrait bien devenir le prochain slogan de la marque en Allemagne, "Germany, boycotting Nokia" serait en passe de devenir le slogan adressé en réponse par les Allemands au constructeur finlandais de téléphones mobiles, les appels au boycott des produits Nokia se multipliant déjà, au point que l'on estime que la délocalisation de la production en Roumanie, en Hongrie et en Finlande ne couvrirait pas le manque à gagner de Nokia en Allemagne, où l'image du groupe serait à jamais entachée de félonie... Un mot dont l'usage serait encore légitimé par une info selon laquelle le groupe finlandais aurait perçu 33 millions d'euros de subventions "d'origine inconnue" pour s'installer en Roumanie (liberation.fr). (NDR : on passe sur le mythe du travailler plus, avec les heures à n'en plus finir que les salarié(e)s avaient accepté de faire en Allemagne, croyant se mettre à l'abri d'une possible délocalisation, etc. )

La révolte des politiques allemands est-elle sincère ? On ne sait pas (voir N.B. en fin de sujet). L'important est surtout qu'elle ait lieu, contrairement à ce que l'on a toujours observé en France où, période d'élections ou pas, l'ensemble des politiques de gauche comme de droite n'ont jamais soutenu des salariés français confrontés aux mêmes difficultés.

La création d'emplois fait le pouvoir d'achat, le pouvoir d'achat fait la consommation, la consommation fait la croissance, l'ensemble permettant de financer les retraites et la Sécu : simple. Pourquoi les Allemands l'ont-ils compris (admis) et pas nous ?

Va savoir... Toujours est-il que si en Allemagne on a des couilles et de la voix, en France on a Jacques Attali et Nicolas Sarkozy. Cherchez les erreurs !

En Allemagne, Nokia prend les subventions et s'en va
http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/305131.FR.php

L'Alllemagne se mobilise contre Nokia
http://www.latribune.fr/info/L-Allemagne-se-mobilise-contre-Nokia-~-IDE755A22DFE0C09F1C12573D6004557F9

(*) Sur l'amitié entre Peer Steinbrück et Nicolas Sarkozy :
"L'homme qui envoie chier Sarkozy"
http://poliblog.canalblog.com/archives/2007/09/13/6193521.html

N.B. : "Plusieurs journaux soulignaient ce week-end que les appels au boycott, qualifiés de "populistes", interviennent à une semaine de deux scrutins régionaux importants, en Hesse et en Basse-Saxe" (latribune.fr).

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Commentaires
P
Moi c'est fait, j'ai sanctionné Nokia pas plus tard que ce midi. :)
O
Appeler "populiste" toute initiative prise dans l'intérêt du peuple... est une amusante mahonêteté qui n'étonnera personne quand elle est issue de la nomenklatura ploutocratique !
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