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Poliblog indépendant
14 février 2008

Grands patrons : moins ils vendent, plus ils gagnent

Carlos_GhosnArticle un peu énervant dans le Nouvel Obs. On y apprend que si le Français lambda, grâce aux efforts soutenus de Nicolas Sarkozy, a vu son pouvoir d'achat augmenter de, euh, -x% en seulement dix mois, les grands patrons ont vu, eux, leurs rémunérations s'envoler pour, disons, la dixième fois en dix ans, le mot "envol" n'étant d'ailleurs plus vraiment approprié puisque pour 2006-2007 on pourrait parler d'Explosion avec un grand "E".

"77% des principaux dirigeants d'entreprises françaises ont vu leur rémunération augmenter de 40% entre 2006 et 2007", précise le Nouvel Obs, "faisant des P-DG de l'Hexagone les patrons les mieux payés d'Europe".

Salaire moyen de nos amis golfeurs ? 6,175 millions d'euros (soit 40,5 millions de francs, ce qui équivaut à 3,38 millions de francs par mois, ou à la bagatelle de 160.000 frans par jour ouvré sur une base de 21 jours travaillés dans le mois).

Au top de la pyramide, selon Forbes, on retrouverait Carlos Ghosn (Renault), avec une rémunération globale qui doit maintenant dépasser les 45,5 millions de dollars par an (31,24 millions d'euros en prenant le taux de change actuel), loin devant le patron de l'Oréal, qui fait figure de simple employé à côté de Carlos avec un salaire dérisoire de seulement 19,30 millions de dollars annuels (13,25 millions d'euros).

Carlos_Ghosn_2Rémunération au mérite ? Ce serait le cas dans deux tiers des entreprises, disent des "analystes" dont on peut penser qu'ils serrent souvent la main des grands patrons, car dans le cas spécifique de Carlos Ghosn, on se trouve depuis de nombreux mois dans une sorte de mirage sarkozien qui risque de ne pas se terminer aussi bien que prévu (on l'assure depuis longtemps dans le Poliblog) : après avoir redressé Nissan qui se trouvait dans une situation difficile mais tout à fait incomparable avec celle de Renault en France, on est allé quérir Carlos pour remettre de l'ordre chez le constructeur français. Le malheur est que confronté à une situation qui n'avait rien à voir avec celle de Nissan, Carlos s'est bien vite montré nettement en-dessous du potentiel (incroyablement surévalué) qu'on lui avait prêté en termes d'aptitude à produire des résultats dignes de cette appellation. Conséquence, malgré des délocalisations massives et le lancement de modèles par Renault à l'étranger sur des marchés considérés comme porteurs (traduire "plus faciles pour Carlos"), Renault continue de se faire botter le cul à peu près partout, après avoir collectionné les chutes sur son propre marché intérieur où le prix des véhicules n'a jamais baissé, contrairement aux engagements inlassablement ressassés par les patrons du CAC pour justifier les délocalisations.

Aucune importance pour Carlos : après avoir mis Renault définitivement à genoux, et poussé au suicide on ne sait combien d'employés qui ont du mal à travailler plus, ses éconocroques lui permettront de couler des jours paisibles loin du monde bien ingrat de l'automobile, où quand on vous paie 45,5 millions de dollars par an, on s'imagine que vos loisirs vous laissent le temps de travailler !

Ils sont fous ces Français... Si naïfs, aussi, que ce serait vraiment bête de ne pas en profiter. Pas vrai, Carlos ?

UE : les grands dirigeants français sont les mieux payés
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/economie/20080212.OBS0067/ue__les_grands_pdg_francais_sont_les_mieux_payes.html

Automobile : Renault peine sur le marché indien
http://www.indeinfos.com/index.php?option=content&task=view&id=372&Itemid=26

Photo : Carlos Ghosn en plein boulot

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Commentaires
P
L'ENA, Polytechnique, les Mines... démontrent tous les jours via le niveau de perfs de leurs anciens élèves que la formation que l'on a suivie est tout sauf un gage d'intelligence et d'efficacité. Pour le peu que j'en sais, il n'y a plus guère qu'en France qu'on est capable de se dire qu'un type ou qu'une fille qui sort de telle ou telle école est forcément une flèche en tout. On voit les effets pervers de ces croyances à la con jusque dans la population des "jeunes" ingénieurs qui arrivent sur le marché depuis un certain nombre d'années. Puisque les patrons en ont demandé toujours plus pendant une bonne quinzaine d'années (et ça continue !), on en a "formé" toujours plus, résultat, on se trouve aujourd'hui avec un nombre incroyable de mecs qui ne savent rien faire sur le carreau, parce qu'ayant beau être ingénieurs, ils reçoivent leur diplôme de BAC + x sans savoir écrire une phrase correcte en français, sans savoir faire une addition à la main et sans savoir par exemple ce que représente un bar par rapport à un hectopascal (pas un cousin à moi), et je ne parle pas de ceux qui ne savent pas nouer une cravate ni de ceux qui se promènent avec un baobab dans chaque main et un autre sous chaque pied... Un peu le même genre de gusses que Carlos (Ghosn) dans bien des cas : qu'ils bossent ou pas, ils sont grassement payés au fixe, avec des niveaux de salaire parfois si élevés quoiqu'il arrive qu'on se demande vraiment ce qui pourrait les inciter à se mettre au boulot, à part le canon d'un fusil à pompe enfoncé dans la bouche.... Une ancienne boîte dans laquelle ma femme a bossé ne fonctionnait qu'avec ce type de "ressources humaines", admirables. Plusieurs fois au bord du gouffre, plusieurs fois rachetée, on a fini par centraliser ce qu'il en restait au siège qui à mon avis elle va mettre la clé sous la porte une dernière fois dans pas longtemps, peut-être avant que j'aie fini de taper cette phrase... C'est dingue. Penser que pendant ce temps-là il y a des gens qui ont envie de bosser, de s'investir, qui sont aptes à produire des résultats et qui sont condamnés à rester chez eux comme des cons, attendant des réponses d'employeurs qui disent toujours chercher "des centaines de nouveaux collaborateurs" sur BFM ou autre mais qui, curieusement, n'appellent jamais les candidats... Quand je constate tout ça, je suis d'accord avec toi, le système ne peut plus tourner de cette manière, d'ailleurs il ne tourne plus. Tôt ou tard, on va assister à des retours de bâton qui pourront être sanglants, pour des patrons qui ne les auront vraiment pas volés. Pour finir, je précise au cas où ça ne serait pas clair plus haut que je n'ai absolument rien contre les ingés, simplement, parmi les jeunes et parfois les moins jeunes... ça craint vraiment du boudin ! ;)<br /> <br /> <br /> <br /> que Le lobbying entre diplômés de ces atteint
G
Bien obligé d'être d'accord avec toi sur ce coup là.<br /> <br /> Quand on se remémore il y a une vingtaine d'années, que nos dirigeants d'entreprise étaient des parias comparés aux dirigeants anglo-saxons. Leur rémunération était de l'ordre de 3 à 4 fois inférieure aux leurs.<br /> <br /> Que de changement depuis ! Non seulement leur revenus moyens dépassent allègrement la moyenne de nos voisins anglais et US, mais de plus leur performances économiques sont des plus contestables.<br /> <br /> Remarque, il ne s'agit là que des décisions de leur conseils d'administration qui décident du niveau et des modalités de revenus. En soi, ce n'est pas notre argent, c'est le leur, donc on n'aurait pas trop à redire sur le sujet. Mais j'ai l'impression que la cupidité est devenu le jeu à la mode dans les CA, devant même la rentabilité de l'entreprise. Et c'est là que ça me gêne. Alors, de là à imaginer qu'ils se soucient du pouvoir d'achat de leur salariés, cela fait longtemps que je ne crois plus au Père Noël.<br /> <br /> Je ne serais pas trop surpris de voir un retour de bâton dans quelques temps.<br /> <br /> Tiens, et puis comme c'est à la mode de fustiger actuellement les corporatismes (à raison), en voilà un beau de corporatisme: nos "élites" énarques, polytechniciennes, mineurs et autres. Si tu n'est pas du sérail, tu restes à la porte. Pfff, fatiguant, cette France engluée.<br /> <br /> GM
P
Personnellement, ça ne me choque pas qu'Anna s'insurge contre des choses qui sont moralement condamnables sans proposer d'alternative. Concernant la rémunération des patrons, il est clair pour tout le monde qu'elle n'est plus du tout en rapport avec le niveau de "performances" qu'il réalisent, enfin chez les "grands". Le problème est qu'on est allé beaucoup trop loin dans un sens pour pouvoir revenir dans l'autre, moralité, des gens comme Bouton ou Ghosn, puisqu'on en a parlé récemment, devraient être virés de leur boîte respective à coups de pompes dans l'arrière-train et remplacés immédiatement. C'est aussi simple que ça. Tant que les boîtes françaises ne se seront pas mises dans le crâne que recruter des énarques ou des polytechniciens pour des postes de très haut niveau, ça équivaut à recruter des handicapés mentaux kleptomanes, le schmilblick n'avancera pas d'un iota. Seuls les portefeuilles des intéressés continueront d'enfler, jusqu'à l'éclatement où... ils se contenteront d'en changer.<br /> :(
G
Et quand va-t-on va finir par les pendre, ces voyous de patrons, ces affameurs du prolétariat, ces mangeurs d'enfants, ces exploiteurs de travailleurs ?<br /> <br /> En dehors de la comparaison facile qui n'apporte rien au débat sinon une polémique stérile, quelles sont vos propositions, chère Anna ?<br /> <br /> Ayant fait une détour par votre blog, où je salue votre engagement et respecte vos convictions, hormis "il nous faut renverser le contexte politique et social, inverser le rapport de force entre classes sociales, pour plus d'égalité et de justice sociale", je ne vois pas très bien quelle(s) nouvelle(s) organisation(s) pratique(s) vous proposez. N'y voyez pas une attaque de ma part, seulement une interrogation.<br /> <br /> GM
A
D'après une enquête publiée le 12 février par le quotidien La Tribune, les grands patrons français gagnent 6,175 millions d'euros par an (chiffre médian). <br /> Cela représente tout de même 11 siècles de RMI, et 5 siècles de SMIC !<br /> <br /> http://egalite.over-blog.org/article-16648041.html
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