Grands patrons : moins ils vendent, plus ils gagnent
Article un peu énervant dans le Nouvel Obs. On y apprend que si le Français lambda, grâce aux efforts soutenus de Nicolas Sarkozy, a vu son pouvoir d'achat augmenter de, euh, -x% en seulement dix mois, les grands patrons ont vu, eux, leurs rémunérations s'envoler pour, disons, la dixième fois en dix ans, le mot "envol" n'étant d'ailleurs plus vraiment approprié puisque pour 2006-2007 on pourrait parler d'Explosion avec un grand "E".
"77% des principaux dirigeants d'entreprises françaises ont vu leur rémunération augmenter de 40% entre 2006 et 2007", précise le Nouvel Obs, "faisant des P-DG de l'Hexagone les patrons les mieux payés d'Europe".
Salaire moyen de nos amis golfeurs ? 6,175 millions d'euros (soit 40,5 millions de francs, ce qui équivaut à 3,38 millions de francs par mois, ou à la bagatelle de 160.000 frans par jour ouvré sur une base de 21 jours travaillés dans le mois).
Au top de la pyramide, selon Forbes, on retrouverait Carlos Ghosn (Renault), avec une rémunération globale qui doit maintenant dépasser les 45,5 millions de dollars par an (31,24 millions d'euros en prenant le taux de change actuel), loin devant le patron de l'Oréal, qui fait figure de simple employé à côté de Carlos avec un salaire dérisoire de seulement 19,30 millions de dollars annuels (13,25 millions d'euros).
Rémunération au mérite ? Ce serait le cas dans deux tiers des entreprises, disent des "analystes" dont on peut penser qu'ils serrent souvent la main des grands patrons, car dans le cas spécifique de Carlos Ghosn, on se trouve depuis de nombreux mois dans une sorte de mirage sarkozien qui risque de ne pas se terminer aussi bien que prévu (on l'assure depuis longtemps dans le Poliblog) : après avoir redressé Nissan qui se trouvait dans une situation difficile mais tout à fait incomparable avec celle de Renault en France, on est allé quérir Carlos pour remettre de l'ordre chez le constructeur français. Le malheur est que confronté à une situation qui n'avait rien à voir avec celle de Nissan, Carlos s'est bien vite montré nettement en-dessous du potentiel (incroyablement surévalué) qu'on lui avait prêté en termes d'aptitude à produire des résultats dignes de cette appellation. Conséquence, malgré des délocalisations massives et le lancement de modèles par Renault à l'étranger sur des marchés considérés comme porteurs (traduire "plus faciles pour Carlos"), Renault continue de se faire botter le cul à peu près partout, après avoir collectionné les chutes sur son propre marché intérieur où le prix des véhicules n'a jamais baissé, contrairement aux engagements inlassablement ressassés par les patrons du CAC pour justifier les délocalisations.
Aucune importance pour Carlos : après avoir mis Renault définitivement à genoux, et poussé au suicide on ne sait combien d'employés qui ont du mal à travailler plus, ses éconocroques lui permettront de couler des jours paisibles loin du monde bien ingrat de l'automobile, où quand on vous paie 45,5 millions de dollars par an, on s'imagine que vos loisirs vous laissent le temps de travailler !
Ils sont fous ces Français... Si naïfs, aussi, que ce serait vraiment bête de ne pas en profiter. Pas vrai, Carlos ?
UE : les grands dirigeants français sont les mieux payés
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/economie/20080212.OBS0067/ue__les_grands_pdg_francais_sont_les_mieux_payes.html
Automobile : Renault peine sur le marché indien
http://www.indeinfos.com/index.php?option=content&task=view&id=372&Itemid=26
Photo : Carlos Ghosn en plein boulot