Retraite à 70 ans : le nouvel exploit de la racaille parlementaire
Si des naïfs pensaient encore avoir des raisons d'en douter, le vote récent et on ne peut plus indigne, par une très large majorité de députés UMP (315 voix pour !), de la retraite à 70 ans sur la base du volontariat pour les non-fonctionnaires (déjà une première provocation), est un signe on ne peut plus tangible d'un avilissement perpétuel du débat politique, qu'une crise, providentielle pour Sarkozy et ses amis naufrageurs, aura permis de faire descendre jusque dans le caniveau.
Oser proposer, en effet, d'un côté la possibilité de travailler jusqu'à 70 ans sur la base du "volontariat" (une notion qui n'a tout simplement jamais existé en droit du travail, dont Gérard Filoche et une intervenante chef d'entreprise ont d'ailleurs démontré le caractère purement et simplement inepte dans une émission diffusée la semaine dernière sur BFM -la radio-), quand de l'autre, on tire un trait sur une légitime revalorisation du minimum vieillesse pour les couples de retraités a quelque chose de proprement scandaleux, a fortiori quand on sait que sur la totalité des emplois qu'elle créait déjà "avant" la crise (toujours à tours de bras, selon le gouvernement...), la France ne créait plus que... 2% d'emplois en CDI !
Quand on ajoute les heures supplémentaires qui, plus qu'un coup de frein, ont représenté un coup d'arrêt aux embauches dans des entreprises qui n'ont jamais licencié autant ni aussi vite qu'aujourd'hui, sans parler de la destruction du secteur de l'intérim, quand on ajoute aussi la tentative d'institutionnaliser le travail le dimanche, sans parler d'une immigration "choisie" qui, dans certains secteurs comme l'ingénierie informatique, n'a pas attendu l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy pour s'illustrer par des dérapages dont les médias omettent souvent de parler, on peut estimer, comme choisit de le faire Laurent Neumann dans le dernier numéro de Marianne, qu'on est confrontés à une véritable PROVOCATION.
Le tout, comme d'habitude, sans réaction digne de ce nom de l'opposition, bien trop occupée à se demander qui deviendra Premier secrétaire après le succès inattendu de Gogolène... Invité, d'ailleurs, pas plus tard que dimanche midi dans Dimanche Plus, Julien Dray s'est contenté d'y faire savoir que le cas échéant, si l'un des quatre devait devenir Premier secrétaire du Parti socialiste au cours du Congrès de Reims, il serait tout à fait prêt à soutenir Ségolène Royal, "ou" Bertrand Delanoë, "ou" Martine Aubry, "ou" même Benoît Hamon à la rigueur ! La crise ? Connaît pas. Les milliards aux banques ? Jamais entendu parler. Le chômage ? C'est bon pour les merdes qui ne font pas de politique. La retraite à 70 ans ? Il faut bien payer les retraites des députés (on imagine...) !
Du coup, on comprend mieux que Jean-Luc Mélenchon ait choisi de quitter le navire dit "socialiste"... Le seul navire, contrairement à tous les autres, sur lequel tous les rats se précipitent quand il achève de prendre l'eau !
Ils osent faire passer la retraite à 70 ans... (Gérard Filoche)
http://www.democratie-socialisme.org/spip.php?article1673
Deux Français sur trois ne veulent pas de la retraite à 70 ans (NDR : on s'en fout de ces larves, on ne leur a d'ailleurs pas demandé leur avis pour la voter à l'Assemblée)
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/deux-francais-sur-trois-ne-veulent-pas-de-la-retraite-a-70-ans/920/0/290405
Photo : Julien Dray dans quelques années ; il travaillera jusqu'à 70 ans, mais en faisant exactement la même chose qu'à l'Assemblée nationale.