Journée faste pour les fouille-merde
Aujourd'hui, peu de choses à dire sur l'actualité politique. La campagne a été presque totalement occultée par les incidents de la Gare du Nord. Les "journalistes" ont interrogé les politiques, espérant sans doute recueillir des réactions improvisées, maladroites, voire idiotes (c'est mieux), qu'ils se sont ensuite empressés de diffuser, quand ils ne les ont pas rapportées à d'autres candidats pour faire monter les enchères !!! Ce balai nauséabond a duré toute la journée et semble avoir mobilisé pas mal de monde et de moyens dans toutes les rédactions... Fouille-merde, c'est un métier qui demande un minimum d'organisation.
Et ils n'ont pas été déçus, aujourd'hui, les fouille-merde ! Chacun(e) y est allé de sa petite déclaration. La plupart des candidats se sont même exprimés sur le sujet plusieurs fois dans la journée, donnant d'abord leur avis, répondant ensuite aux attaques de l'un, puis à celles de l'autre, etc. Nous y aurons encore droit dès demain matin : pour l'ensemble de la gauche, les événements de la Gare du Nord sont à rapprocher d'un climat d'affrontement permanent, entre jeunes et forces de l'ordre, dont Nicolas Sarkozy (donc la droite) serait le seul responsable, et pour l'ensemble de la droite, qui ne s'interroge pas vraiment sur des phénomènes qu'elle ne juge pas utile d'expliquer, on a assisté à des comportements qui ne doivent pas être tolérés.
L'article de 20 minutes que vous pourrez lire en cliquant sur le lien en fin d'article est l'un des plus complets que j'ai pu trouver sur l'ensemble des événements à l'heure où j'écris ces lignes. Les chaînes-info ont annoncé dès la fin de l'après-midi que le nouveau ministre de l'Intérieur, François Baroin, aurait lui-même confirmé que le premier interpelé (pour cause de non-présentation d'un titre de transport qu'il n'avait pas, suivie semble-t-il de violences envers des agents de la RATP) était un homme en situation irrégulière (ressortissant congolais) déjà "connu très défavorablement des services de police" pour pas moins de vingt-deux affaires, toujours de violences physiques (mais celà reste à confirmer).
Il est quand même assez sidérant, quand on prend le temps d'y penser, le pouvoir des fouille-merde qui, en jetant volontairement de l'huile sur le feu, ont provoqué la diffusion quasiment en boucle des images d'émeute filmées hier soir dans la Gare du Nord pendant presque toute la journée ! L'incroyable publicité faite autour de cette deuxième affaire, après celle de la rue Rampal, pourrait bien constituer un signal pour certains qui se demandaient déjà si le moment n'est pas idéal pour organiser de nouvelles émeutes au niveau national.
A l'heure où beaucoup parlent de la nécessaire liberté de la presse, je pense de mon côté que les médias portent une très lourde responsabilité dans un climat que beaucoup préfèrent, par raccourci, attribuer au seul Nicolas Sarkozy. Je ne trouve pas sain du tout que les mêmes médias, dans leur ensemble, fassent autant de publicité à des voyous et à des casseurs qui cette fois-ci ne se sont pas rassemblés pour "libérer" une pseudo-victime, comme dans l'affaire de la rue Rampal, mais simplement pour défier la police, casser des vitrines et tout ce qui leur tombait sous la main et piller des magasins. Sarkozy les a appelés quelquefois des racailles, j'aurais plutôt tendance à les appeler des "excréments de la société", au sens d'individus vils, méprisables, et qui ne méritent rien de plus que ce qu'ils suscitent habituellement chez la majorité des citoyens : le rejet. Ce n'est d'ailleurs pas une coïncidence si le rejet est aussi à la base de tous les mouvements dits "extrêmes". Dans le cas présent, ce sont sans doute les partis d'extrême-gauche et d'extrême-droite qui tireront le plus parti de la situation.
Quant à l'influence des événements sur les scores de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy dans les sondages, je ne me fais aucune illusion : des événements comme la mise à sac de la Gare du Nord ne peuvent profiter qu'à Sarkozy. Je me souviens très bien de mes parents qui me racontaient qu'en allant dans le Loiret, en mai 1968, ils avaient croisé des voisins ruraux, qu'ils connaissaient, et qui étaient tous sidérés de les voir arriver... qui étaient surtout terrorisés : dans le fin fond du Loiret, en mai 68, les gens restaient scotchés devant leur poste de TV, en noir et blanc à l'époque, ou alors ils passaient la journée à-côté d'un poste de radio. Ils étaient persuadés que tout le monde s'entretuait dans les rues de la capitale, et que des flots de sang se déversaient dans les caniveaux. Ils avaient peur. Ils ne voulaient pas de çà chez eux.
Aujourd'hui, devant les mêmes images tournées dans la Gare du Nord, je pense aux mêmes ruraux pépères, qui même si nous sommes en 2007 doivent toujours avoir peur, et ne doivent toujours pas comprendre grand-chose à ce qu'il se passe dans les villes. Ceux-là ne voteront pas pour Ségolène, qui n'a pas pu s'empêcher de commencer par faire une déclaration anti-sarko, avant d'être finalement obligée une nouvelle fois de rectifier le tir en fin de journée (çà devient du quotidien).
Il ne faut pas trop le chercher, Sarko, dans ce genre de situations. A-propos de Ségolène qui parlait d'une nouvelle preuve de l'échec total de sa politique en tant que Ministre de l'Intérieur, le petit Nicolas a rapidement répondu : "Eh bien c'est clair : l'autorité et le respect, c'est de notre côté, la fraude et le soutien à la délinquance, c'est de l'autre côté"... Obligeant Ségolène Royal et le P.S. à se fendre d'une deuxième déclaration rectifiant la première. Trop tard (comme d'habitude).
Bravo les fouille-merde !!!