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Poliblog indépendant
27 mai 2007

Les vertus du safari

_l_phant_abattuJ'aime bien les commentaires comme celui de Gilbert dans le sujet précédent. Simples, voire volontairement simplistes, mais appelant un chat un chat et rappelant qu'il ne sert à rien de chercher des stratégies là où il n'y en a vraisemblablement pas, ou des issues de secours pour un parti socialiste qui se précipite toujours dans la pièce en flammes quand il y a le feu à la maison mais toujours sans couverture, sans extincteur et sans seau d'eau.

L'article du Nouvel Obs qui nous raconte le retour mou de Ségolène est pour moi un signe supplémentaire du désarroi au sein du parti socialiste auquel rien ne semble pouvoir mettre un terme à l'heure qu'il est.

Les événements continuent de donner raison à l'analyse de Marianne, qui constate avec détachement que le parti socialiste, sous l'impulsion de quelques philosophes, penseurs ou théoriciens à un centime d'Euro, en est arrivé à nier purement et simplement l'existence de "problèmes" d'actualité qui pourrissent la vie des Français et qui, pour cette seule raison, exigeraient que les socialistes prennent des positions fermes qu'ils se refusent toujours à adopter au nom d'un principe que certains diraient post-soixante-huitard, selon lequel les problèmes se résolvent quand on n'en parle pas... : tout ce que l'on nie finira bien par disparaître, et suivant le raisonnement inverse, tout ce que l'on invoque finira bien par arriver un jour, l'hypothèse supposant évidemment que ce soient d'autres qui fassent le boulot.

Au premier rang des sujets constamment évacués par le parti socialiste et sur lesquels les Français voulaient des réponses, quelles qu'elles soient, l'immigration et la criminalité. Nicolas Sarkozy a eu d'autant moins de mal à associer les deux thèmes que même sur cette démarche pour le moins critiquable d'association entre immigration et insécurité, le parti socialiste ne s'est exprimé que très mollement. Si mollement, même, que le candidat de l'UMP devenu président n'avait eu aucune difficulté, pendant la campagne, à développer l'idée selon laquelle le PS était "du côté des voyoux", sous-entendant par là-même que les socialistes étaient aussi du côté des clandestins, les deux populations qui parfois n'en font qu'une étant mises dans le même sac dans un raisonnement très réducteur comme aime à en conduire Sarkozy.

Réaction du PS ? Aucune. Ou alors si timide, s'exprimant par la voix inaudible d'une Ségolène Royal qui est incapable d'aligner trois mots sans faire une faute de syntaxe que personne ne l'a vraiment perçue.

Que l'on parle de ces sujets ou de n'importe quel autre, dans le discours pourtant, dans les promesses au moins, la politique et les politiques se doivent de proposer un minimum de concret. A ce sujet, l'article du Nouvel Obs nous rappelle qu'en la matière, le PS ne cherche même plus à vendre quoique ce soit en vue des élections législatives. Comme si la nuit précédant la bataille, on avait un peu discuté entre gens qui se parlent encore, réfléchi de son côté pour certains, avant que tous n'arrivent à la conclusion que l'on avait déjà perdu la bataille, que l'on choisisse de se lever le matin pour enfiler son treillis ou pas. Tout le monde a donc décidé de rester couché.

Dans le meilleur des cas, on dit qu'il faut s'opposer à Nicolas Sarkozy, mais la réalité est qu'un énième échec sera plus profitable au parti socialiste (en tout cas à ses Cadres) qu'une victoire, qui mettrait à nouveau le parti face à sa désunion et surtout, face à son inaptitude à proposer un quelconque projet politique.

Imposer l'idée qu'un échec collectif est devenu inévitable, même si tous font mine de s'insurger contre la défaite annoncée, permettra au moins à certains de se préparer à la douleur ressentie quand ils prendront du plomb dans l'aile dans leur circonscription. Le fait que l'échec était "déjà écrit" permettra aux autres, à ceux qui resteront députés, de se poser en fantassins qui ont vaillamment combattu et qui ont réussi à terrasser l'ennemi, alors même que 99% d'entre eux n'auront rien fait de particulier.

Les Ségo, DSK, Fabius, Dray, Lang, Montebourg, Emmanuelli, Peillon, Ayrault, Aubry, Mauroy... Absolument tous. Eléphants puant le cadavre, éléphanteaux cherchant à écraser les premiers par goût du pouvoir et de la promotion rapide, mammouths incontinents qui se contentent de déverser des hectolitres de matières dans les circonscriptions qui les verront mourir... tous ne sont que la partie émergée d'un iceberg politique qui a déjà coulé mais qui continue de penser, en dépit du bon sens le plus élémentaire, qu'à tout moment un paquebot de droite avec à son bord des vigies distraites pourrait lui foncer dessus. Mieux, dans l'esprit des socialistes le capitaine serait en train de faire bronzette sur le pont ou de faire un jogging sur le toît, inconscient de la menace qui guette. Au PS on a toujours été patient (et con), autant qu'une araignée condamnée à ne plus remuer une patte en attendant qu'une mouche vienne se prendre dans sa toile. Ca peut durer longtemps. Des années parfois. Et vu la vitesse à laquelle les icebergs fondent par les temps qui courent, le PS sera devenu un glaçon longtemps avant que la droite ne lui offre une occasion de reprendre des forces.

Pas grave. Iceberg ou glaçon, ceux que l'on peut déjà "voir" resteront à la surface, aussi longtemps que possible, et dans le même temps, personne ne pourra dire si les autres ont été assimilés par l'océan ou s'ils restent encore attachés à l'ensemble par un mince filet de matière, sous le niveau des eaux. Seul moyen d'en sortir, retourner l'iceberg, revenir dans des mers froides où la fonte serait moins rapide, mais il n'existe aucun dispositif pour manoeuvrer un iceberg. Tout est question de courants et de température.

Ségolène Royal n'est plus en voie de devenir un apôtre de l'immobilisme le plus complet, elle l'est déjà devenue. Hollandisée, comme tous les autres. Dernier tour de force d'un premier secrétaire qui aura largement contribué à transformer en réalité une philosophie également prônée par les DSK, Fabius et quelques autres, qui ont réussi l'exploit d'atteindre "leur" véritable objectif à l'insu de tous ceux qui n'ont rien compris : perdre est devenu pour eux le meilleur moyen de rester dans la course, le seul peut-être.

Ceux qui veulent autre chose devront le faire eux-mêmes, ailleurs ou en déclenchant un gigantesque safari.

http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/politique/elections_2007/20070527.OBS8889/segolene_royal_interpelle_ses_electeurs.html

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Commentaires
P
Un peu comme Bertrand, invité ce matin sur iTélé, qui ne peut pas s'empêcher dans une émission d'un quart d'heure de dire à chaque fois "qu'il faut être didactique", comme s'il s'adressait toujours à des demeurés...
G
Un cas vraiment à part, pas con mais supérieurement doué pour nous prendre pour des cons. J'ai rarement vu ça.
P
Un cas vraiment à part, pas con mais supérieurement doué pour en avoir l'air. J'ai rarement vu ça.
G
Ces quatre là, ont des excuses:<br /> Mauroy à beaucoup servi.<br /> Peillon n'est pas con.<br /> Montebourg non plus malgré sa grande gueule.<br /> Et Lang peut encore servir, il est tellement doué pour accrocher des médailles sur les poitrines gonflées d'orgueils des futurs chevalliers de l'ordre de la légion méritante de la patrie reconnaissance du pataquès que vous voulez.
P
On parlait des journalistes dans les commentaires d'un autre sujet, je suis sidéré de constater que personne ne trouve rien à redire au comportement ordinaire, déjà habituel de Sarkozy qui s'assied sur toutes les valeurs de la présidence et qui pète dessus, avec la bénédiction de celles et de ceux qui font partie de son équipe de gens "compétents" mais qui pour l'instant ne foutent rien, excepté participer à une stratégie de communication qui me donne le vertige quand je pense que les cinq ans qui viennent s'annoncent de la même manière. Si le PS voulait vraiment critiquer l'UMP, il pourrait pointer les allers-retours de Sarkozy au fort de Brégançon, la mise en place de tout un réseau dans les médias, etc. Mais ça demande un minimum de boulot et pour des gens comme Hollande qui sont habitués à travailler de 11 heures du matin à 11 heures 05...
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