Juppé raccroche son vélo
Il se dit aujourd'hui que contrairement à hier, où il arborait pourtant la mine solide de l'homme d'Etat de grande envergure qui ne se laisse pas abattre par un simple échec à une élection législative, Alain Juppé aurait le moral au fond des chaussettes : selon les journalistes, l'ex-numéro deux du gouvernement Fillon I ne digérerait pas d'avoir été battu par une socialiste de quatrième plan dans son fief de Bordeaux. C'est bien compréhensible, car Alain Juppé s'était vraiment ridiculisé en s'échinant à faire le guignol sur des vélos de gonzesse, aussi bien à Paris qu'à Bordeaux, s'imaginant peut-être sous une tonsure un peu trop chauffée par le soleil de juin que cela lui conférerait l'image d'un winner suractif-sportif-écolo (?)... Aujourd'hui, fini de pédaler, Juppé doit recommencer à ramer.
Mais son échec aux législatives n'est peut-être pas la seule explication au début de dépression d'Alain Juppé, car on ne connaît pas la teneur de l'entretien qui a eu lieu ce matin entre le président et le demi-chauve. Ce que l'on sait, c'est qu'Alain Juppé a perdu, donc qu'à présent il fait tâche dans l'équipe de Nicolas Sarkozy, un Nicolas Sarkozy qui a peut-être profité de l'occasion pour faire comprendre à Alain Juppé, comme on le fait avec un vieux chien malade que l'on veut faire piquer, qu'il n'avait accepté de le recueillir que par égards pour son prédécesseur, Jacques Chirac, l'adoption par Sarko du fils prodige du grand Jacques devenant caduque à partir du moment où Juppé a été battu à Bordeaux...
Plus de cheveux déjà, c'est moche, mais plus de boulot fastoche et plus de vélo gratoche... d'autres se sont pendus pour moins que ça.
Et puis en ce moment tout va mal pour le King bordelais de la petite reine... La justice continue d'enquêter sur les affaires des emplois fictifs du RPR et de la Mairie de Paris, affaires dans lequelles les deux noms qui reviennent le plus souvent en ce moment sont ceux de Jacques Chirac et d'Alain Juppé... privé justement d'immunité parlementaire pour cause de bourre-pif reçu au second tour des législatives.
Pas étonnant que l'on ait évoqué dès ce soir la possibilité de voir Alain Juppé repartir pour le Québec. Pour bouder peut-être, pour se faire oublier sûrement et qui sait, peut-être aussi pour se tirer une balle dans la bouche, dans la chambre sans âme d'un palace non-bordelais... On verra. On s'en fout. Après tout, Alain Juppé n'arrivera jamais à la cheville de Lady Di dans Paris-Match, alors qu'il se tire une balle dans la bouche ou qu'il s'étouffe avec des chamallows... Il n'y a guère que dans quelques troquets de Bordeaux que ça alimentera les conversations.