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Poliblog indépendant
8 juillet 2007

La machine

machine___vapeurEtrange spectacle que celui du Conseil national de l'UMP hier. Tout à coup, j'ai eu un sentiment confus, mal défini, comme celui que vous ressentez quand vous pensez que l'on est en train de vous mentir mais que vous n'en êtes pas sûr... Car tout ce qui se déroulait devant mes yeux semblait avoir fait l'objet d'un scénario pensé jusque dans les moindres détails : chaque intervenant avait son propre discours, chaque discours avait plus ou moins le même ton, voire le même contenu, et chaque intonation (ou ponctuation), aussi, paraissait issue des cogitations d'une même personne ou d'un même groupe de personnes. Comme si d'autres, en même temps que moi, regardaient les mêmes images et écoutaient les mêmes paroles, mais pas pour découvrir l'événement comme les autres, uniquement pour s'assurer que "leur" texte serait bien lu...

"Lu" est peut-être le mot qui convient le mieux car Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a eu un passage à vide pendant la lecture de son discours. Elle avait commencé à le lire d'une façon fluide et assez maîtrisée quand tout à coup, le blanc : Lagarde s'est trompée de mot. Elle a essayé de se reprendre mais n'y est pas arrivé. On a pu la voir essayer de s'y retrouver dans son texte mais sans y parvenir tout de suite, comme si elle était déstabilisée par la présence d'un passage qui aurait été entièrement réécrit sans qu'on ait pensé à l'avertir... Puis ça a recommencé. Lagarde a fini par retrouver où elle en était, a repris sa lecture, avant de buter sur un nouveau mot, trois mots plus loin ! Silence... flottements dans l'assistance et début de panique pour Lagarde, qui a semblé appeler au secours ceux qui se trouvaient à sa gauche (Raffarin, Devedjian, etc.), ces derniers lançant immédiatement une magnifique diversion en faisant mine d'applaudir un discours qu'ils trouvaient formidable ! Tant bien que mal, Lagarde a réussi à se sortir du bourbier, terminant presque son allocution avec le rythme du début, mais le mal était fait : on aurait dit qu'elle avait lu son texte rapidement, juste avant de passer à l'oral, comme quelqu'un qui récupère entre deux portes un document que l'on a écrit pour lui ou plutôt, "pour sa fonction", le rôle du destinataire se bornant à essayer d'incarner des idées qu'il va faire mine de développer devant tous, mais qui ne sont pas forcément les siennes.

Réduire le Conseil national de l'UMP à cet épisode "curieux", pour le moins, ne serait pas rendre justice à un événement qui, dans l'ensemble, a permis de dévoiler et même de faire étalage du point auquel la machine UMP ou gouvernementale (car on ne sait plus très bien de laquelle il s'agit) est bien réglée : les idées convergent, se recoupent même, s'imbriquent, sont inlassablement répétées d'une façon à peine différente par tous jusqu'à ce que le spectateur, emporté par le flot, finisse par se persuader que ce qu'on lui a dit ne peut être que l'expression de la plus pure vérité.

Du très bon boulot de communication. Tout est huilé, tout tourne, tant et si bien qu'on n'entend pas le plus petit bruit de grincement, ni même de frottement. Un peu comme quand je faisais du VTT. Une fois par semaine, nettoyage de la chaîne, vérification du réglage des dérailleurs, nettoyage des galets... Faire tourner la roue et écouter, jusqu'à ce que l'on n'entende plus que le "chant" de l'air, haché par les rayons d'une roue qui doit tourner sans émettre aucun bruit. Du travail d'horloger, d'artiste presque, mais quand on sort une heure par jour en forêt, c'est le prix à payer pour ne pas péter la chaîne au premier coup de pédale un peu violent. Une vilaine cicatrice me rappelle, encore aujourd'hui, que je n'ai pas toujours été assez attentif de ce côté-là : dès que l'on parle d'entretien de la mécanique, le moindre relâchement se traduit par une sanction immédiate. Saignante, parfois.

Même chose à l'UMP. Tout cela sentait vraiment la mécanique. Un coup de clé par-ci, un coup de tournevis par-là... Et à la place des mollets, les Fillon, les Lagarde et autres, auxquels on dit d'aller d'un point A à un point B sans s'écarter d'un itinéraire qui a déjà été tracé pour eux, la fâmeuse "feuille de route", celui ou celle qui se serait tenté de s'en écarter sachant bien qu'il courrait le risque de ne pas refaire de vélo de sitôt.

On passe sur les détails qui participent de l'arrosage constant de la foule avec un gigantesque canon de poudre aux yeux : tout le monde s'aime, tout le monde sourit et se tutoie, on se mobilise entre jeunes et moins jeunes, tous suractifs et engagés, pour défendre des projets qui vont permettre de remettre la France sur les rails de la réussite, c'est certain ! C'est même promis ! L'un des mots les plus prononcés par François Fillon ? "Nicolas". Le nouveau nom de Raffarin ? "Jean-Pierre". Et celui de Devedjian, qui dégaine des mots comme "salope" avec autant de rapidité que le président dégaine celui de "connard" ? Patrick. Comme Bruel, sauf que quand Devedjian chante, les petites culottes ne se mouillent pas.

A la fin du Conseil, j'ai la désagréable impression que les téléspectateurs et spectateurs, sur place, ont été pris pour des demeurés. La machine tourne trop bien pour ne pas cacher quelque mécanisme secret, quelques mécaniciens qui dans l'ombre, burette à la main, passent leur temps à arroser les rouages pour que rien ne grippe jamais. Pas Sarkozy, pas Fillon, aucun de ceux qui étaient présents sans doute. Les vrais "penseurs" du gouvernement, ceux qui tirent les fils d'un Sarkozy qui ne semble plus pouvoir se passer d'eux, n'étaient probablement pas là.

Président, gouvernement, UMP... tout fonctionne avec une télécommande très ordinaire, équipée d'une quantité normale de  boutons : "travailler plus", "TVA sociale", "heures supp.", "fiers d'être Français", etc. Pour faire parler Lagarde, on appuie sur le 4, puis on change de thème en pressant un bouton de la partie inférieure. Ensuite on zappe sur une autre chaîne, jusqu'à ce que le message soit passé dix fois dans son intégralité, comme dans les pubs pour les pansements...

Il y a, il doit forcément y avoir une notice de fonctionnement derrière tout ça. C'est le sentiment que j'ai eu, alors j'ai travaillé sur cette question. On en reparlera.

L'UMP adopte une direction collégiale (fausse info de la journée)
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20070708.OBS5582/lump_adopte_une_direction_collegiale.html

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Commentaires
G
le seul truc de bien avec sarkozy, c'ewst qu'on aura un ump.... à l'américaine
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