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Poliblog indépendant
1 août 2007

Vélo, biscottos, EPO, etc.

Lucien_Petit_BretonA la demande de mimi, un petit sujet sur le panorama mondial des techniques de dopage pour les sportifs Tour de France, perturbé cette année par un nombre finalement "normal" d'affaires de dopage, auxquelles la presse a curieusement choisi de donner un retentissement jamais vu au cours des années précédentes...

J'ai suivi tout ça de loin. Je ne regarde plus le Tour de France, symbole pour moi de toutes ces épreuves "qui ont existé", mais qui ne représentent plus rien depuis que les intérêts des sponsors et la rémunération de ceux qui portent leurs couleurs régissent l'ensemble des événements sportifs d'une certaine envergure au niveau mondial.

Il y a plusieurs années déjà, j'avais commencé à m'étonner, à m'interroger même : les Bernard Hinault, les Laurent Fignon, les Pedro Delgado d'autrefois, bâtis comme des bûcherons, commençaient à céder la place à une nouvelle "race" de coureurs, d'apparence étrange... ne collant pas. Les muscles de Hinault qui pétaient dans ses cuissards, la sueur sur le front de Fignon qui coulait comme l'eau d'une fontaine, les rictus de douleur de Delgado en plein effort... Petit à petit, tout cela avait disparu. Remplacé par la peau lisse et sans couleurs de créatures imberbes, filiformes, semblant parfois dépourvues de muscles et qui pédalaient pourtant quatre fois plus vite que leurs aînés, avec une facilité qui ne cessait de déconcerter plus d'un ancien passionné du "Tour" et plus d'un pratiquant de vélo.

Bernard_Hinault

C'est un fait, pour faire avancer un vélo il faut pédaler, et pour pédaler il faut avoir des guiboles ! Au moins. En témoignent les photos qui illustrent ce texte (Hinault, puis Fignon dans le paragraphe suivant et pour finir, Pedro Delgado), images issues d'un autre temps, et que je ne tenterai même pas d'accoler à des photos de coureurs ayant participé au Tour en 2007, de peur que tout le monde ne se rende à ce qui m'apparaît comme une triste évidence : physiologiquement, il est impossible à des gabarits de crevettes comme certains coureurs qui ont trusté les premières places du Tour de France en 2007 de réaliser des exploits seulement comparables à ceux qui ont été accomplis autrefois par les Hinault, Fignon ou Delgado... Les muscles qui rentrent à peine dans les maillots sont là pour le prouver. Des muscles, pourtant, que personne ne s'étonne de ne même pas voir se dessiner sur les bras d'un Landis (vainqueur en 2006, contrôlé positif à l'EPO) ou d'un Rasmussen (dit... "pattes de poulet"), et que l'on devine à peine davantage sur les jambes d'un Contador (vainqueur du Tour en 2007) !

Laurent_Fignon

Rien à voir avec Hinault, rien à voir, non plus, avec Fignon, ceux qui suivaient le Tour "avant" se rappelant peut-être que Laurent Fignon n'était pourtant pas un coureur particulièrement balèze pour l'époque ! Pourtant les muscles étaient là, et on les voyait travailler ! Nul doute que si, à l'époque (disons jusqu'en 1990), on avait vu débouler sur la ligne de départ un Rasmussen avec sa tête de cancéreux en phase terminale et son corps en forme de bâton d'allumette, Fignon ou un autre lui aurait cassé les deux jambes comme des brindilles, voulant protéger pattes de poulet parce qu'il aurait été certain que "l'anormal" allait mourir sur le Tour ! En 2007, personne ne s'inquiète. Personne ne trouve que quelque chose cloche... Tous ont fait semblant de s'habituer. Semblant d'oublier, aussi, que pour qu'un coureur puisse courir, il doit avoir des muscles, tout simplement.

Pedro_Delgado

Où sont-ils passés, ces muscles que l'on voyait avant au point de pouvoir presque les toucher ? La première réponse qui me vient à l'esprit est que si on ne les voit plus du tout, c'est peut-être parce qu'on n'a plus du tout besoin d'eux : EPO, transfusion dite "homologue" (où le coureur reçoit un sang de même groupe mais plus chargé en oxygène -idéalement le sien-, qui a été prélevé plus tôt et conservé pour être réinjecté plus tard quand le coureur a besoin d'oxygène), corticoïdes, anabolisants, testostérone, hormone de croissance, médicaments "limite" prescrits dans le cadre de traitements qui tombent souvent à pic pour les cyclistes... Tous les moyens sont bons pour pallier l'absence du vrai, du seul carburant qui est totalement tombé dans l'oubli : le sucre (!). Qui nourrit le muscle.

mimi me demande ce que je pense de tout ça, je dois avouer que je ne sais pas trop...

Simplement, j'assiste avec un certain étonnement (pour ne pas dire un étonnement certain) à des événements qui sont passés un peu inaperçus sur le Tour 2007, comme la chute rapide et dramatique (suspecte, pour tout dire) de performances de Christophe Moreau (équipe AG2R), à partir du moment où les médias ont commencé à le présenter comme un vainqueur potentiel du Tour (risquant fort d'être soumis tôt ou tard à un contrôle antidopage particulièrement poussé) : curieux...

Je m'étonne aussi de la rapidité avec laquelle Rasmussen a quitté le territoire français, avant qu'une cinquantaine de gendarmes se mettent à fouiller l'hôtel dans lequel son équipe était descendue du plafond jusqu'au local-poubelle où, toujours curieusement, on n'a même pas pu retrouver un emballage de chewing-gum à la fraise. Du jamais vu (pourtant on l'a vu cette année).

Je m'étonne, encore, du fonctionnement et des rapports tout simplement rocambolesques entre l'UCI et la société organisatrice du Tour, chacune rejetant systématiquement sur l'autre des fautes avérées (quand elles n'ont pas été intentionnelles) ou des erreurs qui relèvent de la responsabilité de tous... A qui est censée profiter cette pièce de théâtre ?

Tout cela n'est pas très important à vrai dire. La chose la plus sensée que je pourrais dire à mimi, au fond, c'est que si j'étais "gaulé" comme Floyd Landis, comme Michael Rasmussen ou comme Alberto Contador, j'aurais sans doute choisi une activité professionnelle plus en rapport avec mes capacités physiques que le cyclisme ! Quelque chose comme le décollage d'affiches (en passant derrière) ou l'ouverture de portes (en me glissant dans la fente).

Pas vous ?


A lire aussi si vous achetez Marianne : dans le numéro de cette semaine, page 9, un article court mais à lire absolument sur les non-dits qui fâchent dans le milieu du cyclisme : coureurs chétifs au point d'en paraître malades, règne de l'argent qui tue l'esprit "sportif", invasion aussi de tous les milieux par ce que je pourrais appeler du "sport consommable", etc.

A lire aussi mais cette fois-ci pour se marrer, les récits des Tours à l'époque où les coureurs ne marchaient qu'à l'eau et au vin rouge : le Tour de France n'a pas toujours été un vulgaire outil de communication pour les banques et pour les assureurs. Voir notamment l'"anecdote croustillante", lisible en bas de page ici : http://users.skynet.be/lenetducyclisme/1907.htm

Photo d'en-tête : Lucien Petit-Breton, première vraie légende du cyclisme français qui mourut dans un accident d'auto sur le front en 1917. Pas comme Landis ou Rasmussen, qui mourront probablement à cause d'un deuxième sexe qui leur poussera ou parce qu'ils auront commis la folie de respirer un jour leur urine...

P.-S. (pour mimi) : toujours pas de commentaires dans le blog d'Alain Ayache, mais pour moi c'est plutôt une bonne nouvelle : ça lui apprendra à traiter les gens comme des merdes ! Car je peux parler un peu de l'extrême impolitesse d'Alain Ayache, pour l'avoir personnellement expérimentée alors que je n'étais qu'un jeune étudiant en commerce à la recherche d'un stage dans la presse magazine. A une époque où j'avais déjà de solides compétences en marketing-titre, j'ai proposé à Alain Ayache de travailler (quasiment gratuitement en plus) sur le titre "Réponse à tout" : étude de lectorat, analyse de la diffusion, réimplantation du titre, étude du cycle de vie du produit, conception d'argumentaires de vente avec modules de réponses aux objections pour les chefs de pub... Je savais déjà faire plein de trucs, et ce gros bourrin dénué de tout raffinement qu'est Alain Ayache (pour rester poli) m'a envoyé chier en m'insultant presque parce que j'avais réussi... à l'avoir au téléphone ! Il se prenait pour Dieu, le mec ! (Gros con)

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Commentaires
P
Pas si difficile que ça en a l'air Gilbert. Il suffit de tout faire dans une pièce fermée, qui puisse se nettoyer au jet d'eau. Les contrôles, les analyses, et sitôt les résultats connus on demande à chaque coureur qui a été pris la main dans le sac à seringues de placer un testicule sous la fourchette du dérailleur avant, là où la chaîne passe. Ensuite, on tourne violemment la manivelle jusqu'à ce que la roue arrière ait effectué un tour complet, puis on explique au tricheur que si on le chope une deuxième fois, on fera la même chose avec le testicule restant. Après tout ça, un coup de jet d'eau, et on informe les journalistes qui attendent dehors qu'un coureur s'est "encore" blessé aux parties génitales en tombant sur un stylo qui passait par là. Et là mon ami, tu verras ! Je te garantis qu'il n'y aura plus jamais de dopage ! Pas avant 2032, ou quelque chose comme ça. :)
P
Ca me donne presque envie de retirer le post-scriptum... Après tout, sait-on jamais ? Et puis depuis le temps, j'en ai rencontré d'autres, des Ayache (on marche presque dessus) ! N'empêche... Ce type fait partie des gens que je n'oublierai jamais, car une chose en entraînant une autre, qui sait où j'en serais aujourd'hui si Ayache m'avait permis, moyennant des queues de cerises (qqch comme 300 francs dans la convention de stage de l'époque pour un mois de boulot à temps plein !), de faire un boulot pour lequel j'étais loin d'être le plus mauvais ? Quand je pense que Marie Drucker a plus ou moins débuté chez lui, ça me fout encore plus la haine (surtout quand on voit ensuite la trajectoire hallucinante qui a conduit Marie D. à la présentation du JT de France 3). Qu'est-ce que vous voulez, ma bonne dame, y'a plus de règles... Et il n'est pas toujours bon d'en chercher chez ceux qui se posent en champions de la morale. :(
O
Plus sérieusement... ya de quoi se marrer !<br /> Comment peut-on imaginer qu'ils vont arrêter de se doper, alors que la seule valeur morale qui reste à "l'occident" c'est le fric.<br /> <br /> @kimbauer77,<br /> Mon copain Coluche se servait du fric pour ses passions et aider ses amis, mais il n'avait pas un QI d'huitre comme la pluspart de nos "élites" politiques et médiatiques dont CIORAN, un "maître à penser" de Michel et de bibi, aurait dit:<br /> "Il y a des gens si bêtes, que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude." <br /> <br /> Plus on est con, plus on à besoin de fric pour être heureux, les cycliste, de toute évidences ne sont pas des "sages" et la presse, comme les exemples de corruption aux plus hauts niveaux de l'état, ne les aide pas à le devenir !
M
Et zut !!!!<br /> J'allais mettre en commentaire chez Ayache un lien pour qu'il aille voir votre blog et apprécie la façon pertinente avec laquelle vous traitiez le sujet afin qu'il se dise : "ma qué que ce Pascal écrit bien, je vais l'engager !"<br /> <br /> Eh be ! C'est foutu avec le post-scriptum en italique lol
M
Je viens de poster sous l'article où tu as mis ta photo!
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