C'est officiel désormais : Bernard Thibault roule pour Sarkozy
Une nouvelle fois, on est plus que tenté de se demander si le patron de la CGT ne roulerait pas pour Nicolas Sarkozy et pour le gouvernement Fillon : toujours parmi les tous premiers à baisser son froc en cas de conflit alors que la grève, cette fois-ci, mobilisait un nombre élevé d'agents et promettait donc de pouvoir devenir un succès relatif, Bernard Thibault a proposé au gouvernement des réunions tripartites réunissant entreprises, syndicats et représentants de l'Etat... entreprise par entreprise ! L'idéal pour "casser" la grève, et pour faire rentrer tout le monde au dépôt ou sur les rails. Par la voix de Xavier Bertrand, le gouvernement ne s'est d'ailleurs pas fait prier pour accepter la proposition sidérante de Thibault, qui va lui permettre de rendre en quelque sorte illégitime une éventuelle poursuite de la grève et qui ne changera strictement rien à ses projets initiaux : sur les principales mesures de la réforme des régimes spéciaux, tous ceux qui interviennent au nom de la Sarko's team ont clairement laissé entendre que rien ne serait négocié.
La seule chose qui aura changé, finalement, c'est que ce "rien" ne sera pas négocié sur une durée maximum d'un mois, les débats promettant d'être d'autant plus inutiles que chaque branche d'un syndicat, quel qu'il soit, pèsera beaucoup moins lourd que le syndicat lui-même dans les discussions qui auront lieu (alors qu'on pouvait penser que ledit syndicat en entier resterait dans la rue, du moins jusqu'à l'intervention pieds dans le platesque de Thibault...).
Cerise sur le gâteau, pour un gouvernement qui sait désormais qu'il peut compter sur Bernard Thibault pour briser de prochaines grèves, pour chaque syndicat il sera beaucoup plus difficile de réunir ses différentes branches dans un mois, après que celles-ci aient toutes tenté de négocier quelque chose dans leur coin sans pour autant obtenir quoique ce soit de tangible :
Dis, Bernard, tu bouffes à l'Elysée ce midi ?
(On comprend mieux la "rage" d'un certain nombre de militants, excédés, qui songeaient déjà hier soir à déborder leur hiérarchie...)
Régimes spéciaux : dialogue de sourds entre le gouvernement et les syndicats
(Nouvel Obs)