Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Poliblog indépendant
20 mars 2008

Chantal Sébire s'évade. Définitivement.

aigleElle avait cru que lancer un appel aux mondes médical, journalistique ou politique pourrait lui permettre de partir dans la dignité en étant entourée des siens, Chantal Sébire a pu vérifier pendant toute la journée d'hier que la principale caractéristique de ceux qui s'expriment ou qui ont le pouvoir de trancher dans des cas comme le sien est que personne n'était véritablement soucieux, et encore moins pressé, de se glisser dans son cauchemar quotidien...

Face au drame de Chatal Sébire qui exigeait une réponse rapide, voire immédiate, on a franchouillé, discouru, palabré, pour finir par décréter qu'on devait encore longuement discourir et palabrer, la parlote, parfois, débouchant sur une prise de décision.

Fatiguée et souffrant sans doute terriblement, la patiente a finalement choisi de mettre elle-même un terme à la polémique. D'après les premières constatations effectuées hier à son domicile, où l'on a retrouvé son corps sans vie aux environs de 19h30, l'ancienne enseignante se serait donné la mort en absorbant des médicaments. Une façon de partir peu conforme à son souhait d'origine, mais que ceux qui connaissent la "vraie" souffrance physique et morale comprendront mieux que d'autres, la douleur n'étant une construction de l'esprit que chez ceux qui n'arrivent pas à la soigner, ou chez ceux qui refusent de la prendre en compte.

Un petit geste pour une patiente, aucun pas pour l'Humanité.

Chantal Sébire retrouvée morte chez elle
http://www.ouest-france.fr/Chantal-Sebire-retrouvee-morte-chez-elle-/re/actuDet/actu_3636-598353------_actu.html

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Je n'ai pas de problème particulier avec le suicide Aniketos, comme tout le monde je pense j'ai connu directement ou indirectement des gens qui ont mis fin à leurs jours pour toutes sortes de "raisons", pour reprendre la manie étrange qu'ont ceux qui restent de vouloir toujours expliquer des choses qui n'ont pas nécessairement besoin de l'être... Disons que quand ce n'est pas de "toi" que l'on parle, cela évoque pour la collectivité une sorte de gâchis ou d'échec, même si je comprends parfaitement ta position quand tu parles en employant le "on" ou le "nous". Je pense au vide créé chez les proches, aussi, qui quand un des leurs se donne la mort réalisent qu'il occupait "une place" (si si), qu'ils ont pu le négliger : pas pour rien, sans doute, si parmi les gens qui se suicident on trouve une quantité non négligeable des gens qui pensaient ne pas avoir de place, comme un chien qui n'a pas son panier... Je repense aussi à des émissions de TV que j'ai vues, et qui m'ont rappelé ma propre histoire, avec des parents qui sans le savoir ont souvent été des spécialistes de niveau mondial en matière de maltraitance affective, bien plus destructrice, enfin c'est mon impression, que les coups de ceinturon , les coups de bâton ou les baffes dans la gueule... J'ai vu des parents criminels laissés en liberté, emmener leurs gosses "perturbés" (et pour cause) consulter des psys (en plus !) sans que ceux-ci aient seulement la compétence ou l'embryon d'humanité nécessaires pour cerner la vraie nature des prétendus problèmes des ados qu'on leur confiait... Tout ça me fait bondir en général, le genre de constats qui me font parfois penser que je me suis totalement trompé de voie, sur le plan professionnel, car finalement il n'y a pas tellement de différences entre un bon manager, à savoir d'abord quelqu'un d'humain, mais payé pour obtenir des résultats qui se traduisent en espèces sonnantes et trébuchantes, et un bon psy, choloque, chiatre ou chanalyste, qui lui se fait payer pour remettre de l'ordre dans des situations que d'autres, parfois, ont tout fait pour rendre insupportables. Si on n'était pas dans un blog politique, j'aimerais bien approfondir sur l'affaire Sébire par exemple. On dit aujourd'hui, après l'avoir finalement autopsiée contre l'avis de ses proches, que la piste d'un décès liés à des causes "naturelles" serait plausible, chose à laquelle, pour tout dire, j'ai pensé dès que j'ai appris la nouvelle... La contrariété, forcément énorme, due à la réponse de la justice a pu suffire à déclencher un processus que ses proches ont dû redouter, tout en l'espérant peut-être. On connaît l'influence de l'esprit sur le corps, souvent beaucoup plus efficace dans le mauvais sens que l'inverse. Bref, on pourrait en parler pendant des lustres, mon opinion est que le suicide est surtout considéré comme un échec ou une perte par une société (typiquement sarkozyenne, en passant) qui ne "sait pas" tendre la main à ceux qui en ont besoin, les choses devenant plus complexes encore quand on admet qu'il existe des cas dans lesquels les intéressé(e)s ne souhaitent recevoir aucune aide, une autre vérité que beaucoup refusent d'admettre au nom d'une pseudo-morale collective qui les pousse (c'est plus fort qu'eux) à toujours avoir leur mot à dire sur tout, avant de s'apercevoir qu'ils couper le baobab que l'on a dans chaque main pour, concrètement, faire quelque chose qui serait cohérent avec ce que les mêmes voient comme une philosophie qui leur est toujours, forcément, personnelle... La connerie humaine et les problèmes d'ego... Ce sont eux qui viendront à bout de notre (fin de) race. C'est tellement gratifiant d'être toujours mieux, meilleur, plus humain que tout le monde, à commencer par les pauvres hères "spirituels" qui n'ont pas atteint une niveau de clairvoyance aussi élevés que les donneurs de leçons... Bah, pour la petite histoire, étant surefficient de mon côté, j'ai fréquenté à une certaine époque un site consacré à cette, disons, particularité, que beaucoup vivent et ressentent au quotidien comme un handicap, parfois inssuportable, ne s'intéressant vraiment à rien parce qu'ils s'intéressent à tout, se cachant en permanence de peur d'être exclus des milieux dans lesquels ils évoluent, sombrant parfois dans la maniaco-dépression ou les troubles psychiatriques qui leur permettent d'atteindre une forme d'isolement dans lequel ils n'ont plus à justifier du peu d'intérêt qu'ils éprouvent (enfin certains) pour des semblables auxquels ils ne parviennent pas à trouver le moindre intérêt... "Rigolo", si je puis dire, en tout cas ça m'a frappé de constater que les gens les plus humains que l'on puisse trouver sur terre, jusqu'à ce que j'en trouve d'autres en tout cas, sont souvent des surefficients maltraités par une société qui a vite fait de les traiter comme des monstres de foire... Condamnés à vivoter, jusqu'à la mort, dans un monde dans lequel ils se sentent toujours seuls, un peu comme des fins de race qui pensent n'avoir guère de chance de rencontrer un jour un de leurs "semblables", même si bon nombre arrivent malgré des embuches (certains les collectionnent) à se construire des vies qui ont toute les apparences de la fameuse "normalité"... Suicide, mal-être, douleurs psychologiques encore plus intolérables que celles que le commun des mortels préfère appeler les "vraies"... On pourrait faire un blog entier sur le sujet, et en parler ne me pose rigoureusement aucun problème. D'une certaine manière, l'affaire Sébire rappelle d'ailleurs à quel point on ne veut pas avancer d'un iota sur tous ces sujets. Peut-être parce qu'ils touchent plus à l'intime qu'autre chose, et qu'au nom du fonctionnement qu'on a voulu donner à la, forcément bonne, société, chacun doit y être inféodé, qu'il le veuille ou non... mais peut crever la gueule ouverte sans que cela ne choque personne ou presque quand il a besoin que ladite "société" lui vienne en aide. Sur les méthodes de suicide proprement dites, rien de spécial à dire. Chacun peut mettre fin à son aventure terrestre sans (trop de) violence en faisant une surdose d'antidouleurs basiques vendus librement dans toutes les pharmacie. On se couche le soir et on ne se réveille pas. C'est tout. J'avoue, toutefois, que mes compétences sur le sujet sont limitées, moi je serais plutôt dans une phase où malgré une vie de merde, j'essaie de toujours trouver des raisons, sans toujours y arriver d'ailleurs, de ne pas plonger alors que beaucoup de choses pourraient m'y inciter... Le chômdu, les problèmes de santé qui font de ma vie un enfer à même pas 40 piges, la surefficience, beaucoup plus difficile à supporter qu'on croit, sans parler des mentalités, de la parodie grotesque qu'est devenu un monde dans lequel on voit des Sarkozy et consorts engraisser sur le dos de la collectivité en massacrant les "vraies" vies de leurs concitoyens... Si j'ai choisi la politique comme sujet de départ, quand j'y réfléchis, c'est peut-être parce que cet univers, pas plus particulier mais beaucoup plus destructeur et gerbant que d'autres, me paraît plus souvent que d'autres très lointain, incroyable, outrancier, ridicule, pathétique... Un peu à l'image de ce qu'est devenu un monde dans lequel on laisse les Chantal Sébire aller au bout de leurs souffrances, en se contentant de les filmer en gros plan comme des curiosités dignes de figurer dans le musée Dupuytren (une visite conseillée à ceux qui ont de vrais problèmes avec la notion d'"être humain"), avant ensuite de se réveiller devant les désastres qu'on a créés en se disant sans jamais se regarder dans le blanc des yeux : "non, quand même, ce n'est pas bien ce que nous avons fait"... Parce qu'on n'a jamais le courage de se dire qu'on est collectivement des ordures. Puis on passe à autre chose, qui fait vendre plus de papelard, qui fait encore plus de mal aux gens ou qui leur donne envie de prendre encore plus de photos des images qu'ils voient défiler dans le poste, pour se les envoyer par SMS ou les inclure dans leur galerie de monstres personnels pour laquelle les plus tordus créent un répertoire spécial sur leur ordi... Bref, tu ne me mets pas mal à l'aise, c'est le monde qui me met mal à l'aise et, pour en revenir au côté blog politique, les parasites comme Nicolas Sarkozy, Carla, Jacques (Séguéla) et autres, qu'on devrait "terminer", de la même manière qu'on le fait dans une certaine série de films d'anticipation... Le monde qui n'existe pas encore parce qu'"ils" existent ne s'en porterait que mieux. Débarrassé de ses vrais monstres en quelque sorte.<br /> <br /> :(
A
... je t'ai foutu mal à l'aise avec mes sorties colériques et auto-destructrices assumées... non ?<br /> Si, si... je le sens...<br /> Va falloir que tu t'y fasses, mon grand.<br /> Le suicide n'est pas forcément un échec ni une perte.<br /> Ce peut être un sens. Vraiment.<br /> Mais en attendant, rien ne t'interdit d'acheter (ou de te faire acheter pour ton anniversaire comme moi en avril), le dernier Noam Chomsky...<br /> Sauf qu'il faudrait arrêter de hurler après ceux qui décident d'en finir gentiment, cool, tranquillement, sans faire de bruit... juste parce que trop c'est trop...<br /> Pitié ! Qu'on nous foute la paix et qu'on nous file un coup de main plutôt que nous obliger à des expédients violents, le flingue, la corde, la noyade,le gaz, que sais-je...<br /> On vous demande juste de nous foutre la paix et de nous accorder les moyens simples de finir proprement.<br /> Pas la lune, quoi !
P
Y'en a marre à la fin quoi, bouse ! Et puis ce procureur, même pas foutu de décider en une journée s'il doit y avoir autopsie ou pas... C'est dire à quel point le malaise ressenti par certains autour de la question est loin d'être terminé.
A
... oui, mille fois oui, je peux être chiante, un vrai clou dans la godasse... pire même !<br /> Mais je n'en démords pas, le suicide (sans qu'il soit obligatoire de l'affubler d'oripeaux socratiques pour faire passer la pilule d'un choix intime pour un acte philosophiquement signifiant), n'est jamais qu'une affaire ultimement intime.<br /> <br /> Qu'on ne l'accepte pas dans nos sociétés dédiées à la "production" n'est pas franchement étonnant.<br /> Juste, qu'on cesse de polluer un débat crucial avec des bondieuseries ridicules, de fausses considérations morales.<br /> Qu'on laisse enfin la parole aux suicidaires.<br /> Le pourquoi, tranquillement.<br /> Le comment, tranquillement aussi si notre société de merde cesse enfin de régimenter un domaine qui la dépasse pour se cantonner à ses domaines régaliens.<br /> Le processus d'auto-destruction peut être infiniment complexe, infiniment léger comme infiniment profond.<br /> Mais quel qu'il soit, la dernière chose dont il a besoin, c'est d'un jugement moral à la con.
A
... assombrir le propos mais je commence à en avoir ras-la-casquette des vieilles lunes sur "les critères" acceptables pour choisir sa fin.<br /> De deux choses l'une. <br /> Soit on est maître de sa destinée, soit on ne l'est pas et elle ne nous appartient pas (concept judéo-chrétien à la con).<br /> Que ce soit dans l'antiquité grecque ou romaine, le suicide ne supportait pas tant d'opprobres. Certes, il était aussi une contrainte politique (voir Cicéron, Socrate ou d'autres) du genre à remplacer l'exécution publique. <br /> Certes.<br /> Mais de là à être devenu une quasi hérésie passible de tous les châtiments, susceptible de toutes les condamnations morales, il y a un gouffre de "non-civilisation" qu'on n'est pas prêts de dépasser.<br /> Voilà t'y pas qu'on glose à l'infini pour savoir si cette pauvre Chantal était "suffisamment" au bout du rouleau pour avoir le droit de mourir...<br /> Mais je les emmerde ! Velu !<br /> La Chantal, c'était à elle et à elle seule de décider de ce qu'elle voulait faire de sa vie, la terminer ou non.<br /> Et qu'elle soit atteinte d'une maladie ne change rien à l'affaire à mon sens.<br /> On peut très bien ne souffrir d'aucune affection dite médicale et estimer qu'on n'a plus rien à faire sur cette terre. Que les collatéraux ne soient pas d'accord n'y changent rien : collatéraux ou pas, ce n'est PAS leur vie.<br /> Tant qu'on ne comprendra pas et qu'on n'acceptera pas que la vie d'un être humain lui appartient en propre et qu'il est inhumain de lui refuser un moyen sûr et sans douleur d'en finir avec l'insupportable, on vivra dans une forme de barbarie.<br /> Pousser quelqu'un à s'arracher la gueule d'une balle dans la tronche parce qu'il n'aura d'autre solution, hormis celle de gigoter au bout d'une corde, pour mettre fin à une souffrance que personne d'autre hormis lui(ou elle) ne peut quantifier, évaluer, peser, ressentir, c'est une hypocrisie sans bornes.<br /> Et vive l'AMD qui se bat depuis des décennies pour qu'on cesse de régenter notre libre-arbitre à vivre ou à mourir, comme si ça regardait de quelque façon que ce soit quelqu'un d'autre que nous-même, seul face à soi.
Poliblog indépendant
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Poliblog indépendant
Publicité