Changement de programme, finalement on va remettre les vioques au pas
Une nouvelle anecdotique en précédant souvent une très mauvaise avec Nicolas Sarkozy, le chef de l'Etat a dévoilé aujourd'hui un ensemble de mesures, nouvelles évidemment, destinées officiellement à lutter contre le sous-emploi des seniors, qui en France atteint des records, jamais vraiment évalués, que l'on ne nous envie nulle part en Europe.
Bien que l'on ait prévu de maintenir la possibilité de partir à l'âge de la retraite pour ceux qui auront suffisamment cotisé (trop généreux de la part de l'Etat), on pourra aussi choisir de travailler plus longtemps (c'est-à-dire au-delà de 61 ans maintenant), en échange d'une augmentation de 5% du montant de sa retraite par année de service supplémentaire. Quant aux flemmards qui ne seraient pas dans le move, on va les inciter à se sortir les doigts de plusieurs manières. D'abord, le chef de l'Etat veut à terme supprimer les préretraites en les taxant lourdement ; supprimer aussi la dispense de recherche d'emploi pour les racailles de 57 ans et demi ou plus qui sont au chômage ; pour favoriser à la fois le pouvoir d'achat et l'emploi des seniors, enfin, on va prochainement autoriser les retraités à travailler normalement pour cumuler les revenus de leur retraite et les revenus tirés d'une ou même de plusieurs activités salariées, comme cela se pratique en Angleterre, où l'on voit des vieux de 90 piges récurer des bagnoles parce qu'ils adorent tout ce qui rutile (privant un plus jeune d'un emploi), ou d'autres de 70 balais qui tout en étant retraités doivent cumuler les petits boulots pour s'offrir, ô miracle, un repas quasi-normal par jour... Ils le font généralement le midi (ça leur permet, presque, de tenir la journée).
Les résultats prévisibles de ces différentes mesures, si elles venaient à être appliquées, seraient un multi-fracassement systématique des créations d'emploi qui heureusement sont déjà au point mort chez nous, puisqu'en-dehors des rares métiers qui nécessitent une force physique incompatible avec le statut du vioque (ils tendent à se raréfier, et sont aujourd'hui réservés aux gentils immigrés et aux méchants clandestins), on n'aurait plus besoin, quasiment nulle part, d'embaucher des nouveaux qui ne seraient pas des vioques, la principale différence entre un vioque et un non-vioque étant que le non-vioque ne travaillant pas pour arrondir ses fins de mois, il demande habituellement à être payé correctement, ce qui est intolérable dans une France où tout le monde doit participer à l'effort collectif (à l'exception notable des politiques). Sur un tel sujet évidemment, le vioque serait plus relax, trop heureux qu'on fasse appel à lui pour boucher les trous laissés vacants par des jeunes qui n'ont jamais été recrutés en CDI puisque la loi non seulement le permet mais l'encourage fortement (stages, apprentissage, intérim, CDD, etc.).
Toutes ces mesures combinées au recul de l'âge de la retraite à 61 ans (le MEDEF exige toujours 62, mais personne ne sait vraiment pourquoi), ce qui implique 41 ans de cotisations, que bien peu de gens travaillant aujourd'hui pourront totaliser en-dehors de quelques fonctionnaires justifiant au mieux d'un BAC+2 qui auront attrapé le virus très jeunes, il s'agit d'une énième copie de la politique conduite outre-Manche en son temps par un Tony Blair qui aura quitté sa fonction en battant constamment ses propres records d'impopularité, mais... qui vit aujourd'hui, très grassement, des mots d'esprits qu'il délivre dans des conférences internationales, quand il ne vient pas bien sûr assister à une réunion de l'UMP (on s'en serait douté) comme il l'a fait récemment.
Les "vrais" demandeurs d'emploi, dont la plupart sont des non-vioques, apprécieront. Encore plus que les autres, sans aucun doute.
Sarkozy dénonce le "scandale social" du sous-emploi des seniors
http://www.laboussole74.com/rubriques_zoom.php?cat=1&subcat=4&id=5927
Illustration : de futurs retraités français dans un petit boulot d'essayeurs de cercueils