Retraites (et tout le reste) : une journée de grève pour rien
S'il y a une chose dont on peut être certain, c'est que les patrons des principaux syndicats dont les militants sont descendus dans la rue hier, pour s'opposer à la réforme du gouvernement sur l'allongement de la durée de cotisation à 41 ans, n'ont pas vu F.I.S.T., un film de Norman Jewison avec un Sylvestre qui n'avait pas beaucoup de poils au menton à l'époque, riche d'enseignements sur les liens étroits entre certains syndicats américains et la mafia locale qui ne datent pas d'hier, et riche d'enseignements surtout sur les "techniques" de grève qui permettent d'obtenir des résultats dignes de cette appellation.
Ainsi, en France, ce jeudi 22 mai 2008, "on" aurait pu bloquer toutes les raffineries côtières, mais on n'en a rien fait ; on aurait pu, aussi, paralyser les activités de chargement et de déchargement de frêt dans les principaux ports de France, de même que dans toutes les gares de frêt, mais on n'en a, encore, rien fait ; on aurait pu, également, réduire à néant l'activité des transports urbains dans toutes les plus grandes agglomérations de France, mais on n'en a toujours rien fait ; on aurait pu, pour la fine bouche, faire aussi descendre au niveau zéro le trafic aérien dans les deux plus grands aéroports de France, tous les deux proches de Paris, ainsi que dans les plus grands aéroports régionaux de tout le pays, mais une fois de plus on n'en a rien fait.
Le "résultat" de tout ce que l'on aurait pu faire hier, mais que l'on a décidé de ne pas faire, sera, fort logiquement, que contrairement aux déclarations on ne peut plus prématurées et optimistes de leaders syndicaux qui se sont trop vite réjouis d'une mobilisation importante qui dans les faits ne s'est traduite par le déclenchement d'aucun signal d'alarme pour le gouvernement comme pour la présidence (si on était méchant, on dirait que la mobilisation ne s'est tout simplement traduite par rien du tout), aucun syndicat n'obtiendra rien suite à la journée de grèves du jeudi 22 mai 2008. Un constat qui laissera d'autant plus pantois que vu les "moyens" humains que les grévistes ont été capables de rassembler pour une seule journée, on aurait très bien pu employer cette journée à démontrer au gouvernement que des syndicats vraiment résolus à jouer enfin un rôle de "partie à part entière" dans toute négociation qui les réunit avec le pouvoir en place peuvent bloquer totalement l'activité de tout le pays à peu près quand ils le veulent. A condition bien sûr de le vouloir...
On en a été très loin hier. A des millions d'années-lumière. On a préféré marchoter, se déguiser, brailler, s'échanger des cornets de frites et des bouteilles d'eau ou quelques coups de rouge par-ci par-là... On va donc très vite s'apercevoir que ce n'était pas du tout la bonne méthode pour négocier avec des gens qui, comme on en parlait dans le sujet précédent, ne respectent vraiment "que" ce qui les empêche de dormir.
Il n'est pas trop tard, pour les dirigeants syndicaux, pour rattraper leur retard en s'offrant F.I.S.T., qui est disponible à la vente en DVD, la révélation la plus "utile" du film étant sans doute, pour ce qui les concerne, que pour empêcher des dictateurs en puissance de dormir, les effectifs, les manches de pioches (accessoirement) et le passage à l'action ont toujours été beaucoup plus efficaces que les porte-voix.
On ne pourra plus dire que les intéressés n'ont pas été prévenus.
Retraites : la grève fait le plein (NDR : d'après une journaliste du JDD qui devrait peut-être songer à lever de temps en temps le nez de son clavier...)
http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200821/retraites-la-greve-fait-le-plein_119216.html