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Poliblog indépendant
25 juin 2008

Soldes : demain, premier jour du grand rendez-vous entre égorgeurs professionnels et gogos "friqués"

soldes__resized_Parce qu'à en écouter les descriptions faites dans les médias, seuls les gogos (ou bobos) friqués les intéressent vraiment... On a parlé des boutiques à Paris, cité même le nom de certaines rues dans lesquelles le prolo ne met les pieds que lorsqu'il s'est trompé de chemin, mais une fois de plus on a oublié de parler de ceux qui au lieu de se rendre dans une boutique de luxe (les riches) ou dans un centre commercial plus modeste (les presque pauvres), vont se rendre à Fabio Lucci, repreneur du groupe Tati, qui permet non pas aux pauvres d'entre les pauvres, mais à ceux qui n'en sont qu'à une encablure, de se vêtir à presque-moindre-frais.

Etrange, cette passion des Français (si l'on en croit les mêmes médias) qui croyant faire de bonnes affaires, vont se ruer demain en nombre dans des magasins qui au lieu de vendre à perte comme le prétendent leurs gérants ou vendeuses, toujours prompts à verser deux ou trois larmes, vont simplement faire la culbute une ou deux fois au lieu de la faire sept ou huit fois en temps normal, tout ça pour des textiles fabriqués majoritairement à l'étranger par des gens ou des mômes qui travaillent à la baguette au sens propre du mot, pendant que dans les classes sociales supérieures, on va s'intéresser à des "affaires" très, très différentes...

D'un côté on va se saper, de l'autre on va essayer de se retapisser, en fonction, au mieux, d'un petit budget que l'on aura déjà préparé. D'un troisième côté par contre, celui dont il est bien vu de ne jamais parler dans les médias et où tout roule beaucoup moins pour les "pauvres" (qu'ils soient salariés ou non), dont le porte-monnaie sera déjà vide depuis longtemps le 25 de ce mois, on va se dire que tout cela est d'une futilité sans nom. Ca aide à supporter l'idée de ne pas pouvoir participer à la grande kermesse, même si certains ne vont pas pouvoir s'empêcher de baver devant leur télé ou en ouvrant un catalogue dans lequel ils ne commanderont rien, histoire de se dire qu'un jour peut-être... : l'espoir fait vivre, on l'a toujours dit.

Bref, pendant que les plus pauvres ne vont pas dépenser de l'argent qu'ils n'ont jamais, on s'attend, comme à chaque fois en pareille circonstance, à une véritable marée humaine, mais en aparté on s'inquiéterait plutôt. On se demande si le Franchouillard, dont le pouvoir d'achat n'a pas évolué d'un iota alors que tous les prix ne cessaient d'augmenter, va bouger un cul qu'il rechigne maintenant à traîner dans tout ce qui compte un tiroir-caisse. A-t-on tort ? A-t-on raison ? Dès l'ouverture des grands magasins, les pisse-copies veilleront au grain, nous tenant informés quasiment heure par heure du déroulement d'une journée qui fera sans doute trembler jusqu'aux murs du ministère de l'Economie, habituellement occupés par une Lagarde qui n'y aura jamais fait que de la figuration, mais qui n'aura jamais manqué de puiser à bras raccourcis dans une caisse qui se remplit toute seule, utile pour faire travailler des tas de copains, utile aussi pour se faire de nouveaux amis en prévision d'un après-ministère qui doit terrifier la spécialiste des UV...

Après tout, il faudra bien se recaser quand il s'avérera que le président du pouvoir d'achat n'aura jamais dépassé le stade du simple mythe, monté de toutes pièces par un bon à pas grand-chose qui aura au moins réussi à remplacer sa "conne" (cf. livre d'Anna Bitton) et à regonfler le portefeuille du parrain de son dernier fils connu, en détruisant l'audiovisuel public.

Pas la seule à vouloir faire croire que son emploi du temps ne lui laisse même plus le temps de péter... Invité dans l'Edition Spéciale (sur Canal Plus), pour parler notamment de ce qu'il pense de la campagne de publicité lancée par le gouvernement pour marteler aux téléspectateurs que non, le gouvernement français ne s'est pas br... les c... depuis bientôt 13 mois, Robert Rochefort, actuel directeur du CREDOC, a expliqué que les socialistes avaient utilisé dans le passé des procédés similaires (avec surtout de l'affichage, qui coûte sensiblement moins cher), et que modernité oblige, on ne pouvait plus aujourd'hui décemment expliquer une politique que seul un chef d'Etat comprend sans que ladite politique soit accompagnée d'un plan de communication dédié (bah voyons).

Il faut dire que Robert Rochefort n'est, concomitamment à ses gesticulations et à ses probables collections de notes de frais à la tête du CREDOC, rien de moins qu'un membre très éclairé du... Conseil d'analyse économique auprès du Premier Ministre François Fillon, ce qui aide à comprendre et à légitimer une action de communication de grande envergure qui en fait autant pisser de rire certains à gauche qu'elle en laisse d'autres dans l'état où on les connaît le plus souvent, à savoir sans opinion sur ce sujet, ni sur n'importe quel autre.

Gravitant dans les mêmes cercles que Rochefort, car à présent certains quotidiens gravitent dans les mêmes cercles que certaines personnes dirigeant des associations notoirement indépendantes (...), en prévision des soldes Le Figaro s'est fendu d'un article on ne peut plus documenté (magnifique travail de journalistes chevronnés) qui présente des produits essentiellement réservés à ceux qui n'ont aucun problème de pouvoir d'achat (des Français qui font beaucoup d'heures sup ?), et qui peuvent débourser sans ciller plusieurs centaines d'euros pour une robe en forme de drap ou pour un sac en python vendu pour un prix à peine moins scandaleux.

La pauvreté de ceux dont on aura omis de parler, qui resteront à la maison, n'est en tout cas pas du tout un sujet d'inquiétude ou même de réflexion pour Rochefort, qui voit dans les soldes un "rite social" devenu indispensable, et surtout pas une nécessité porte-monneuriale pour ceux qui quoique l'on en dise restent les plus nantis des plus modestes, et qui ne mettront certainement pas les pieds sur les "Champs", mais plutôt à la grande surface du coin, où si tout va très bien ils se marcheront dessus pour acheter moins cher des vêtements qui ne portent que rarement des marquages autres que "Made in China" ou "Made in India", pour peu qu'on prenne la peine de les examiner sous toutes les coutures, des coutures d'une qualité qui laisse souvent à désirer.

Les gens ne doivent pas savoir. Pas savoir, notamment, que la consommation qui aurait globalement augmenté de 2% en mai dernier, a reculé de 8% (en un seul mois, donc) dans le secteur de l'habillement, constat qui d'après les observateurs n'aurait aucun lien avec l'approche des soldes puisque se serrant la ceinture au-delà du tolérable pour se nourrir et pour s'offrir leur ration d'essence, les Français rogneraient sévèrement sur les dépenses d'habillement, au grand désespoir bien sûr de vendeuses qui ont parfois l'impression de passer leurs journées à faire le pied de grue dans des centres où l'on traiterait les verrues en public...

Débitant les poncifs habituels de celui qui ne s'est jamais penché sur le moindre problème, celui d'un budget toujours trop limité ne le concernant visiblement aucunement, notre Rochefort n'a pas pu s'empêcher de conclure sa non-intervention par une ou deux phrases sur le développement des sites Internet de ventes privées, mais dans quel objectif, on se demande toujours...

Peut-être pour enfoncer le clou ? Distiller l'idée que malgré tout, des choses marchent ? Ou ne surtout pas révéler, au contraire, qu'on s'attend désormais au pire. Même pour les soldes ! C'est bien possible, ma bonne dame, c'est bien possible.

Photo : http://linashowroom.canalblog.com/

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