Ingrid Betancourt libérée par sa famille

Nouvelle plutôt inattendue ce soir avec la libération, officiellement confirmée, d'Ingrid Betancourt, au côté de trois otages américains (ils passent bien sûr avant les Colombiens) dont on dit un coup qu'il s'agirait de militaires, un coup qu'il ne s'agirait de personne de particulier, et de onze militaires colombiens, si peu importants que Nicolas Sarkozy n'aura tout simplement pas jugé bon de les citer au cours d'une allocution qui n'avait rien d'improvisé depuis l'Elysée.

Entouré de Mélanie et de Lorenzo, les enfants d'Ingrid Betancourt, mais aussi de sa soeur et du fils de cette dernière pour ce qui faisait dans l'ensemble une très touchante photo de famille (sans Carla), le petit Nicolas, qui aura peut-être dû repasser en hâte du pyjama à jambes courtes au costume à épaules larges pour s'associer à l'événement, s'est contenté de remercier tout le monde et de féliciter le président colombien Uribe, même si sur la durée, il semble raisonnable de penser que c'est surtout la seule mobilisation de la famille d'Ingrid Betancourt en France et en Colombie (où réside sa mère) qui auront permis d'aboutir à sa libération parmi celle d'autres otages.

Une opération assez rocambolesque d'ailleurs, tout à fait digne de celles qu'ont coutume de foirer lamentablement les barbouzes franchouillards : des membres de l'armée et des services secrets colombiens, infiltrés chez les FARC, auraient tout simplement manipulé tout un pan de l'organisation pour finir par tomber à bras raccourcis sur un groupe de guerilleros détenant des otages, parmi lesquels figuraient Betancourt et les trois Américains si chers au coeur de la France sarkozienne, qu'ils auraient rassemblés et même déplacés dans le sud du pays à l'insu de la tête de l'organisation (voir article du Nouvel Obs.) !

Pour les FARC évidemment, il s'agit d'un énième coup dur, l'organisation ayant été totalement "blousée" et ayant vu plusieurs de ses membres arrêtés (voire probablement tués ?) au cours d'une expédition aéroportée menée par les troupes gouvernementales... Qui sait, on pourrait s'attendre à une réaction sanglante des FARC, à laquelle tout le monde a préféré ne pas trop réfléchir ce soir, l'hypothèse d'une exécution d'otages restants en représailles n'étant pas le scénario le moins plausible pour une organisation qui n'a plus repris la main depuis l'exécution de son leader historique Raul Reyes le 1er mars dernier...

Evitons d'y penser pour l'instant, où l'heure est plutôt aux bisous, le président de la République Française n'ayant pas pu s'empêcher à la fin de son allocution d'en adresser un (fort déplacé) aux Israéliens, dont un soldat jouissant de la double nationalité (française et israélienne) est toujours détenu par le Hamas (vivant ou mort...).

Passons.

Premières analyses des journalistes après la libération d'Ingrid Betancourt : pour le président colombien Uribe, il s'agit incontestablement d'un coup de maître, ce dernier retirant tous les marrons du feu à l'approche d'une élection anticipée qu'il avait lui-même décidée et qui s'annonçait difficile pour lui. Avant ce soir. Pour Hugo Chavez, par contre, il s'agirait presque d'un camouflet, Hugo ayant été vertement invité par Alvaro à rester pour se gominer chez lui, au Vénézuéla, puisque malgré de nombreux roulements d'épaules, le gros à la chemise toujours sortie du pantalon s'était montré incapable d'obtenir quoique ce soit des FARC au cours de visites qu'il avait voulues fort médiatisées en Colombie...

Pour Nicolas Sarkozy enfin, il n'était pas de bon ton ce soir (la presse n'en a donc pas parlé) d'estimer qu'il ne s'agissait que d'une réussite très, très indirecte, les Colombiens, Uribe en tête, se tapant encore sur le ventre d'avoir vu des avions "sanitaires" français débarquer dans ce que Sarkozy et Kouchner semblent voir comme un gigantesque foutoir et surtout un pays de péquenots, alors que la Colombie n'a strictement rien à envier à la France sur le plan de la qualité des soins et des hôpitaux qu'on y trouve (!)...

Mission réussie, en tout cas, pour Nicolas Sarkozy, qui pris de vitesse comme tout le monde, aura tout de même trouvé un moyen de s'impliquer personnellement dans une réussite dans laquelle il serait quelque peu excessif de dire qu'il a joué un rôle "majeur"...

Peu importe : à présent que Betancourt est libre, Sarkozy va devoir trouver autre chose pour faire parler de lui. Quant à la libération proprement dite, on ne peut (du moins on espère) que s'en réjouir. Ne serait-ce que pour l'intéressée et pour sa famille.

Colombie : Ingrid Betancourt libérée
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/20080702.OBS1227/colombie__ingrid_betancourt_liberee.html

Comments

[GED]

A noter, la famille n'a pas remercié Uribe. Il est vrai qu'elle tapait sans arrêt sur Uribe et manageait les FARC.
Quand aux Suisses il n'ont pas digéré de s'être fait manimuler par Uribé (comme sarkozy) et ils ont diffusé un communiqué du représentant des Farc à Genève. Mais ils sont petits, 20 million c'est une misère, alors que Villepin négociait en 2003 500 milion pour la libération de mme betancourt. Qui rappelons-le est allée elle même se mettre dans les geoles des FARC.
mais le cloud de cette affaire est l'appel à Mauranda qui était mort depuis 4 jours, information que connaissait surement les américains et les colombiens, le laissant ainsi se ridiculiser.

[Ozenfant]

Comment le président Uribe a fait libérer Ingrid Betancourt... Dans un épisode digne de Mission Impossible, alors qu’Ingrid risque d’être sa future rivale N° 1 ! Cocasse non ?
http://blog-ccc.typepad.fr/blog_ccc/2008/07/comment-le-prsi.html#comments