Réforme des institutions : victoire écrasante pour Sarko l'Esbroufe
Depuis le 6 mai 2007 et l'élection de Nicolas Sarkozy, parlant de la réforme des institutions que le chef de l'Etat tenait absolument à faire graver dans le marbre de la Consitution, jamais la gauche et la droite ne s'étaient autant mobilisées autour, pour la droite, de la lutte pour la promotion d'un projet qui devait passer "coûte que coûte", pour cause de pétage de plombs obligatoire du chef de l'Etat dans le cas contraire, et pour la gauche, de la lutte contre le vote du même projet, qui avait surtout le tort d'avoir été pensé pour que le chef de l'Etat puisse enfin se prévaloir d'une réforme pleinement réussie... Même si le propos n'était même pas, en réalité, d'ôter une minuscule goutte d'eau de la coque d'un bâteau qui prend l'eau de toutes parts, et qui s'appelle la France, comme le rappelle entre autres le blog de La Mouette, qui n'a rien perdu de la complète inutilité d'un débat qui n'aura fait perler des gouttes de sueur que sur des fronts de politiques toujours prompts à uriner sur le citoyen, dont les préoccupations sont en ce moment tout autres.
Dérisoire, bouffonne, la réforme a en tout cas été adotée. Par une unique voix d'avance dans un scrutin qui devait se jouer à la majorité des trois cinquièmes. Autant dire que dès l'annonce du résultat, Jack Lang, probablement méprisé désormais autant par la gauche que par la droite, a fait partie de ceux qui ont été rendus personnellement responsables de la réussite totale du dernier coup d'esbroufe de Nicolas Sarkozy... Destin injuste d'un pleutre un peu moins ordinaire que les autres, probablement parce que par rapport à nombre de ses pairs spécialisés comme lui dans les retournements de veste, Jack Lang avait hier le tort d'être (encore) un socialiste connu, bien qu'on l'ait déjà vu s'abandonner plusieurs fois, dans des alcôves élyséennes, aux caresses expertes mais toujours intéressées d'un très petit homme qui voulait être le plus Grand.
Seulement l'une des raisons pour lesquelles il était déjà ridicule hier de s'en prendre à Jack Lang : d'une part, on savait déjà tout des tendres sentiments que le bientôt septuagénaire au cou de poulet nourrit, depuis qu'il est en mesure de lui jeter du grain, pour Nicolas Sarkozy, et d'autre part, on est bien placé au Parti socialiste pour savoir que le vieux Jack en sait beaucoup plus long sur la chirurgie esthétique et réparatrice qu'il en sait sur le fonctionnement d'institutions qui n'ont jamais vraiment passionné le commanditaire de l'emballage du Pont Neuf... Pas grave : la gauche qui dit n'avoir "pas trahi" a besoin de trouver une tête de Turc, et Jack a toujours eu un air vaguement méditerranéen. Le Michael Jackson de la gauche risque donc de voir son auto-défiguration volontaire amplifiée par les coups qu'on a bien l'intention de lui porter, avec toute la vigueur dont la gauche molle est capable quand à la manière d'un Mitterrand, qui excellait en la matière, elle a décidé de caler la tête d'un homme à abattre dans son viseur.
On n'a jamais aimé "jouer" à gauche, 'faut dire... A fortiori quand une partie se conclut par un résultat qui fait maintenant partie du patrimoine génétique des socialistes, à savoir une raclée, d'autant plus difficile à digérer cette fois-ci pour Hollande qu'exceptionnellement, le Premier secrétaire le plus spongieux que le PS ait connu sous la Cinquième avait décidé de bouger son énorme séant, affichant même sur quelques écrans de TV une légère fonte des bajoues qui en pleine période de "menaces", de "pressions", d' "intimidations" et de "propositions" de poste à tout va (dixit Bayrou et d'autres), avait dû conduire plus d'un acheteur de l'UMP à se dire que s'il y avait un moment depuis l'arrivée de Sarko Ier où il fallait mouiller sa chemise, c'était bien le moment où les joues habituellement plus rebondies de François Hollande commençaient à dégonfler mystérieusement...
Mission accomplie, car majorité des trois cinquièmes requise ou non, le projet de réforme des institutions aura été adopté non pas avec une voix d'avance, mais avec 60,15% de voix pour (contre 39,84% de voix contre) et deux records qui sont tout simplement remarquables : plus de 99,8% des parlementaires ont voté, et sur ces 99,8% de parlementaires, plus de 99% ont exprimé un suffrage, les chiffres réels n'ayant donc rien à voir avec un projet dont les parlementaires n'auraient "pas voulu", commentaire trompeur déjà abondamment diffusé par la gauche, mais plutôt à voir avec un plébiscite en faveur d'une réforme qui ne servira à rien, mais qui aura au moins permis à Nicolas Sarkozy de briller dès le lendemain de son retour de Marrakech, où le promeneur coquin aux genoux qui se cognent s'était pour la énième fois offert un repos bien mérité (oui oui) à l'occasion du week-end... Aux frais des Français évidemment.
Le destin frappe donc les individus de façon fort différente... : Lang cloué au pilori pour avoir fait ce qu'il a toujours fait, sans que ses revirements n'aient jamais vraiment posé un quelconque problème à une gauche qui n'a jamais manqué de bras cassés dans le passé, et Sarkozy rendu plus que jamais incontestable pour le résultat obtenu (quelles que soient les méthodes utilisées pour y aboutir), alors même que la veille du vote, le rustre à l'origine du faux chambardement avait emmené Carla en week-end dans la même ville où non, on vous répète pour la millième fois qu'il n'avait jamais emmené Laurence Ferrari !
Cruel destin pour notre Jack à peau de lézard !
Le Parlement réuni en Congrès a adopté la réforme des institutions à une voix près
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20080721.OBS3686/le_parlement_reuni_en_congres_a_adopte_la_reforme_des_i.html
Une réforme des institutions en trompe l'oeil
(blog de La Mouette -Henry Moreigne dans l'intimité-)
http://lamouette.blog.lemonde.fr/2008/07/21/une-reforme-des-institutions-en-trompe-l%E2%80%99oeil/
Nicolas et Carla Sarkozy : escapade à Marrakech loin des festivités du mariage de Cécilia et Richard Attias
http://www.purepeople.com/5865-Nicolas-et-Carla-Sarkozy-escapade-a-Marrakech-loin-des-festivites-du-mariage-de-Cecilia-et-Richard-Attias-.html
Photo : "Sarkozy... Il en a quitté ses pompes !"