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Poliblog indépendant
15 octobre 2008

"Plan de sauvetage" : les suiveurs se réveillent, mais avec vingt-quatre heures de retard !

surpriseAvec un tassement inattendu de certaines valeurs boursières (et même un premier recul de Wall Street !) qui avaient beaucoup chuté dès le deuxième jour de ce que, dans les rangs de l'UMP où l'on fait mine de se serrer les coudes, on avait choisi d'appeler avec un optimisme un peu trop précipité un "plan de sauvetage" (sous-entendu, il allait forcément fonctionner), il semble que la sortie de crise soit bien partie pour durer beaucoup plus longtemps que prévu, accompagnée dès ce mardi par tout un cortège de prédictions des plus sinistres dont on a soigneusement évité de parler aux Français...

Ce n'est pas, d'ailleurs, parce que la presse a tout aussi soigneusement évité de parler de l'impensable état de délabrement de la France "avec ou sans crise" qu'il ne se passera rien, car pour dire la stricte vérité, l'écroulement dû à un enraiement du crédit que personne n'arrive plus à relancer depuis la chute de Lehman Brothers (survenue il y a déjà un mois) n'a fait qu'aggraver sensiblement une situation qui était déjà in-te-na-ble pour les Français, avec, en particulier, un effet désastreux dès les premiers jours sur des PME et TPE qui se sont trouvées dans l'incapacité de faire face à leurs échéances de fin... septembre 2008 (faute de crédits, quant à ceux qui ont été promis pour la fin du mois d'octobre, ils ne sont toujours pas près d'arriver) !

Relancer les crédits accordés aux PME et relancer rapidement la consommation, les deux objectifs étaient beaucoup plus importants à atteindre qu'une (ô combien nocive) garantie des crédits interbancaires dans un prétendu objectif de relance (le gouvernement vient pourtant de donner carte blanche aux banques pour continuer à spéculer, chose qu'elles feront toutes avec d'autant plus d'application qu'elles ont un besoin urgent de "se refaire" après la crise...), c'était, en effet, la seule façon d'éviter que toute la machine économique s'arrête, la simple préservation des entreprises (donc des emplois) et la stimulation de la consommation étant à la fois les deux seuls signes qui auraient pu redonner un minimum confiance à tous les acteurs économiques, mais aussi deux composantes essentielles d'une nécessaire stabilisation de la situation (i.e. éviter que les choses ne dégénèrent encore plus) avant une sortie de crise.

Contre toute attente, le gouvernement français a préféré simuler une politique clownesque de pseudo-régulation, dont la seule vertu est qu'elle aura donné pendant un jour et demi (!) matière à s'ébaubir à ceux qui, à droite comme à gauche, n'ont pas manqué de déplorer ou de s'amuser du fait que l'Etat soit de retour dans l'économie (et ta soeur)...

L'Etat est-il vraiment de retour ? Certainement pas. Car pour dire les choses exactement comme elles sont, sur la tranche de 320 milliards d'euros destinés à garantir les crédits interbancaires et sur l'autre tranche de 40 milliards d'euros destinés à recapitaliser les banques, le gouvernement français, au même titre que ses homologues européens qui ont procédé à des annonces au moins aussi délirantes (à l'exception notable du Portugal), ne dispose pas du vingtième des sommes pour lesquelles il s'est engagé, sauf bien sûr à puiser indéfiniment dans l'épargne de Français dont jusqu'aux plus nantis seront ruinés en cas de nouveau krach.

On marche littéralement sur la tête.

Du côté des banquiers, les spéculateurs fous, jouant à fond la comédie de la régulation subie pour la bonne et simple raison qu'elle sert pour l'instant leur premier intérêt (on rappelle qu'ils doivent se refaire), font mine de marcher en veux-tu en voilà dans un plan de sauvetage dont chacun sait qu'il ne tient tout simplement pas debout : exactement comme en Amérique, quand de petits génies ont inventé l'inextricable enchevêtrement des subprimes (aussitôt surnotées par d'autres petits génies dont le métier était déjà de vendre du vent), en Europe on sait très bien qu'on vient de "créer un monstre", et que ce monstre-là engloutira absolument tout le jour où il se réveillera.

Pire que de ne pas tenir debout, en passant, le plan de sauvetage français voté hier soir par les députés UMP à l'Assemblée est un exemple assez incroyable de l'inaptitude des politiques à prendre les bonnes décisions en matière économique, en ce sens qu'il est infiniment plus "toxique" que les subprimes à l'origine du krach de la semaine dernière, aucun des Etats européens qui ont annoncé un plan de plus de cinquante à cent milliard d'euros (et plusieurs, dont la France, ont annoncé beaucoup plus) n'étant tout simplement solvable à l'heure qu'il est.

Concernant la France, grâce à l'incompétence et au goût de l'esbroufe sans limite d'un Sarkozy qui n'est jamais aussi performant que lorsqu'il est question d'anéantir des modèles qui fonctionnaient tant bien que mal avant son arrivée, l'intégralité de l'économie (à savoir les prêts interbancaires, les cotations, les taux de crédit et jusqu'au nombre d'emplois qui seront supprimés, etc.) va désormais reposer sur une masse colossale d'argent qui n'existe pas, le gouvernement n'ayant du reste aucune marge de manoeuvre pour lever les fonds annoncés puisqu'on avait pulvérisé la capacité d'endettement du pays longtemps avant la crise (on ne parvient plus à rembourser les seuls intérêts de la dette depuis des années).

Le plan étant malgré tout en passe d'être adopté par le Sénat, après avoir été voté hier par l'Assemblée nationale, on n'est plus qu'à deux doigts de passer le point de non-retour ("grâce" à Nicolas Sarkozy, on y est à présent obligés), ce qui aura permis au cours des deux derniers jours d'assister à des numéros d'acteurs tout à fait invraisemblables, tel celui de François Fillon qui affirmait ce lundi soir chez une copine de Nicolas que, sans rire, le contribuable ne serait pas mis à contribution en cas de difficultés rencontrées par les banques (du coup, concernant ledit François Fillon, on ne sait plus bien si l'on doit parler de débile mental, d'escroc notoire ou d'arracheur de molaires) !

Concrètement, que les plans de "sauvetage" (guignolesques, le plus souvent) soient adoptés ou non, la situation économique des Européens demain sera potentiellement infiniment plus dangereuse qu'auparavant, les annonces ne s'étant d'ailleurs traduites par aucun résultat tangible au niveau des économies nationales, le seul qui compte vraiment (certains, en particulier dans les banques -heureux hasard-, ont gagné très gros en vendant et en rachetant des milliers de titres, mais c'est vraiment tout).

Dans le cas spécifique de la France, qui est loin de se trouver dans la situation la plus enviable, il n'est d'ailleurs pas abusif de dire que les députés UMP ont donné leur plein accord hier pour jeter la bagatelle de 360 milliards d'euros à la benne, les sujets de préoccupation du moment étant exactement les mêmes pour les banquiers que ce qu'ils étaient hier : profitant allègrement de variations de cours qui permettent de créer des fortunes rapides à partir de pas grand-chose (ou de faire s'évanouir des sommes impensables en cas de "problèmes", comme la semaine dernière), nos spéculateurs amateurs vont engager toute l'économie du pays dans des placements d'autant plus hasardeux que désormais, l'intégralité des paris seront garantis (dans l'esprit) par un Etat qui a cumulé un nombre incalculable d'erreurs d'appréciation et de décision au cours du seul mois écoulé, les gesticulations des politiques de tous bords ne changeant rien au fait qu'à la fin du mois d'octobre, on devrait pouvoir chiffrer en dizaines de milliers les fermetures de PME et en centaines de milliers le nombre de nouveaux chômeurs en Europe...

Totalement à contre-courant des discours officiels qui se voulaient rassurants, mais qui ne le sont déjà plus du tout (discours pourtant largement repris, dès le lundi -mais plus le mardi...-, par l'ensemble des médias), c'est probablement Esther Jeffers, professeur d'économie à l'université de Paris VIII (dont Nicolas Domenach a parlé dans L'Edition Spéciale de Canal Plus), qui une fois de plus a dressé l'une des analyses les plus objectives de la situation du moment : "la logique de ce système (NDR : le système économique, en général) veut qu'on ne résolve une crise qu'en créant les conditions d'une nouvelle crise".

Des mots dont il faudra bien se souvenir, quand en fin de trimestre, les banques se verront contraintes d'annoncer des résultats au moins aussi calamiteux que ceux de l'inepte Sarkozy en matière économique, ceci malgré un nombre encore "indéterminé" de milliards d'euros volés directement aux contribuables pour les sauver !

Pas la peine de chercher midi à quatorze heures, quand le prévisible Big Bang surviendra, tout sera la faute à la "crise mondiale"...

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Commentaires
P
Salut Oz,<br /> <br /> Moi aussi j'espère que James reviendra nous voir : ça pourrait être utile pour le Poliblog d'avoir une taupe au palais Brongniart (utile et certainement croustillant, pour tout dire) !<br /> <br /> :)<br /> <br /> Trêve de papotages, il y a moins d'une demi heure, on disait encore à la TV que le crédit ne repartait "pas du tout", parce que les banques, non contentes de ne plus prêter un sou à des PME et TPE qui n'ont pourtant pas le choix et qui vont mettre la clé sous la porte (sans parler des faillites personnelles), ne se prêtent plus non plus entre elles, or il faut bien que les milliards d'euros déjà injectés par le contribuable dans les banques françaises soient passés quelque part (ou alors, lesdites banques auraient communiqué des chiffres totalement erronés sur le montant de leurs pertes -elles ont pu être bien plus colossales que les chiffres annoncés-, ce qui n'aurait rien d'étonnant puisque personne n'a tenu à s'apesantir sur le sujet -même dans la presse de gauche, si tu vois ce que je veux dire-) ! Mon avis ? Les banques et leurs traders spéculent désormais avec l'argent du contribuable au lieu de spéculer avec celui dont elles ne disposaient pas dans le passé (!) : pas d'autre explication possible au maintien (criminel) de la coupure du robinet... Pire, la situation ne va pouvoir qu'empirer au cours des semaines et peut-être même des mois à venir (je parle de la situation des entreprises et des ménages, pas de celle des banques bien sûr), car Nicol'âne vient de constituer un fonds fictif de pas moins de 320 milliards d'euros (+ 40 !) pour goinfrer les rebuts de la finance qui ont ruiné l'avenir de plus de 60 millions de Français pour on ne sait pas combien d'années, la passe de bolto s'étant opérée sous les vivas des lèche-cul de l'UMP (lèche-cul sans "s", parce qu'il n'y a qu'un seul cul qui compte quand on est prêt à en manger depuis mai 2007) !<br /> <br /> Ca dégénère, ça dégénère... Et du côté de Nico, rien à foutre ! Il faut dire que notre gugusse a encore près de trois ans et demi pour escamoter "ses" 360 milliards (vive les assemblées) !!!<br /> <br /> M'est avis qu'après avoir massacré le peu qu'il restait à démolir en France, il va procéder à une reconversion magique dans l'univers de la banque. Ce ne serait pas étonnant s'il atterrissait, tout à fait par hasard, dans l'une de celles qui se font des roubignolles en or avec le pognon des Français.<br /> <br /> P.-S. : j'ai pu discuter ce matin avec quelqu'un qui "veut" décapiter Sarkozy de ses propres mains (ou lui coller une rafale de beignes dans le museau). Une femme ! Réputée d'habitude pour une zen attitude dont elle ne se départit jamais (sauf ce matin, houlà : j'en ai encore les oreilles qui vibrent !!!).<br /> <br /> ;)
O
Les bourses, elles, gagnent de l'argent, en ce moment !
P
L'évolution des cours semble vous donner raison, Norbert. Facile de dire que la récession qui ne va pas manquer de se produire aux Etats-Unis plombe toutes les bourses, en France, on se trouvait déjà (tout comme les Ricains) dans une situation calamiteuse avant la crise !
P
Désolé pour l'absence de sujet (Arnold). :(
N
Sur ordres qui ont dû être donnés de façon très formelle, il est probable que les traders de toutes les banques qui sont dans le rouge (autant dire tous les traders du monde) se comportent comme des short sellers en spéculant à la baisse, avec les probabilités de plus-values rapides mais aussi avec tous les risques que cela comporte pour l'avenir... L'économie mondiale ne s'en relèvera pas de sitôt (on a fait très précisément ce qu'il fallait pour cela en Europe comme aux Etats-Unis).
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