Besson quitte le navire, les rats restent à bord.
Pour des raisons qui restent obscures, Eric Besson, Secrétaire National du P.S. à l'Economie, démissionne. Démissionne de quoi ? Personne n'en sait rien ! Besson quitte-t-il son poste de Secrétaire National ? Ou quitte-t-il le staff de campagne de la candidate socialiste dont on nous dit aujourd'hui qu'il ne faisait même pas partie ? Ou bien quitte-t-il le cercle, de plus en plus restreint, de ceux qui trouvent encore grâce aux yeux de François Hollande après que ce dernier ait fait le vide autour de Ségolène Royal ? Bien malin ou bien informé celui qui pourrait nous renseigner sur ce point, car les journalistes n'ont même pas cru bon de le préciser. Encore faudrait-il que quelqu'un soit en mesure de répondre à cette question au sein du P.S. ...
Les vraies raisons du départ d'Eric Besson, qui aurait vraisemblablement été chargé de chiffrer la campagne de Ségolène Royal, restent tout aussi obscures. Pour certains, il s'agirait d'un désaccord "sur la méthode". Besson aurait choisi de chiffrer le programme de Royal alors que François Hollande aurait dit que ce n'était pas la priorité du moment et qu'il fallait se concentrer sur les propositions. Une autre interprétation des mêmes mots ("sur la méthode"), évoquée par le Ministre de l'Economie Thierry Breton parmi d'autres, un Ministre qui dit bien connaître et même apprécier Eric Besson, est que E. Besson aurait, grosso modo, refusé de "maquiller" des chiffres qui seraient en réalité très éloignés des 30 à 35 milliards d'Euros annoncés un peu précipitamment par le P.S pour financer le programme de Ségolène Royal. Une troisième explication serait qu'Eric Besson n'adhérerait pas à la manière dont le programme du P.S. est présenté, le volet économique devant selon lui occuper une place prioritaire alors qu'on le placerait volontairement au second plan. Une quatrième et dernière explication, elle aussi évoquée d'une façon on ne peut plus claire par plusieurs proches des intéressés, serait une "prise de becs" entre Hollande et Besson.
Une hypothèse qui, d'une certaine manière, clôt le débat, car s'il existe un point commun entre François Hollande et Ségolène Royal, c'est bien celui-là : parce qu'ils sont incapables de lui faire face, aucun des deux ne supporte la moindre contradiction.
En visite en Picardie pendant que Jack Lang "explosait" devant des journalistes qui cherchaient à en savoir davantage pendant la conférence de presse qu'il donne quotidiennement, Ségolène Royal ne s'est pas montrée vraiment concernée par le départ d'Eric Besson, allant même jusqu'à demander à des salariés qui étaient autour d'elle à ce moment-là s'ils connaissaient ledit Eric Besson... Ceux-ci ayant répondu "non", Ségo est passée à un autre sujet.
Besson... Traître ou héros ? Bourreau ou victime ? Arroseur ou arrosé ? Difficile à dire.
Comme souvent, dans toutes les façons possibles de gérer cette nouvelle crise, le P.S. a choisi la pire en ne communiquant pas. Ce qui conduit les téléspectateurs que nous sommes à penser que tout va de plus en plus mal dans l'état-major de Ségolène Royal. Qu'il s'agisse d'une prise de becs entre Hollande et Besson, d'un désaccord sur la place du volet économique dans la campagne ou d'un désaccord portant sur les chiffres annoncés (ou annonçables), il est clair que tout le monde commence à être vraiment sous pression dans ce qu'il reste de "l'équipe" de départ. Si l'on peut appeler cela une équipe, car finalement on ne sait toujours pas qui dirige, on ne sait toujours pas qui fait quoi, on ne sait toujours pas qui décide de quoi, mais ce que l'on sait c'est qu'il ne se trouve strictement personne, dans l'état-major du P.S., pour communiquer efficacement en temps de crise.
Fidèle à son habitude, Ségolène Royal a achevé de torpiller sa propre candidature (pour la journée) en faisant ce qu'elle sait faire le mieux, à savoir mettre les pieds dans le plat : parlant du chômage des jeunes et des plus de 50 ans, en faisant remarquer que la France était la lanterne rouge de l'Europe en la matière, elle a ignoré totalement les demandeurs d'emploi (nombreux) qui n'entrent dans aucune des deux catégories ! Elle s'est également prononcée contre la construction d'un second porte-avions nucléaire français, oubliant de parler du renouvellement prévu de la quasie-totalité de la flotte des sous-marins nucléaires d'attaque d'ici à 2020... Est-il encore nécessaire de revenir sur toutes les autres idioties que Ségolène Royal a pu prononcer aujourd'hui ? Comme le disait Nicolas Sarkozy (depuis la Réunion) avec lequel, fait exceptionnel, j'ai été totalement d'accord sur un point (celui-là), "on ne ferait que çà" !
Vu de l'extérieur en tout cas, on est tenté de penser que quand Eric Besson quitte l'état-major de campagne de Ségolène Royal, on ne voit pas un rat quitter le navire, on voit plutôt un homme qui quitte un navire infesté de rats.