La rétro-révolution de Ségolène
Nouveau coup de barre à gauche pour Ségolène Royal, dont la campagne présidentielle semble à présent partir dans absolument tous les sens.
On a pu, notamment, assister à un échec complet du nouveau slogan "La France Présidente", qui a été totalement occulté par les discours inattendus de la candidate socialiste sur le rôle qu'elle veut voir tenir désormais par le drapeau français et l'hymne national.
Violemment critiquée par l'extrême-gauche qui, sans oser employer les mots, laisse maintenant entendre que Ségo serait stupide et populiste (appréciations que je partage depuis longtemps), Miss Poitou ne semble toujours pas mesurer réellement les conséquences de ses boulettes répétées ; une forme de "négation" devenue habituelle et qui ne sera sans doute pas pour rassurer ceux qui commençaient déjà à avoir de sérieux doutes sur la capacité de Ségolène Royal à occuper la fonction suprême... S'il en restait encore.
Nouveau virage improvisé hier, illustré par une prise de position de Ségolène disant qu'il faudrait régulariser les parents de sans-papiers scolarisés, ignorant (comme d'autres candidats) et foulant même aux pieds l'avis des Français sur la question. La démocratie participative telle que l'envisage habituellement Ségolène Royal, c'est-à-dire sans consultation de personne.
En meeting à Nantes hier, Ségo s'est attaquée "cette fois-ci" à la culture, qui reculerait dans notre pays : "elle tient du miracle dans un monde obnubilé par la course à la rentabilité immédiate".
Il faudrait donc, selon Ségolène, remettre la culture au centre du truc. Je dis "du truc", parce qu'à force de vouloir mettre un peu tout au centre de tout, le programme de Ségolène Royal ne ressemble même plus à une forme qui pourrait avoir un centre. Il aurait plutôt tendance à devenir une sorte d'empilement auto-régénérable, chaque thème du jour masquant provisoirement les autres, qui étaient les seuls à exister la veille mais qui n'existent plus le jour d'après, avant que l'un des thèmes qui étaient sous la pile ne repasse sur le dessus, sans parler des nouvelles "idées" qui viennent chaque jour se rajouter à l'ensemble.
Dans le cadre du meeting de Nantes par exemple, Ségolène n'a vu aucune contradiction dans le fait de dire qu'elle se tourne rarement vers le passé, avant de développer ensuite longuement la réintroduction de l'histoire des arts à l'école...
Une énième proposition qui contribue à renforcer le sentiment que le programme de la candidate du P.S. tient plus du programme "schizophrénique" que du programme "politique" : aucune structure, aucune direction, et au final un assemblage devenu assez hallucinant de propositions et de déclarations de circonstances qui ne correspondent à rien de vraiment concret (car rien n'est jamais argumenté), face à des militants et à des soutiens qui donnent eux-mêmes l'impression de ne savoir ni ce qu'ils veulent ni où ils veulent aller.
Globalement, la campagne de Ségolène Royal évoque pour moi les scènes de films hollywoodiens dans lesquelles une "folle", qui se promène dans le jardin d'un asile psychiatrique, arriver à entraîner un petit groupe d'autres fous derrière elle sans que personne ne sache où l'on va, sans même que quelqu'un ne se pose la question ou ne se demande si celà est important.
Ségolène Royal sait-elle encore où elle va ? Pour moi il est évident que non. Afin d'être sûre, peut-être, de ne pas faire de faux pas, elle propose tout... donc rien, utilisant une rhétorique qui ne diffère pas vraiment de celle de l'extrême-gauche dans ses phases de délire hallucinatoire, avec pourtant quelques différences majeures : les Français devront se prosterner devant le drapeau français au lieu de se prosterner devant le drapeau de l'Internationale, et ils devront apprendre l'Histoire de l'art, sans pour l'instant être obligés de brûler les livres que le système cherche à leur imposer. Mais çà viendra peut-être.
Etrange conception de l'avenir pour une candidate qui aspire à devenir la Présidente de tous les Français, car plus le temps passe, plus on a l'impression qu'aucun Français ne pourra jamais se retrouver dans le non-programme de Ségo : l'Histoire de l'art fait manger très peu de gens à la fin du mois. Quant aux régularisations de sans-papiers ayant des enfants scolarisés, il semblerait que les Français soient majoritairement contre, mais Ségolène s'en fout : après tout, on n'a jamais vu de révolution rater sans élimination systématique de ceux qui discutaient la ligne du mouvement, qui se réduit le plus souvent aux délires de ses seuls inspirateurs.