Professeur Sarkozy
Si vous savez lire et si vous le trouvez au fond d'une poubelle (à partir d'aujourd'hui sans doute), vous pourrez redécouvrir dans le livre "Ensemble" du candidat Sarkozy son projet, qui ne date pas d'hier (*), d'instaurer une TVA sociale.
Cette TVA sociale consisterait, contrairement à ce que l'on pourrait penser au départ, en une augmentation de la TVA (pour tous) destinée à compenser, pour les entreprises, une diminution spectaculaire des cotisations patronales. Ou "comment favoriser davantage le désinvestissement "psychologique" des entreprises dans un pays que tous les grands employeurs ont déjà commencé à déserter".
C'est du Sarkozy pur jus. La théorie est entièrement fondée sur des postulats de départ qui ne correspondent en rien à la réalité, puisqu'au travers des cotisations les Français paient déjà au prix fort l'incapacité de l'Etat à lutter contre le déficit de la Sécurité Sociale.
Mieux vaut également ne pas trop réfléchir au côté "création d'emplois" (ou lutte contre le chômage) de la mesure car mécaniquement, le comportement actuel des employeurs de l'hexagone montre que l'adoption de la TVA sociale à la sauce Sarkozy ne créerait qu'une infime quantité d'emplois au regard des masses d'argent libérées dans cet objectif et dans d'autres (tout continuera de partir à l'étranger).
Les seuls points positifs de la TVA sociale, si elle devait voir le jour, ne devraient donc continuer à exister que dans le cerveau malade d'un Nicolas Sarkozy qui pratique une masturbation intellectuelle très vigoureuse dès que l'on se met à parler de macro-économie.
D'abord, le "raisonnement" de Sarkozy (qui tient sur une feuille de papier-toilette) ne prévoit pas d'augmentation du coût des produits ni des services, la stabilité des prix étant assurée par la baisse des cotisations sociales pour les entreprises et par une hausse simultanée de la TVA pour tous (les deux étant incompatibles pour juger d'un effet possible de la mesure sur les prix mais passons) ! Premier principe inventé pour l'occasion, donc, la stabilité perpétuelle des prix (super !). Il fallait quand même oser...
Ensuite, le pouvoir d'achat des Français (comme toujours, Sarkozy ne parle ici que de ceux qui travaillent déjà et qui, de préférence, gagnent correctement leur vie, ce qui est loin d'être le cas de la majorité) sera garanti car la baisse des cotisations patronales devrait se traduire par des augmentations de salaires... à terme ! Deuxième principe inventé par Nicolas Sarkozy : le patron aime ses employés, il est toujours prêt à se saigner à blanc pour qu'ils puissent tous rouler en Porsche pendant que lui-même et les actionnaires, reconnaissants, accepteraient de rouler à vélo...
Allez, la cerise sur le gâteau maintenant.
Troisième point, l'augmentation (enfin celle qui est prévue) du pouvoir d'achat des salariés sera mesurée après coup (cf. paragraphe ci-dessus), c'est-à-dire après le lancement de la mesure, donc à un moment où il sera devenu impossible de faire machine arrière, sous peine de voir justement les patrons du CAC, en premier (qui en plus auront continué à déserter la France), menacer de fermer tous leurs sites dans le pays pour raison "économique". Troisième principe inventé par Nicolas Sarkozy, donc : le renvoi d'ascenseur par des entreprises qui se remettront à contribuer au développement économique du pays, même si pour l'instant elles ont surtout démontré qu'elles pissaient à la raie des salariés, des Français, de l'Etat... et même de Nicolas Sarkozy (qui semble être l'un des rares à vraiment apprécier ce traitement).
Je crois qu'on va s'arrêter ici.
En résumé, pour tous ceux qui hésitaient encore à voter pour Nicolas Sarkozy, le projet de TVA sociale s'inscrit dans un ensemble beaucoup plus vaste de mesures qui consistent, pour chaque Français qui n'est pas un patron du CAC, à se couper une artère fémorale et à attendre. Attendre pour voir si Laurence Parisot va arriver, nue sous une blouse d'infirmière, pour lui faire un garrot...
A mon avis, les Français vont attendre longtemps. Ils vont surtout expérimenter ce qu'il se passe habituellement quand on se coupe une artère fémorale : le délai de survie ne peut pas excéder quelques dizaines de seconde, le délai de conscience beaucoup moins. Ensuite... le Français meurt et il n'achète plus rien. Fin des théories macro-économiques complètement loufoques du petit Nicolas, car quand on est mort on n'est plus soumis, non plus, au paiement de la TVA.
En y réfléchissant, je me dis qu'on est peut-être en passe d'assister à une réconciliation spectaculaire entre José Bové et Nicolas Sarkozy : avec l'un comme avec l'autre, à la fin, il ne devrait pas rester beaucoup de survivants en France. Mariage en perspective ? Pas tellement de différences en tout cas, sauf qu'avec Bové, ceux qui resteront auront intérêt à filer droit, tandis qu'avec Sarkozy, ce sera le libéralisme dans toute sa "splendeur" : ceux qui resteront et qui en auront encore les moyens devront s'y prendre tôt pour s'offrir un dictionnaire Français-Chinois, avant que les magasins ne soient dévalisés.
Tout çà à cause d'un petit gominé qui n'a jamais mis les pieds dans une entreprise... Pour une rupture tranquille, ça promet ! Que se passera-t-il quand Sarkozy décidera de se mettre au boulot (ou à l'intelligence) ? Faîtes comme moi, économisez pour le dico.
La dépêche Reuters publiée sur le site de l'Express
http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=41038&1837
Les cotisations sociales c'est quoi ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cotisation_sociale
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/protection-sociale/financement/comment-sont-calculees-cotisations-sociales.html
(*) La TVA sociale, tout sauf une idée neuve pour Sarkozy
http://www.cuverville.org/breve78656.html