Président(e) de rien du tout

Dernière ligne droite pour convaincre les électeurs. Un tâche pas évidente quand on lit cet article du Figaro, dans lequel on se rend très bien compte que les journalistes voient tout, nous montrent tout au travers d'un prisme déformant. Ainsi, quand un candidat visite une usine, on dit qu'il veut séduire les ouvriers. S'il se rend dans un village, on dit qu'il veut séduire les ruraux. Et s'il visite une centrale nucléaire ou une autre installation du même type, on dit qu'il veut séduire les scientifiques et les chercheurs.

C'est probablement parce que tous, à commencer par les journalistes et les "analystes", auront cherché, par paresse ou par bêtise, à placer systématiquement les Français dans des cases que nous n'avons pas eu de vraie campagne : on a beaucoup parlé des salariés d'Airbus, des jeunes, des immigrés ou des clandestins mais on n'a jamais parlé des Français. On n'a presque pas entendu le mot "citoyens". Et ceux qui ont le pouvoir de vraiment s'exprimer n'ont jamais parlé des électeurs sans les réduire à un troupeau de cafards qui, une fois tous les cinq ans, ont le pouvoir de s'exprimer grâce à un bulletin de vote.

Restent les blogs... Quel que soit le résultat de l'élection, le vrai débat se sera surtout déroulé sur Internet, avec de "vrais" Français qui ont des idées, qui font des propositions, qui se battent pour défendre une certaine vision du monde qu'ils veulent pour demain et qui ne semblent pas aussi fermés qu'on veut bien le dire à toutes les formes de progrès, celles que l'on nous propose paraissant surtout être des régressions.

Tout cela explique pourquoi la visite de Nicolas Sarkozy à Villepinte dont parle Le Figaro ne pouvait se conclure que par des résultats mitigés. Dans l'esprit des électeurs, la campagne est terminée, d'ailleurs elle n'a pas eu lieu : quels que soient les efforts déployés maintenant par les candidats, il y a déjà ceux qui voteront pour Sarkozy, ceux qui voteront pour Royal, ceux qui voteront pour Bayrou et même, quoiqu'il dise ces jours-ci, ceux qui voteront pour Le Pen. Et puis il y a tous les autres, ceux qui voteront pour l'un des huit candidats qui sont peut-être de trop, et qui ne pourront que ramasser les miettes que les Français voudront bien leur jeter.

C'est la magie d'une élection, telle qu'on la conçoit chez nous en tout cas, où le rôle d'un homme ou d'une femme politique consiste à se payer la tête des Français entre deux échéances électorales, avant de leur promettre monts et merveilles quand ceux-ci ont enfin le pouvoir de décider.

Bien difficile de dire qui finira la course en tête au deuxième tour d'une élection qui n'a jamais dépassé le stade de la fumisterie. Les revirements permanents et les propositions grotesques de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, pendant les derniers jours, ne font pas honneur à la chose politique. Plus que jamais, les électeurs ne voteront pas "pour" un candidat mais plutôt par défaut, parce qu'ils ne veulent pas réellement voter pour tous les autres.

Que peut-on attendre d'un pays dans lequel les principaux partis politiques ne sont même pas capables de propulser des citoyens dignes de ce nom à la candidature pour la fonction présidentielle ?

Rien.

Souvent quand je les vois, "nos" candidats, je me dis que n'importe quel(le) abruti(e) peut devenir Président de la République Française. Pas de programme, pas d'idées, pas de vrais projets, et pour certains un mépris à-peine masqué envers des électeurs qui ne sont même pas considérés comme du bétail...

S'il n'y avait pas les blogs, la masse d'informations disponible et les possibilités d'échange entre internautes sur la toile, pour moi cette élection ne présenterait strictement aucun intérêt. Même si nous votons, elle se sera faite sans nous, et tous ceux qui ont cru à une démarche "participative" ou à d'autres promesses en seront pour leurs frais.

Finalement, à quoi tout cela aura-t-il servi ? A faire bosser des politiques (un peu mais pas trop), qui parfois ne peuvent pas s'empêcher de cracher sur leur propre pays (donc sur nous), et quelques journalistes pour lesquels une plume qui ne serait pas trempée dans la fange ne peut servir à rien.

Pour redresser la France, il faudra sans doute trouver autre chose.

http://www.lefigaro.fr/election-presidentielle-2007/20070411.WWW000000337_en_banlieue_.html

Comments

[Poliblog]

J'ai vu par hasard l'astrologue Elisabeth Teissier qui était si mes souvenirs sont bons l'invitée du grand journal hier ou avant-hier, ou peut-être le jour d'avant je ne sais plus. Elle prévoit déjà des sortes de révoltes de masse ou d'émeutes peu de temps après les élections, mais bon... il faut prendre tout ça de très haut. Cela dit, quel que soit le Président élu, les Français en ont tellement ras-la-casquette que ça pourrait dégénérer si rien de concret n'est proposé rapidement. On peut compter sur l'extrême-gauche, par exemple, pour remettre le couvert sitôt l'élection terminée sur le SMIC à 1.500 Euros, et vu le nombre de smicards et de travailleurs pauvres dans le pays... Bref, ce qui doit arriver arrivera.

[Gilbert Sorbier]

Nicolaï III va être courroné Tsar de tous les comptes en banques, soit 20% de la population.
Bonne chance pour que dans cinq ans on ne soit pas dans un vraie situation de vraie révolution !