Devoir accompli. Et après ?
Ca y est, j'ai glissé mon bulletin dans l'urne vers midi. Finalement je n'ai pas voté blanc. Jusque dans l'isoloir, j'ai hésité entre deux candidats, pliant même un bulletin que j'allais glisser dans l'enveloppe avant d'opter pour un deuxième. La faute à une idée qui m'a traversé l'esprit hier soir et que j'ai eue à de nombreuses reprises depuis le début de cette campagne : pour la France, pour mon pays, pour moi, je me suis souvent dit qu'il ne pourrait rien sortir d'un duel Sarkozy-Royal au second tour. Je me suis dit, au contraire, que la seule "garantie" de changement dans notre pays ne pourrait naître que d'un duel Bayrou-Le Pen.
Qu'en pensent les gens que je connais ? Pas grand-chose. C'est une possibilité que beaucoup ont préféré ne pas évoquer. Quand je fais le compte, on a énormément parlé de cette campagne par rapport à beaucoup d'autres mais jamais, de mon point de vue, on n'a aussi peu parlé de "son" ou de ses intentions de vote. Jusqu'au dernier moment, les rares personnes avec lesquelles j'en ai parlé n'avaient toujours pas choisi leur candidat. L'une d'entre elles, par exemple, a choisi de voter pour un candidat d'extrême-gauche qui, vu de l'extérieur, n'est pas forcément celui qui pourrait le mieux défendre ses intérêts (loin de là), une autre a choisi au dernier moment de voter Le Pen pour provoquer "un changement", une réaction, quelque chose...
A l'heure où beaucoup parlent d'une "non-surprise", qui serait due à un effet réel du vote utile avec lequel les journalistes nous rebattent les oreilles, je me demande si nous ne risquons pas au contraire d'assister à un scénario totalement imprévu. En toute honnêteté, je le souhaite. Je peux même dire que je le désire ardemment ! Bien qu'ils portent certaines valeurs avec lesquelles je ne peux pas être d'accord, je préférerais, par exemple, un duel Besancenot-Bové plutôt qu'un duel Sarkozy-Royal, et je me sens plus que jamais incapable de faire un pronostic pour ce soir... surtout quand je pense à un certain sondage diffusé il y a une quarantaine d'heures, qui laisse redouter un possible bouleversement de dernière minute.
J'estime avoir fait mon devoir en votant pour un candidat "qui a un minimum de chances d'être élu", mais j'ai l'impression que beaucoup d'électeurs n'auront pas fait le même calcul : si Sarkozy ou Royal devait dégager dès le premier tour et qu'il n'en reste qu'un des deux au second, quel qu'il soit, telles que je vois les choses ce serait une sacrée victoire pour la démocratie, même si dans le passé il est arrivé que des démocraties portent au pouvoir des gens fort peu recommandables.