Le sondage qui fait désordre
Dans sa conférence de presse de cet après-midi, François Bayrou parlait de sondages diffusés dans la dernière ligne droite, avant le premier tour, le donnant battu par Jean-Marie Le Pen jusqu'à trois heures de la clôture de la campagne officielle (Bayrou finissant quatrième). Gillou fait remarquer qu'après les médias, qui selon Bayrou l'auraient plus ou moins boycotté en début de campagne, cela commence à faire beaucoup de "boucs-émissaires" désignés par le candidat UDF.
Boucs-émissaires désignés... à tort ou à raison ?
Le 20 avril au soir, j'étais tombé presque par hasard sur ce sondage de l'institut CSA (voir lien en fin d'article) réalisé pour Le Parisien et qui donnait effectivement Le Pen devant Bayrou, avec 16,5% d'intentions de vote pour le patron du FN contre 16% pour le béarnais. La campagne officielle étant terminée, je n'avais pas pu parler de ce sondage qui changeait radicalement la donne. C'est peut-être une bonne chose, car on était vraiment à des années-lumière du score final qui a été de 18,57% pour Bayrou et de seulement... 10,44% pour Le Pen !
Pour Bayrou, la différence de 2,07% est "acceptable", si l'on peut dire, au sens où elle peut s'expliquer par une marge d'erreur que l'on retrouve dans n'importe quel sondage, mais ce qui est tolérable pour Bayrou ne l'est plus quand pour Jean-Marie Le Pen, la différence entre le score annoncé et le score réel est de 6,06%, ce qui ne peut plus se justifier par une approximation ni par un changement d'opinion qui aurait été instantané ou presque pour plus de 2.500.000 électeurs ! Surtout si le résultat de l'annonce est l'élimination définitive, supposée, de François Bayrou dès le premier tour !
La conclusion qui s'impose est surtout une question : François Bayrou a-t-il été, a-t-il pu être victime d'un complot ? Les patrons de l'institut CSA auraient-ils agi sur ordre ou par affinités avec un candidat ? La réponse que je choisis, pour ce qui me concerne, est que "c'est très possible".
Je ne sais pas si beaucoup d'électeurs ont eu connaissance de ce sondage avant le premier tour, toujours est-il que dans l'esprit, la situation pose un vrai problème, car la chute annoncée de François Bayrou par CSA-Cisco était de nature à modifier radicalement le choix de certains électeurs immédiatement avant le premier tour, les amenant à soutenir un autre candidat qui aurait pu être Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal ou même Jean-Marie Le Pen, en tout cas plus François Bayrou.
C'est l'effet très pernicieux des sondages qui est ici en cause : confrontés à une telle situation, plutôt que d'essayer de repêcher un candidat qu'ils avaient choisi au départ mais qui risque de se planter, on sait que beaucoup de votants choisissent au contraire de soutenir un autre candidat également susceptible de répondre à leurs attentes.
Evidemment, chacun est libre d'avoir son avis sur le sujet. De mon côté, je trouve que François Bayrou a raison de faire part de son étonnement, voire de son questionnement, car même si j'avais moi-même un peu oublié ce sondage, quand je regarde les chiffres a posteriori il est clair qu'il y a bien un "problème". Un gros problème, sans parler des électeurs qui ont pu modifier leur choix et dont nous ne connaîtrons sans doute jamais le nombre.
De là à penser que la conférence de presse de François Bayrou a pu être, en partie, un règlement de comptes suite à des indélicatesses que nous ne connaissons pas mais qui pourraient avoir été commises pendant la campagne... Car ce sondage est loin d'être le seul sondage réalisé pour Le Parisien par l'institut CSA qui, jusqu'à la dernière minute, donnait Nicolas Sarkozy à 26,5% et Ségolène Royal à 25,5% (scores finaux : 31,18 et 25,87). Cherchez l'erreur... Ou plutôt les escrocs ?
La présentation, light, faite par Le Parisien du sondage CSA
http://elections.leparisien.com/home/presidentielle/sondages/article.htm?articleid=276053529
Le ficher PDF du sondage CSA-Cisco
http://www.leparisien.com/home/presidentielle/sondages/PDF/20042007.pdf