Bernard Thibaut appelle à voter Ségo, et il est bien le seul
Nombreuses manifestations à l'occasion du 1er mai. Les syndicats en profitent pour faire valoir leurs revendications, à un moment où les deux candidats à l'élection présidentielle se sont assis dessus. Avec Ségolène, il n'y aura pas de SMIC à 1.500 Euros bruts avant cinq ans, soit l'évolution normale du salaire minimum, et avec Sarkozy le droit de grève, selon Bernard Thibaut (CGT), sera gravement remis en cause avec l'adoption rapide d'un projet de service minimum en cas de grève dans les services publics (dont transports). Thibaut s'en fout, il ne prend pas le train tous les matins pour aller bosser. Quand d'autres attendent sur le quai en baissant les bras parce qu'ils sont sûrs de se faire engueuler par leur patron, Bernard Thibaut va saluer des grévistes qu'il n'aurait jamais soutenus s'ils n'étaient pas arrivés à faire parler d'eux dans les médias, ensuite il fait semblant de s'insurger devant les caméras présentes avant de repartir pour se faire une teinture.
Depuis les locaux d'iTélé où il était l'invité de la rubrique politique dans la "matinale", Bernard Thibaut a donné une consigne de vote explicite en faveur de Ségolène Royal, appelant à ne surtout pas voter pour Nicolas Sarkozy, qui selon lui incarnerait une certaine forme de dictature se traduisant par une volonté de mettre les syndicats à genoux. Thibaut est contre le service minimum, mais aussi et surtout contre un projet qui permettrait à des groupes de salariés non-syndiqués de faire entendre leurs voix dans les entreprises, provoquant un affaiblissement des syndicats traditionnels, dont la CGT, qui n'auraient plus vraiment de raison d'être.
Dire que Nicolas Sarkozy veut dynamiter les syndicats est vrai, mais miser sur Bernard Thibaut pour jeter des seaux d'eau sur les bâtons de dynamite... Mon avis est que si Thibaut n'était pas à la tête de la CGT, le syndicat ne s'en porterait que mieux : incapable de recruter de nouveaux adhérents, incapable de défendre les intérêts des adhérents existants, ignoré et même méprisé dans les réunions qui l'ont placé face à des représentants de l'Etat sous Raffarin et Villepin, Bernard Thibaut incarne un syndicalisme irrespectable parce que faible, attentiste et sans véritable stratégie, qui ne défend finalement les intérêts de personne. Avec Thibaut, on est bien loin du syndicalisme "actif" qui permet de faire descendre des centaines de milliers de personnes dans la rue, celui qui permet, surtout, d'obtenir des résultats. La passivité et l'inefficacité de Thibaut sont d'autant plus dommageables à tous (autres syndicats y compris) que les revendications sont souvent légitimes. Pour Thibaut qui ne fout rien, une élection de Ségolène Royal ne serait pas le signe d'un possible renouveau, simplement un moyen de revenir dans le paysage dans un contexte dans lequel Ségo parle beaucoup de dialogue avec les partenaires sociaux. Une opportunité à saisir pour Bernard Thibaut dont le principal objectif est de faire du gras aux dépens des encartés. Je ne vois donc une consigne de vote en faveur de Ségolène Royal que comme une opération de communication de plus, destinée à visser Thibaut dans son siège de secrétaire général, quant aux revendications dont on sait déjà qu'elles ne seront pas satisfaites par Ségolène et ses amis, Thibaut s'en fout... "royalement".
Ailleurs dans le paysage syndical, petite mésentente entre FO et la CFDT, Jean-Claude Mailly (FO) soupçonnant François Chérèque (CFDT) d'avoir donné une consigne de vote en faveur de Nicolas Sarkozy. Chérèque a démenti et Mailly s'est excusé : Chérèque n'avait effectivement donné aucune consigne de vote mais laissé au contraire, comme FO et la CFTC, toute liberté à ses adhérents pour soutenir le candidat de leur choix.
Contrairement à Bernard Thibaut, François Chérèque et Jean-Claude Mailly considèrent que le fait de donner une consigne de vote décrédibiliserait leur syndicat et son action, compromettant le dialogue avec le prochain gouvernement. Je crois que Chérèque et Mailly pensent que Sarkozy sera élu, et que même si ce n'était pas le cas, leur conception du rôle d'un syndicat, qui se doit d'être politiquement neutre, leur commande de ne pas prendre position.
Après l'élection de Nicolas Sarkozy, Bernard Thibaut sera donc, comme d'habitude, enfermé dans le rôle du seul représentant syndical auquel tout le monde tourne le dos. Il s'y sera enfermé lui-même, un peu comme Marie-George Buffet qui n'envisage plus la politique que comme un sabordage de son propre parti, accompagné ou suivi d'une révolte molle contre un système qui serait responsable de la disparition de certaines valeurs. C'est pratique le système, surtout pour les Buffet et les Thibaut qui placent leur intérêt personnel au-delà de toute autre valeur.