L'effet magique de Ségo et l'indélicatesse de François Bayrou
Pour ceux qui ne s'en étaient pas aperçus, Ségolène Royal a terrassé hier soir l'infâme passe-partout de Fort Neuilly. C'est Quitterie Delmas, militante active (voire énervée) de l'UDF et adoratrice de François Bayrou qui nous l'explique dans son blog :
http://lesjeuneslibres.hautetfort.com/
En termes de facilités d'élocution, Quitterie Delmas (vue entre autres sur Canal Plus) est une sorte de mitraillette sur pattes que l'on a parfois un peu de mal à suivre, et quand on y arrive, on se rend compte assez vite que le discours est fortement influencé par les inclinations de Quitterie, sans jamais devenir le fruit d'une réflexion véritablement personnelle.
Après le premier tour marqué par l'élimination de son champion, Quitterie Delmas a appelé à voter pour Ségolène Royal pour faire barrage à l'ignoble représentant de la droite.
La déclaration de François Bayrou disant hier qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy (article paru aujourd'hui dans Le Monde) a été davantage remarquée dans les médias que le dernier article de Quitterie Delmas, bien qu'elle ait été un peu occultée par le "duel" impitoyable qu'est devenu le dernier bout de ligne droite avant le second tour.
Devant les caméras, Ségolène n'a pas réussi à masquer le fait qu'elle jouissait de la situation : "si je suis élue, je travaillerai avec le centre en général, avec François Bayrou en particulier." Etrange conception des critères qui font que certains redeviennent subitement fréquentables et d'autres non, mais bon passons...
De la part de François Bayrou, je considère cette annonce comme une indélicatesse majeure, à laquelle je ne m'attendais pas. J'en viens à me demander si je ne me suis pas laissé berner par Bayrou (aussi), et si la conception qu'il défend d'un centre autonome qui ne serait ni à vendre ni à acheter n'est pas seulement de la poudre jetée aux yeux des gogos avides d'en recevoir (comme moi ?)... Je trouve l'attitude de Bayrou très incorrecte à quatre jours seulement du premier tour. Pour moi, le ralliement tacite de Bayrou à la candidate du parti socialiste est le signe que le "parti démocrate", qui ne verra sans doute jamais le jour sous cette appellation... est déjà de la blague. De là à dire que des personnages comme Robien et Santini sont fréquentables, il y a un pas que je me garderais bien de franchir.
Je plains Bayrou. A mon avis, avec cette déclaration, François Bayrou a gravement compromis son image et les idées qu'il prétend défendre aux yeux de tous ceux qui avaient choisi de le soutenir par "choix", ou en partie parce qu'ils ne voulaient (ou ne pouvaient) pas choisir entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Volontairement ou involontairement, Bayrou était devenu le porte-drapeau de ceux qui désiraient plus ou moins ardemment une "autre" politique. A présent c'est terminé, du moins en ce qui me concerne.