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Poliblog indépendant
5 mai 2007

Dommage collatéral

napalmUn dommage collatéral, c'est un peu comme sur cette photo sur laquelle vous pouvez cliquer pour avoir une idée des ravages provoqués par le napalm. Une vraie saloperie le napalm ! On approche de la cible, on largue sa bombinette, on tire sur le manche et "vlaoutch", tout ce qui se trouvait en-dessous a fondu ! Soldats ennemis, l'écureuil qui bouffait un gland, les femmes enceinte avec leurs enfants, le poulailler du père... ah ben il n'est plus là ! Il ne reste plus rien. Là où il y avait le bras d'un être humain par exemple, on retrouve une sorte de bâton noirci. S'il n'y avait pas ce qui est resté attaché au bout, on ne pourrait même pas dire que "c'était un être humain", avant.

Pour Ségolène les choses se sont passées un peu de la même manière. Dès le début de la campagne, on a assisté à la naissance et au développement d'un front anti-Sarko, qui a commencé avec des conneries d'adolescents. On prenait une affiche de Sarko et on lui dessinait une moustache à la Hitler, on faisait des petits films qui passaient sur Dailymotion ou sur YouTube... Rien de bien méchant, on rigolait entre potes. C'était "chébran" de brocarder Sarkozy, de dire qu'il était dangereux, de répéter inlassablement ses écarts de langage, quitte à les sortir parfois du contexte... Puis ça a commencé à déraper.

Les bandes de copains sont devenues des clans, les clans sont devenus un réseau, et sans que les intéressés s'en aperçoivent, le réseau est devenu une émanation du parti socialiste, noyauté par des militants qui touchent leur bille dans la programmation web ou dans le montage vidéo, encouragé par des copy-writers spécialisés dans les diatribes assassines... Le plaisir est devenu un boulot ou mieux, une religion. Un lien solide et un peu indéfinissable a commencé à unir tous ceux "qui voulaient la peau de Sarko". Dire qu'on voulait buter Sarko ou lui faire bouffer ses talonnettes, ce n'était plus chébran, c'était devenu une nécessité qui en empêchait même certains de dormir ! Enthousiasme contagieux, café, fatigue, alcool et pétards pour certains peut-être...

C'est souvent comme ça que ça commence, quand le pilote du jet est crevé ou qu'il s'est bourré la gueule la veille au soir... Arrivé sur la cible il commence à voir trouble, il fronce les sourcils. "Putain, c'était la colline de droite ou celle de gauche ?". Quelques secondes pour décider, il suit son intuition.

Même chose dans la campagne. Pourtant une élection présidentielle c'est pas une foire d'empoigne ! Quand on ne sait plus si c'était la colline de droite ou celle de gauche, on fait n'importe quoi mais on n'appuie pas sur le bouton !

Le front anti-Sarko l'a fait. Quand tout était déjà allé trop loin, beaucoup ne l'ont pas vu ou n'ont pas voulu le comprendre. On a commencé à en parler dans des blogs, peut-être un peu plus "calmes" que la moyenne. "Pro-personne" ou "anti-tout le monde", "pro-Ségo" ou "pro-Sarko", "la politique me gonfle donc je préfère en rigoler"... Un peu partout, certains ont émis l'idée, ou plutôt dressé le constat que le front anti-Sarko desservait Ségolène Royal beaucoup plus qu'il ne servait ses intérêts. La défense de la patronne du Poitou par la destruction du Napoléon de Neuilly était devenue, en quelque sorte, un sport de jeunes, un loisir d'anciens hippies, une occupation pour des gauchos intellos qui s'emmerdaient, ou une nécessité pour des groupes de sans-papiers ou d'anars contrariés... Rien à voir avec un "vrai" combat. Tout à voir avec un vulgaire lynchage public. Dès lors, les conditions étaient réunies pour que de l'autre côté se constitue un groupe bien plus puissant, car représentant la majorité. C'est la loi de la démocratie, quelle que soit la situation la majorité écrase tout, et ici la majorité est devenue la masse de ceux qui, par principe, n'aiment pas que l'on pende un gars quand on n'est pas sûr que c'est lui qui a tué.

Tout l'intelligence, toute la créativité du front anti-Sarko ont été mises au service de tout un groupe qui s'est probablement, simplement... trop monté le bourrichon. La véritable intelligence aurait été de freiner, de s'avouer qu'en essayant de détruire Sarko on avait de bonnes chances de détruire Ségolène, encore plus de chances, même, quand on pense qu'elle a presque toujours été à la ramasse dans les sondages.

' faut jamais pendre un innocent, surtout quand on ne porte pas l'étoile du shérif ! Pas tant que l'on n'a pas réussi à prouver qu'il est coupable en tout cas, sinon les gens n'aiment pas ça. Ils ne veulent pas vivre avec le remords. Quoique l'on en pense, Nicolas Sarkozy est un homme, la politique est la politique, et il y a des choses qui se font et d'autres qui ne se font pas, comme pour le pendu. En traînant Sarko dans la boue, le front anti-Sarko n'a fait que nourrir l'effectif de ceux qui, sans pour autant le soutenir, refusaient de le voir condamné sans procès, et chaque jour les choses ont empiré, jusque dans la dernière ligne droite, pendant les dernières heures de la campagne : plus on disait que Sarko était dangereux, plus il se trouvait de citoyens qui étaient pris d'une nouvelle envie de le défendre... en votant pour lui !

En langage terre-à-terre "rapide", on peut dire que le front anti-Sarkozy a détruit Ségolène Royal, l'incitant même, peut-être, à aller toujours plus loin dans la diabolisation de l'adversaire. Trop loin, car ce n'est pas du tout ce que la majorité des citoyens attendaient de la campagne.

En langage un poil plus philosophique, on pourrait dire qu'une élection de Nicolas Sarkozy ne serait qu'une conséquence logique des événements et des choix désastreux qui ont été faits, une chose parfaitement normale en somme...

Et en langage militaire, je dirais que Ségo a fini par devenir un "dommage collatéral". Elle ne l'a pas volé d'ailleurs, elle a été jusqu'à se placer exactement au point d'impact ! C'est le voisin, pas très loin, qui était visé, mais la bombinette du début est tombée entre les deux escarpins de Ségolène !!! Une vraie saloperie le napalm, je vous dis... Surtout quand celui qui presse le bouton aime bien celle qui est en-dessous à ce moment-là.

Dans mon langage à moi, ça s'appelle... être con, ou ne pas arriver à voir plus loin que le bout de son nez. La leçon sera-t-elle comprise, cette fois-ci, par les Hollande et consorts ? Entre nous j'en doute. L'une des principales caractéristiques du con, c'est qu'il est incapable de reconnaître ses erreurs. Il est donc condamné à devenir de plus en plus con, fatalement. C'est con, non ?

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Commentaires
P
Je pense que toutes les figures du PS en sortiront affaiblies si Ségolène perd. Le contexte idéal pour tout changer ou pour faire éclater le parti. Allez hop ! Un bon coup de masse là-dedans, ça ne ferait de mal à personne, surtout pas aux militants dont les moins cons devaient attendre tout autre chose !
E
Madame Royal fut la digne représentante, porteuse de son association DDA <br /> Elle a juste eu besoin du soutien virtuel du PS de ses réseaux de ses représentants historiques besoin de valider sa candidature officielle ; Mauroy, Chevènement, Lang incontournable plus réticent mais présent du bout de son suffrage M. jospin. ET dans la dernière ligne droite l’héritière du sphinx Mazarine en personne que font ses grands frères ?<br /> DSK opportuniste dilettante à fait beaucoup de ménages pour Madame Royal pendant cette campagne <br /> Ne doutons pas que dès dimanche soir d’aucuns au PS s’en souviendront que la sanction tombera
J
contre Sarkozy, ce qui revient au même.
M
Je désirais finalement qu'il soit au second tour mais je pense que la gauche n'aurait pas voté pour lui.
P
Pour moi le comportement du PS défie l'entendement depuis... disons 1981. La situation a atteint un point tel que pour modifier radicalement les choses, il faudrait couper la tête du parti. Remplacer tous les Cadres par des gens qui seraient moins cons, plus ouverts, plus fins stratèges aussi, et arriveraient à mettre au placard le socialisme du début du siècle pour proposer une offre qui soit en rapport avec les défis imposés par le monde moderne, c'est-à-dire celui de 2007. Avec le PS actuel on est vraiment loin de réunir tous ces ingrédients. Il risque de disparaître comme les mammouths à l'ère glaciaire. Peut-être parce qu'il est écrit quelque part que tous les pachydermes doivent disparaître en même temps à certaines époques ?
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