DSK : futur mécano du PS ou futur bourreau officiel ?

C'est un peu la question que l'on se pose après avoir lu un article du Temps (journal suisse, voir lien en fin d'article) consacré au Parti socialiste "du 7 mai", qui explique que Dominique Strauss-Kahn paraît être l'éléphant le plus habile pour redresser le parti après la défaite à l'élection présidentielle.

Dans le même article, le Temps rappelle les divisions qui règnent au sein du Parti socialiste avec une Ségolène Royal qui semble vouloir surfer sur son nouveau statut de "sainte", qui a combattu vaillamment avant d'être crucifiée, un Laurent Fabius qui veut ramener le parti sur une ligne anti-libérale "dure" et qui semble plus isolé que jamais, et une troisième tendance strauss-kahnienne composée (on suppose) de ceux qui pensent qu'une ouverture au centre, sous une forme ou sous une autre, est une condition nécessaire au redressement du parti. Cette ouverture nécessaire a été évoquée de façon plus ou moins explicite, dès hier soir, par Ségolène Royal dans le discours qu'elle aprononcé juste après 20 heures, alors que les résultats du scrutin étaient presque définitifs.

Fabius va-t-il être éjecté des débats ? Probablement. Emmanuelli va-t-il lui aussi être enterré avec son projet d'un rapprochement avec l'extrême-gauche ? Pas sûr, car en parlant d'ouverture Ségolène Royal pouvait très bien penser à l'extrême-gauche et non pas au centre de Bayrou, déjà très menacé, ou à un autre centre plus proche de la ligne chevènementiste, ou encore à ce qui pourrait devenir un troisième centre strauss-kahnien... DSK, vu par beaucoup comme "celui" qui peut sortir le parti du bourbier, va-t-il rouler pour Ségo ou au contraire essayer de se débarrasser d'elle ? Mon avis personnel est que DSK va essayer de flinguer Ségo et sans doute Hollande par la même occasion. Ségo arrivera-t-elle à contrer la menace DSK ? C'est possible, avec le soutien des Cadres du parti qui pensent qu'elle est devenue plus ou moins incontournable mais qui sont de moins en moins nombreux, avec surtout le soutien des nouveaux militants qui la voient comme un leader crédible, bien que Ségo soit plus un éléphant femelle qu'un chef de guerre capable de mobiliser massivement des troupes de combat...

Au PS, le seul vrai vainqueur de l'élection est donc, pour l'instant, Dominique Strauss-Kahn. La soirée d'hier n'était pas terminée que déjà des voix, dont celle de DSK, s'élevaient, indiquant que les propos de Ségolène Royal n'engageaient pour l'instant que Ségolène Royal. Un signe, peut-être, que la rénovation voulue par la candidate socialiste pourrait se traduire pour elle par un aller-simple à l'ANPE, ou quelque chose comme ça.

Les atouts de Ségolène ? Un capital sympathie qu'il semble pour l'instant difficile de réduire à néant et un soutien massif des médias qui la voient (surtout) comme une bonne vendeuse de papier. Les handicaps de Ségo ? Beaucoup de Cadres du parti la trouvent conne et veulent désormais sa peau. Même si on savait qu'elle échouerait probablement, on ne lui a jamais reconnu le droit d'échouer. L'avantage d'être une femme qui a pris tout le monde de vitesse et qui a mené sa campagne d'une façon complètement erratique, aux yeux des autres éléphants comme aux yeux des observateurs.

Pour beaucoup, la chasse à l'éléphant femelle est ouverte. Au PS il va falloir baisser la tête, car ça va tirer au très gros calibre, et on est loin d'être tiré d'affaire quand on voit l'évolution du parti socialiste allemand qui a essayé de résoudre le même problème que le PS français depuis... 1959 ! Pas vraiment une réussite.

Au PS, l'heure de toutes les questions
http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=206709

L'ouverture tumultueuse du PS allemand
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sozialdemokratische_Partei_Deutschlands