Sujet pour Gilbert : liens intéressants sur l'anarchisme
Bon, j'ai essayé d'écrire une réponse à notre ami Gilbert qui me dit dans un récent commentaire tout le bien qu'il pense de l'anarchisme (je rigole), mais pour une raison technique qui échappe à votre serviteur, je ne peux pas l'ajouter dans les commentaires, donc j'en fais un petit sujet...
A lire si vous vous intéressez aux "racines" de l'anarchisme en France (la culture générale c'est bien !). Et puis la petite histoire avec Jules Bonnot que je raconte plus bas, trop fort ! Pour ceux que ce genre d'histoires intéresse, je leur conseille de lire l'excellent bouquin sur "Les Grands criminels" d'Alphonse Boudard, dans lequel l'auteur raconte cet épisode carrément grandguignolesque (Bonnot et le gars au crâne troué au bord d'une route avec un flic qui arrive).
... ma réponse à Gilbert :
Dans cet article du Monde Diplomatique, l'auteur fait un parallèle entre le Jihad et l'anarchisme des années 1890, mais le plus intéressant c'est la similarité des contextes entre la France de 2007 et celle de 1890 (vers un retour de l'action violente ?)... Etonnant.
http://www.monde-diplomatique.fr/2004/09/COOLSAET/11443
Ici aussi, des textes intéressants sur le climat des années 1893-1894. Récits d'attentats, récit aussi de l'arrestation mouvementée d'Emile Henry (un vrai film !). Ailleurs on rappelle aussi que Sadi Carno n'a pas été tué au hasard : il avait d'abord refusé de grâcier Auguste Vaillant, anarchiste et auteur de l'attentat de 1893 à la Chambre des députés. On imagine mal aujourd'hui le climat de l'époque, avec des "anars" qui pouvaient surgir de partout et frapper absolument n'importe où, ayant parfois maille à partir avec une police constituée de gars qui coursaient les poseurs ou lanceurs de bombe en pleine rue, le sabre à la main (!), et qui se faisaient plomber à bout portant par les méchants (voir toujours l'arrestation d'Emile Henry) ! La belle époque, quoi... Pas comme maintenant, où les gars qui assurent la protection de Sarko se baladent avec un H&K dans une mallette. Si ça se met à tirer ils t'expédient 900 pruneaux à la minute (2 secondes pour vider un chargeur de 30 cartouches) ! C'est un peu ce qui m'a choqué, d'ailleurs, dans les images de Sarko s'approchant un peu trop de la foule le jour de la passation de pouvoirs avec Chirac. Sarkozy ignore totalement la facilité avec laquelle un seul mec un peu équipé et vraiment résolu pourrait le plomber. N'importe où, n'importe quand... 'serait bien inspiré de relire le texte des liens que je vous donne ici, ça pourrait lui être utile un jour, qui sait ?
http://www.19e.org/documents/troisiemerepublique/anarattentats/sommaire.htm
Enfin, les dérives de "l'action violente" qui ont rendu nécessaire l'élimination, voire l'éradication de la bande à Bonnot, devenue un gang de vulgaires criminels de droit commun.
http://www.historia.presse.fr/data/mag/712/71206801.html
Y'a pas vraiment de "Robin des Bois" dans tout ça, Gilbert, juste quelques allumés complètement désorganisés, pour lesquels tout se fait dans l'amateurisme le plus complet, et plus tard des truands professionnels qui n'ont rien à voir avec une cause quelconque. On tue pour le pognon, pour une voiture, pour un regard de travers, il n'y a aucune morale à chercher ni à trouver.
Les seuls morceaux d'anthologie n'ont rien à voir avec l'anarchisme proprement dit, comme la fois où Bonnot, au bord d'une route, tire une balle dans la tête du propriétaire d'une Delaunay-Belleville pour lui voler sa voiture (son modèle préféré pour les casses, très puissante et rapide pour l'époque). Il fait beau et chaud et alors que le corps de sa victime est toujours bien en évidence au bord de la route avec un trou dans le crâne, un perdreau (ou deux, je ne sais plus) se pointe dans la direction de Bonnot ! Sans se démonter, Jules allonge le cadavre sur le bas-côté, il déplie un journal et le pose sur la tête du mort, puis il s'allonge à-côté de lui, revolver à portée de la main, comme si les deux étaient en train de faire une petite sieste... Le perdreau passe, regarde Bonnot et le mort (je crois même qu'ils se parlent !) et il continue sa route. Le policier n'a pas pensé que l'autre gars pouvait être mort, et il n'a pas davantage suspecté ou identifié Bonnot qui, à ce moment-là, est déjà "très" activement recherché, et dont on connaît bien le goût immodéré pour les Delaunay-Belleville... Dingue, non ?
Et pour la fine bouche, un bon article sur Mesrine qui résume de façon rapide la carrière d'un criminel de seconde zone mais surtout dangereux que beaucoup s'ostinent à voir comme une sorte de résistant anarchiste moderne... La réalité était bien moins reluisante, comme souvent.
http://moreas.blog.lemonde.fr/2007/01/29/mesrine-ou-lart-du-nanar/
D'autres affaires relatées dans le même blog, c'est bien écrit et intéressant à lire.
:)