Plantage complet
Je dois l'avouer, je me suis complètement planté : telle que je voyais la chose après sa défaite à l'élection présidentielle, et l'annonce qui a suivi immédiatement du fait qu'elle se prenait pour le David Copperfield de la politique, seule capable de rassembler le PS pour terrasser l'infâme Sarkozy en 2012, je pensais qu'un groupe de résistants socialistes passerait à l'action pour... tuer Ségolène Royal. L'action, la vraie ! Pas l'action politique, qui consiste à rouler discrètement d'une fesse sur l'autre pour éviter les escarres lors des passionnantes séances à l'Assemblée Nationale, non, là je veux parler de l'action de terrain, celle qui produit des ré-sul-tats, mais pour laquelle il faut retrousser ses manches. Formidable naïveté...
Dans mon esprit, donc, un groupe de résistants courageux devait saboter les freins de la voiture de Ségo et un matin, en allumant leur radio, les Français auraient appris que la veille au soir, on avait retrouvé Ségo les dents encastrées dans un platane sur une petite route du Poitou (les recherches se poursuivant pour retrouver son cerveau). Dans cette sorte de rêve que je construisais au fur et à mesure, les choses se déroulaient à peu près de la même manière pour beaucoup de Cadres socialistes. Fabius ? Tué par une balle de golf. DSK ? Mort en avalant un marteau. Hollande ? Terrassé par la gangrène après s'être piqué le doigt sur une aiguille de rose. On lui coupait un doigt, puis deux, puis tous les doigts de la main (gauche), ensuite on coupait la main, puis le bras, puis la tête... On coupait tout, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les binocles de François.
Mais ne vous y trompez pas, hein, ce n'était pas un "souhait" (quoique), c'était plutôt l'idée qui importait : court-circuiter ! Il fallait court-circuiter. Tous les ronds de cuir qui empêchent le courant de passer entre deux fils, et qui sont si nombreux au PS qu'on ne voit jamais une ampoule s'allumer. Quand Mélenchon et Valls, chacun à leur manière, ont commencé leur caca nerveux, j'ai encore eu la naïveté de croire que quelques-uns les suivraient, ou les précéderaient, ou les accompagneraient pour sortir le Parti de l'ornière, bref, qu'il se passerait quelque chose, n'importe quoi...
Je me suis gouré. J'ai beaucoup surestimé l'intelligence des Cadres du Parti et j'ai beaucoup sous-estimé l'attraction irrésistible qu'exerce sur eux tout ce qui ressemble à de l'or et à des paillettes. Comme l'explique cet article du JDD, qui nous apprend que les socialistes de tous âges et de toutes tendances sont déjà en train de se bouffer le nez pour prendre la tête du groupe PS à l'Assemblée Nationale.
Notez qu'au JDD, on est aussi naïf que j'ai pu l'être en pensant que le Parti socialiste pourrait, un jour, agir comme un seul homme : les journaleux semblent convaincus que le prochain président du groupe PS à l'Assemblée deviendra un acteur incontournable "des prochaines batailles politiques à mener".
T'as raison...
http://www.lejdd.fr/cmc/politique/200725/premier-combat-des-chefs-au-ps_31340.html