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Poliblog indépendant
19 juillet 2007

Doit-on encore "espérer" quelque chose de Nicolas Sarkozy ?

Nicolas_Sarkozy___GuignolAu vu de l'actualité, on peut commencer à se demander si le "mythe" Nicolas Sarkozy n'est pas (déjà) en train de s'effondrer, car après seulement deux mois, les critiques, souvent justifiées, commencent à pleuvoir de tous les côtés, à la fois contre le président de la République et contre l'ensemble du gouvernement.

Des critiques "justifiées" pour lesquelles on peut trouver un exemple quotidien (souvent c'est plus). Par exemple, on peut se demander si François Fillon ne se payait pas ouvertement la tête des Français quand il disait hier (article du Nouvel Obs. dans le sujet sur Rachida Dati) que "s'il faut construire des prisons, on construira des prisons". Une déclaration qui fait ce soir l'objet d'un autre article du Nouvel Obs., d'ailleurs peu loquace sur "ce" sujet, mais surtout une déclaration... proprement scandaleuse puisqu'on ne compte en France, en juillet 2007, "que" 68.000 détenus pour 50.000 places disponibles.

Le gouvernement prêt à construire des prisons (ça va, on est rassurés)
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20070718.OBS7241/le_gouvernement_preta_construire_des_prisons.html

Autres motifs de critiques, la facilité étonnante, déconcertante même, avec laquelle le gouvernement "revient" sur ses projets en les modifiant ou en les étendant, revient aussi sur des annonces qui ne se concrétisent que rarement pour ne pas dire jamais, collectionnant surtout les projets au point mort et ceux qui n'avancent pas... On revient en fait sur tout, on pratique volontiers la désinformation quand on ne se livre pas à d'authentiques numéros d'hypnose collective, si réussis que beaucoup de journalistes oublient totalement (et de façon assez mystérieuse) d'en parler.

Ainsi, à-propos de la construction d'un second porte-avions nucléaire, Hervé Morin, ministre de la Défense interrogé ce matin sur iTélé, a purement et simplement éludé la question (sera construit ? sera pas construit ?), préférant s'enthousiasmer de la participation de 27 délégations européennes au défilé du 14 juillet qui, c'est certain, est un symbole extrêmement fort et de très bon augure pour tous ceux qui rêvent d'une défense européenne unifiée ! Et peu importe si l'un des derniers coups d'éclat de MAM, en tant que ministre de la Défense de Jacques Chirac, aura été de commander il y a trois mois les catapultes du futur jumeau du Charles de Gaulle, qui doivent être fabriquées aux Etats-Unis puisque les Français ne seraient pas aptes, enfin on suppose, à concevoir et à fabriquer ensuite ce type d'engins... Si on lui mettait un Exocet sous le nez, Hervé Morin jurerait "sur la tête de sa mère" qu'il n'est pas du tout au courant de ce que le président décidera !

Idem à-propos du service minimum, sur lequel François Fillon dit aujourd'hui qu'en cas de succès de son application dans les transports publics, le principe pourra être étendu à l'Education Nationale, provoquant immédiatement des torrents de réactions outragées dans l'enseignement où l'on tenait déjà François Fillon pour un exterminateur de fonctionnaires, 17.000 partants ne devant pas voir leur poste renouvelé en 2008. Ici, le plus extraordinaire réside sans doute dans la manière, incroyable, dont Fillon explique "pourquoi il va le faire" : "la démonstration qui sera faite de l'efficacité du dialogue social dans les transports peut ensuite servir de modèle pour être étendu dans d'autres secteurs, dont l'éducation nationale" (voir l'article de L'Express). Vous avez bien lu ! Fillon "ne pense pas" que ça va marcher, il "ne dit pas" que ça va marcher, il considère que ça marche ! Et que l'on peut passer immédiatement à l'étape suivante. N'est-il pas génial, ce premier ministre Français qui sait à l'avance ce qui marche (en se payant presque le luxe de parler au présent), à savoir tout, et ce qui ne marche pas, à savoir rien ?... Soit François Fillon est un génie, dont le niveau d'intelligence dépasse de loin ce qui pourrait être envisagé par d'autres cerveaux humains, soit François Fillon est un petit comique. Donc François Fillon "est" un petit comique.

Fillon veut un service minimum à l'école
http://www.lexpress.fr/info/economie/infojour/infos.asp?id=160399

Idem, encore, à-propos des golden parachutes, pratique à laquelle Nicolas Sarkozy s'était engagé à mettre un terme à de nombreuses reprises à la fin de la campagne présidentielle : ils ne seront pas supprimés, tout juste a-t-on modifié leurs conditions d'attribution puisqu'ils seront désormais soumis à un vote du Conseil d'administration ; il faudra également que les résultats obtenus par un boss sur le départ justifient qu'il quitte l'entreprise avec un parachute. Or, ceux qui lisent simplement les journaux et qui, par voie de conséquence, connaissent un peu le fonctionnement des grands groupes ne verront absolument aucun changement là-dedans. D'une part, on sait très bien que les parachutes dorés sont devenus une pratique quasi-systématique (quels que soient les résultats obtenus), et que leur montant est plus ou moins décidé par les Conseils d'administration avant même que le boss choisi n'accepte l'offre qui lui est faite ; d'autre part, on sait qu'il existe des centaines de critères différents qui permettraient d'évaluer (tout aussi différemment) les résultats obtenus par un grand patron pour aboutir au résultat voulu : transformer n'importe quel échec retentissant (qui ferait chuter le cours de l'action) en réussite exemplaire (qui fait monter le cours de l'action).

On pourrait continuer la liste indéfiniment ou presque : Nicolas Sarkozy se vantait de pouvoir relancer l'Europe, de la sortir d'une situation de blocage en instaurant un mini-traité effaçant le "non" Français au référendum sur la Constitution européenne, mais rien n'a été signé et le contenu exact du traité reste inconnu (le principe d'un nouveau traité ayant, de surcroît, été imposé à la Pologne sous la menace) ; Nicolas Sarkozy se faisait fort d'obtenir un délai supplémentaire de deux ans, auprès des ministres des finances de l'Eurogroupe, pour atteindre une situation d'équilibre dans les dépenses publiques de la France : il n'a rien obtenu ; Nicolas Sarkozy a envoyé sa femme en Lybie rencontrer le dictateur Kadhafi et des infirmières condamnées à mort lors d'un voyage dont le Quai d'Orsay n'a même pas été averti (!) ; et dans un contexte où le "travailler plus pour gagner plus" est très à la mode, on s'aperçoit brutalement que les chauffeurs-routiers et les médecins (en hôpitaux) font des semaines de 50 heures et parfois beaucoup plus, certains faisant leurs 35 heures légales de travail hebdomadaire en... deux jours, pour un salaire équivalent ! Avec (cerise sur le gâteau) impossibilité pour eux d'être payés plus, soit parce que l'Etat ne veut pas mettre la main au porte-monnaie dans le cas des médecins (leur sous-nombre les empêchant de compenser en prenant des jours de RTT qui leur sont dûs "aussi" !), soit parce que la détaxation des heures supplémentaires coûterait trop cher à l'Etat dans le cas des entreprises employant des chauffeurs routiers, dont beaucoup travaillent déjà environ 60 heures payées 35 ou un peu plus... Les routiers resteront donc privés d'heures "supplémentaires" au sens propre du mot, comme ils le sont déjà : ils ne sont actuellement "payés plus" que pendant les temps d'attente liés au chargement-déchargement des camions !

Attaqués parce qu'ils sont attaquables sur absolument tous les plans, les choix et les actions de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement sont encore émaillés de petits scandales, qui n'ont pas forcément quelque chose à voir avec la politique menée stricto sensu. On peut notamment évoquer la carte bancaire pompant directement dans les comptes du Trésor Public qui avait été attribuée à la femme du Président, qu'elle a fini par rendre de peur que l'affaire n'enfle indéfiniment (tout autre moyen de paiement aurait été mieux perçu par un peuple qui, d'ailleurs, n'en aurait même pas entendu parler s'il avait été différent !) ; les démissions en rafales au ministère de la Justice, où personne ne veut plus mettre les pieds à cause de l'insupportable Rachida (voir l'article du Monde) ; le débauchage fort bien mené (pour une fois) de personnalités de gauche qui commence à être très mal perçu au sein même de l'UMP, où beaucoup estiment qu'ils ont plus le droit à une part de gâteau qu'un affreux comme Jack Lang ; le gouvernement "restreint" de 33 personnes, sans compter les éminences grises, les copains des copains des copains, ou les commissions de réflexion présidées par le "papa" du président (E. Balladur) ; les choix de nombreux collaborateurs qui ne reposent pas du tout sur des critères de compétences, quand le président assure que le travail et la compétence doivent être au centre de tout (Borloo, MAM, Bachelot, Boutin, Albanel, Kosciusko-Morizet, Amara, Yade... ça commence à faire beaucoup, surtout si l'on ajoute Laporte qui fait des pubs à la TV pour arrondir ses fins de mois !) ; le révisionnisme, devenu systématique (éclatante démonstration dans la manière dont Fillon explique "pourquoi" il va instaurer le service minimum à l'Education Nationale, bien que ce soit loin d'être fait), qui pousse à déformer la réalité pour voir de l'ultra-positif partout, en particulier là où il n'y a rien de positif ou pire, seulement des échecs en cascades (modification de la structure dirigeante du tandem EADS-Airbus par exemple)... On s'arrête ici, sinon nous serons encore là en 2012, voire en 2017.

Il faut sauver le soldat Dati (où l'on explique que personne ne veut aller bosser avec Rachida)
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-936725@51-917921,0.html

Ce qu'il faut se dire, c'est que tout est pire : les points que nous venons d'aborder ne représentent qu'une petite part de ce qu'il s'est passé depuis le 19 mai 2007, date d'entrée en fonction du premier gouvernement Fillon. Pourtant... En l'espace de deux mois, il ne s'est strictement rien passé ou plutôt, en deux mois il s'est passé nimporte quoi : Nicolas Sarkozy et son "déjà" second gouvernement ont "déjà" fait la preuve qu'aucune question majeure ne sera traitée correctement ou seulement intelligemment, parce qu'aucune question majeure ne sera jamais traitée par Nicolas Sarkozy ou par l'un de ses gouvernements. C'est un fait, l'agitation ne produit que du vent. Ou une élévation de température pour celui qui s'agite.

En dépit d'une agitation perpétuelle que beaucoup saluent à grands coups de chapeau (comme d'autres admirent les paires de seins énormes, sans jamais se demander s'ils sont en silicone), Nicolas Sarkozy ne fait rien ni ne produit rien. Il fait seulement ce "rien" beaucoup plus bruyamment que Jacques Chirac. Beaucoup s'en satisfont, personne n'y est obligé.

Une opinion partagée par Jean-Michel Aphatie dans son billet de "Fin de saison".
http://blogs.rtl.fr/aphatie/index.php/post/2007/07/15/Fin-de-saison

Si Aphatie le dit, c'est que ça mérite réflexion.

Quand le Poliblog le dit aussi, c'est que c'est vrai (ne soyons pas modeste).

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Commentaires
P
J'ai du mal avec Aphatie aussi, surtout avec ses questions dans le Grand Journal de Canal Plus, que je trouve souvent sans intérêt. Je ne fréquente pas davantage son blog, ou alors tellement rarement que j'ai du rater 99,99 % des sujets. Le dernier, toutefois, ne m'a pas paru trop mal (bien que la complainte du journaliste...), peut-être parce que Jean-Michel était inspiré par l'idée de partir en vacances ?
O
Pas du tout apathique, mais tout à fait antipathique et réellement pathétique, sauf pour les colleurs d'affiches du pouvoir.
O
Et encore 68.000... c'est sans compter sur les deux tiers des petits délinquants récidivistes CONDAMNèS que le juge d'app. des peines ne peut diriger vers les prisons, faute de places !
P
Merci pour le long commentaire, Gérard S., merci surtout pour le lien vers le texte du discours de Lagarde, je sens que je vais me régaler ! On dirait du Guaino, aussi creux et autant à-côté de la plaque qu'un discours de Nicolas Sarkozy. Autant certains se félicitaient de la voir à l'agriculture dans le gouvernement Fillon I, autant tout le monde l'a fermée quand, contre tout pronostic, Sarkozy l'a mise à la place de Borloo, qui de son côté a réussi en quelques semaines a faire la preuve de ce qu'il est vraiment, à savoir un nul qui ne sert à rien.<br /> <br /> Hello Marc, je viens d'entendre la nouvelle à la TV pour Klarsfeld. Là, c'est carrément de la provocation (!). Je ferai un sujet sur Arno, qui a plus de points communs qu'on le pense avec... José Bové. Un vrai parcours de schyzophrène. Pour les infirmières et le médecin, je n'ai pas trop suivi les étapes qui ont précédé. On avait surtout le sentiment qu'il ne se passait pas grand-chose, pour Sarkozy l'occasion était trop belle pour ne pas en profiter... et piétiner au passage le travail des autres. Une nouvelle "qualité" à mettre à son actif, peut-être...
M
Bjr Pascal,<br /> Pas bcp de temps mais j'approuve une grande partie de tes propos. Tu as vu qu'Arno Klarsfeld était devenu conseiller de Fillon?<br /> Si j'avais assez d'argent, je partirais bien en Californie comme J.P.Smet qui s'y fait construire une énorme maisons après celles de France, Suisse et S Barth.<br /> <br /> Une piste: demande un poste de conseiller à Sarko! tu écrirais des discours différents de ceux que l'on entend à longueur de jour.<br /> <br /> Tu n'as pas fait allusion à la colère de la déléguée européenne qui est allée depuis deux ans souvent en Lybie et à qui les bulgares doivent bcp alors que l'on ne parle que de la "femme à Sarko".
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