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Poliblog indépendant
8 octobre 2007

La honte

honteC'est terrible de vivre en France. Cet après-midi, j'avais rendez-vous dans une structure financée par le fonds social d'une entreprise qui propose une prestation gratuite d'accompagnement aux demandeurs d'emploi. Vu le temps de trajet, j'ai pris la bagnole, m'angoissant déjà pour les quelques pièces que j'aurais immanquablement à glisser dans l'horodateur à l'arrivée... Point de détail pour ceux qui bossent et qui n'en sont pas à compter chaque euro (pas le cas de tous les salariés), drame angoissant pour ceux qui sont obligés de tout compter.

Sans qu'il soit nécessaire de trop préciser le truc, on me propose un "pack" d'ateliers qui ont l'air relativement intéressants, qui tombe surtout à pic pour moi : après quatre ans de chômage, j'ai le moral au fond des chaussettes, et je commence à penser que le boulot c'est toujours pour les autres, que quand on a envie de travailler (pas plus, juste travailler) dans ce pays de merde, on n'arrive jamais à rien. Les grandes valeurs du moment qui sont la bulle, la corruption et l'hypocrisie ont gangrené une société qui considère les chômeurs comme des déchets, surtout quand ils ne sont pas indemnisés car alors on n'a aucune raison de financer leur retour à l'emploi.

Angoisse... Comment vais-je faire pour expliquer à la responsable du centre que je n'ai pas les moyens de m'offrir un ticket de métro trop souvent ? Que quand je suis à la maison, je saute déjà les déjeuners pour pouvoir m'acheter Marianne ou un bouquin de mots fléchés de temps en temps ? Qu'est-ce que je vais foutre pendant l'heure et demie de la "pause-déjeuner" ? Ou alors... A qui vais-je pouvoir demander de m'aider, encore une fois, pour pouvoir me payer un sandwich ?

J'ai honte. Mais je ne peux pas le dire. Ca ne se dit pas... Après les gens ont envie de savoir, ils posent des questions, te demandent sans pour autant être forcément mal intentionnées de leur raconter par le menu de quelle manière tu es devenu un chômeur, puis un pauvre, puis quelqu'un qui ne mange plus le midi.

Ca a achevé de bousiller mon moral, finalement, cette après-midi dont je pensais qu'elle pourrait le regonfler un peu.

Vu le contexte du moment avec les affaires EADS, Gautier-Sauvagnac, la grande truanderie des chiffres du chômage et les gesticulations d'un type qui ne devrait même pas exister pour chapeauter le tout... ce n'est pas moi qui devrais avoir honte, mais pourtant c'est le cas.

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Commentaires
P
Effectivement, il paraît que la Suisse c'est assez terrible pour les immigrés. Bien pire que chez nous dit-on.<br /> <br /> Pour equilibreprecaire, c'est une bonne idée d'avoir fait un "blog collaboratif sur la précarité de l'emploi". J'y participerai peut-être, à moins d'ouvrir un deuxième blog car j'ai pas mal de choses à écrire sur le sujet et la rédaction serait plus aisée que pour le Poliblog... Dommage que le site fasse quasiment planter mon navigateur à chaque fois que je le lance, je vais d'abord creuser ce sujet-là.
M
je trouve pas que t'aie l'air d'écrire comme qqun qui se sent comme une merde. ni comme qqun qui soit affecté quand des cons le prennent pour une merde<br /> <br /> je prefere quand je sens de la rage, ce qui me semble plus justifié que de valider plus ou moins les gros sous-entendus de notre société (les gens qui font de l'internet au boulot sont des braves gens et ceux qui le font chez eux sont des merdes)<br /> <br /> A part ça, vu ce que je lis sur ton blog, il y a les gens de "equilibreprecaire" qui seraient peut etre intéressés à ce que tu contribue? je dis ça, en mm temps, evidemment c'est pas un job donc c'est un peu HS
M
@Olaf, un bémol pour la Suisse: peut-être n'est-ce pas général, mais les autochtones méprisent assez les "immigrés" qui viennent bosser chez eux.<br /> Il y a du taf dans le domaine médical: aides-soignants, infirmiers, kinés, sans doute professions indignes de ces nantis mais j'ai sans doute des infos incomplètes.
P
Les radars ne sont pas du tout un problème pour le président. Marche avant ou marche arrière, le chauffeur a toute latitude pour appuyer à fond sur le champignon, d'autant plus que dans l'affaire, c'est nous qui payons le carburant !
O
A lire : hoang ngoc dans le monde diplo d'octobre<br /> sur l'évolution de la fiscalité en france qui nous ramènerait à avant 1789. <br /> <br /> La france des rentiers grâce à ceux qui travaillent plus, chéris par sark et pour cause. Finalement, le président accélère la marche de l'histoire, mais sa boite de vitesse n'a que la marche arrière et pas de rétroviseur. Il va bien finir par se faire flasher par un radar pour circulation à contre sens.
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