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Poliblog indépendant
13 octobre 2007

"Médecins" : ces larves qui détruisent des vies

souffrance

Où l'on parle un peu du trou de la Sécu et des franchises médicales.

Ca faisait un moment que je voulais parler du trou de la Sécu dans le Poliblog, en prenant comme exemple un cas que je connais bien puisqu'il s'agit du mien. Il est temps de l'avouer, "j'ai" été le trou de la Sécu à une certaine époque ! En effet, à moi tout seul, je représente plusieurs milliers d'euros de dépenses totalement inutiles, pour la collectivité comme pour moi et sans aucune contrepartie ni contribution de ma part puisque j'étais déjà un demandeur d'emploi non-indemnisé et sans autre revenu que le RMI au début de la période dont je vais parler ici...

J'ai quelquefois parlé de mes problèmes "de dos" dans le Poliblog, laissé transpirer une certaine forme de haine, bien réelle, que je nourris à l'endroit des médecins... Avant, je ne les connaissais pas, enfin pas vraiment. Jamais malade, jamais mal nulle part, jamais à chouiner quand je me faisais un petit ou gros bobo... Jusqu'au jour où ça a changé, et depuis lors j'en ai rencontré des médecins ! Combien ? Dix ? Vingt ??? Plus, peut-être. Je serais bien incapable de le dire entre les consultations, les rendez-vous à l'hosto, les rares appels à SOS Médecins pour demander qu'on me "pique", sans parler de toutes les consultations qui n'ont duré que quelques minutes et que j'ai oubliées, car lorsqu'il est confronté à un cas dont il estime qu'il le dépasse, ben il faut le savoir, le médecin tend à... rapidement se débarrasser du problème, en se débarrassant rapidement du patient.

Bref, ne comptez pas sur moi pour prendre un jour ici la défense des médecins, généralistes ou spécialistes, docteurs ou professeurs, internes ou anciens des hôpitaux de Paris (où il n'y a guère que ma grand-mère qui n'ait jamais travaillé, finalement)... Mes statistiques personnelles ? Rien de vraiment précis, j'aurais dû prendre des notes. A vue de nez, sur dix médecins, six sont des branleurs avérés et deux autres sont des incompétents notoires, qui considèrent le patient comme une source de profit, un bout de viande ou un cobaye consentant sur lequel on peut tester la dernière molécule "très efficace" d'un labo qui vient de les inviter en week-end... Les deux qui restent compatissent, avant de baisser les bras.

C'est vrai qu'elle est belle, la médecine française, surtout vu de chez Michael Moore, parce que vu de chez moi c'est un peu différent : la médecine française permet à n'importe quel cancrelat, mâle ou femelle, d'engraisser indéfiniment aux frais d'une collectivité qui va de plus en plus mal, jusqu'au jour où soit le médecin meurt de ne pas avoir réussi à se soigner (comme le cardiologue qui meurt d'un infarctus, c'est du vécu), soit il part à la retraite, soit il a bousillé trop de gens pour qu'on puisse décemment lui permettre de continuer à exercer. Encore faut-il que ça se sache, que chaque jour des médecins bousillent la vie des gens, parce que quand ça arrive, accroche-toi pour prouver que le gars qui devait te soigner t'a foutu en l'air ! Accroche-toi aussi pour demander à un médecin ce qu'il pense de la prescription hallucinante d'un confrère, qui compose des cocktails si détonants qu'ils te transforment en pile électrique, voire en centrale nucléaire ! Cinq ans après, tu sens toujours le courant passer !!! Enfin, aux endroits où il passe encore bien sûr...

Non, ami lecteur, ce n'est certainement pas ici que tu trouveras un laïus sur la qualité de la médecine française ou sur l'excellence des médecins de métropole et d'Outre-mer... Ce n'est pas ici non plus que l'on te dira que si tu as un vrai problème, aux centres antidouleur de la Salpêt ou de Georges Pompidou par exemple, on te recevra toujours comme une MERDE, avant d'expérimenter toutes sortes de traitements sur toi : après tout, qui sait, un jour tu pourrais avoir envie ou surtout besoin d'aller dans un centre antidouleur ? On ne peut quand même pas t'empêcher de vouloir te soigner ! Et puis tu fais sans doute partie de ceux qui boivent les conneries qu'on raconte et qu'on montre quotidiennement dans une émission comme Le Magazine de la Santé, sur France 5, où l'hôpital est toujours un lieu d'efficacité suprême, où le médecin est toujours un humaniste réputé, un génie authentique, un magicien même, qui a juste besoin de te regarder dans le blanc de l'oeil droit pour te guérir de n'importe quelle affection !

Pourtant il est là, le trou de la Sécu, dans tout ce bordel... Indescriptible ! Quant à la France, ben elle va de plus en plus mal, mais peut-il vraiment en être autrement ? "x" millions de Français qui ont mal au dos (pas tous comme moi heureusement), "x" millions de Français qui prennent des antidépresseurs à tire-larigot pour pouvoir faire face au quotidien, "x" millions de Français qui ne dorment plus, sans que l'on sache très bien pourquoi, "x" millions de Français qui boivent, fument ou se droguent avec autre chose mais tout le monde s'en fout... On se fout même du suicide, devenue la première cause de décès dans certaines tranches d'âge, et qui finit tôt ou tard par tenter tous les patients atteints de fibromyalgie, un énième petit "truc" dont beaucoup de médecins ignorent tout, car on ne peut pas en même temps faire ses courses sur Ooshop et consulter des sites Internet de vulgarisation médicale qui permettent au patient d'être... souvent mieux informé que son médecin !

Chez nous, comme la politique, la médecine a toujours marché à coups de jeanfoutreries et surtout à coups de biftons. Biftons qu'aiment collectionner les trouducs qui n'ont aucune vocation, et dont un trop grand nombre arrivent sans problème à devenir médecin, car tout compte fait le métier est aussi complexe que celui du mécanicien qui répare une bagnole... Biftons qui financent des équipements qui dispensent définitivement le médecin d'apporter le peu d'humanité que souvent, il n'apportait déjà plus dans la relation de médecin à patient aussi, à l'époque ou pour diagnostiquer un truc, on te fout dans une machine qui va prendre des clichés de ton corps sous tous les angles, parce que c'est bien moins soûlant que de t'écouter... Biftons, toujours, dont tout le monde veut recevoir sa part, du coup on forme, on forme, tant et si bien qu'on finit toujours par "déformer", par tout déformer aussi.

Mon avis n'engage bien sûr que moi, mais aujourd'hui plus que jamais, j'ai l'impression qu'on ne forme que des petits cons depuis une bonne trentaine d'années, des branleurs qui n'ont pas la vocation, et qui comme certains de leurs aînés ont choisi de "faire médecin" pour gagner du pognon, comme d'autres choisissent de se mettre au vélo pour se muscler les guiboles (sauf que là, c'est sur la tête du patient qu'on appuie avec le pied). Médecin il faut dire, ça rapporte tellement "plus" !

Un peu partout on le dit, un peu partout on le déplore, en évacuant toujours soigneusement le problème posé par tous ceux qui devraient peut-être faire l'objet de toutes les attentions de la "médecine", ceux qu'elle a détruits ou qu'elle n'a jamais réussi à soigner...

Je fais partie de la deuxième catégorie, c'est sûr, de la première aussi peut-être ? Fidèles à eux-mêmes, les médecins ont toujours refusé de me répondre sur ce point, parce que chez ces gens-là, on ne commente pas monsieur (ce que font les confrères), non, on ne commente pas.

Eh bien je vais commenter tout seul alors, pour une fois je vais parler de "moi", du moins de la partie cachée, de celle dont je n'aime pas particulièrement parler ici. En lisant entre les lignes, vous allez plonger "dedans", dans le trou de la Sécu, comme si vous y étiez ! Avec en prime quelques moments de la vie intime d'un "élargisseur du trou". Bien modeste, évidemment, puisque j'ai coûté beaucoup moins cher à la collectivité que tous les médecins qui se branlent les couilles et qui ne soignent jamais personne, mais la version "patient" c'est quand même mieux que rien. Après tout, nous sommes dans un blog, pas dans une publication professionnelle, donc vous allez voir comment ça se passe côté patient. Vous trouverez peut-être déchirant ce témoignage d'un type qui souffre, certains n'en auront rien à foutre, en fait cela n'a pas vraiment d'importance...

Disons que pour ceux qui me lisent et qui s'intéressent aux sujets du trou de la Sécu et des franchises médicales qui sont censées le combler, ils comprendront peut-être que quand j'entends des fumiers du ministère de la Santé dire qu'on va venir à bout du premier grâce aux secondes, ça me donne des envies de meurtre, ainsi qu'à d'autres (j'aurais pu intituler cet article "Au nom de tous les miens", en référence à tous ceux qui souffrent et que la médecine -donc l'Etat- laisse crever... Je pense en particulier aux vrais fibromyalgiques -dont je ne fais pas partie-, qui sont un cas à part dont tout le monde se fout royalement, sauf eux et quelques autres comme moi bien sûr) !

Mes fidèles lecteurs comprendront aussi pourquoi j'aurais bien passé un coup de lance-flammes sur la très récente manif d'étudiants en médecine qui refusent toute nouvelle contrainte, notamment celle qui permettrait de leur dire où ils ne doivent plus s'installer pour un certain nombre d'années : les braillements de ces petits cons, futurs rentiers, ont quelque chose d'insultant, d'inadmissible même pour ceux que leurs aînés laissent déjà crever la gueule ouverte.

Bien sûr, tous les médecins ne sont pas bons à jeter au feu mais quand même... Peu s'en faut ! La plupart de ceux que j'ai rencontrés étaient incapables de faire la différence entre la goutte au nez, un coup de froid, un rhume, une grippe, une angine, une laryngite, etc., alors pour soigner quelque chose qui dépasserait le stade de la coupure au petit doigt je n'en parle même pas.

Ce que je pourrais dire de ma relation "tendue" avec les médecins, au moment où j'écris ces lignes, c'est que dans ma vie j'ai connu deux périodes de bonheur total : la première, c'est quand je n'allais jamais les voir, parce que je n'étais jamais malade, et la seconde, c'est depuis que j'ai cessé d'aller voir les médecins, parce que j'ai accepté l'idée que la plupart d'entre eux sont de dangereux branquignols. Vous me direz, un branquignol, en lui-même, ce n'est pas un personnage dangereux !... Mettez-lui un stéthoscope autour du cou et on en reparlera.

Bon allez, je ne vais pas passer toute la nuit à vous parler des médecins et de moi par la même occasion. Le point de départ de ce sujet, dans lequel je me suis un peu emporté (beaucoup même), c'est que je voulais répondre à un commentaire de Marc, qui me demandait dans un autre sujet si mon dos allait mieux... Ca m'a bien fait marrer ! Le pauvre Marc ne pouvait pas savoir, forcément, alors je vous raconte "tout", comme ça tout le monde "saura" et après on n'en reparlera plus. Plus jamais idéalement.

A l'avenir, c'est pas compliqué, vous faîtes comme si j'étais le docteur House pour ceux qui connaissent : quand je m'isole, quand je disparais, quand je ne bouge plus ou quand, à certains moments, le rythme du blog devient quelque peu chaotique, ça peut ne rien vouloir dire du tout, tout comme ça peut vouloir dire qu'il ne se passe rien dont j'ai envie de parler ici. En quelques mots, ça peut vouloir dire que je n'ai pas de morphine, pas les moyens d'aller voir tous les médecins que je devrais voir, ni l'envie de recommencer tout le "cirque" que je connais bien et qui ne m'a jamais conduit nulle part en cinq ans. Dans ce dernier cas de figure, ça voudra dire aussi qu'en cinq ans une bonne vingtaine de médecins n'ont pas fait leur boulot, permettant peut-être à ce blog d'exister (?)... Je vous raconte cette connerie pour finir mon introduction sur une note optimiste, qui fera certainement plaisir aux naïfs qui veulent croire qu'il y a toujours un aspect positif dans toute chose...

Allez, je réponds à Marc à présent.


Ca fait cinq ans que je n'ai plus de dos, Marc, ça a commencé avec un premier épisode insignifiant il y a six ans. Un an après, quand j'ai commis l'erreur de prendre aveuglément le cocktail de médicaments proposé par un généraliste (en 2002) et ça a été, quelque part, la fin de ma vie. Comme entrée en matière, une semaine complète couché par terre avec des douleurs fulgurantes, in-sou-te-nables... Sensations de décharges de 100.000 volts sous les omoplates, brûlures, coups de couteau, de hache, de lance ou de tournevis, sensations d'os brisés en mille morceaux dont chaque éclat te rentre dans les muscles, comme si on tapait dessus avec une masse, plus les effets secondaires souvent sympathiques des médicaments : tremblements, picotements qui se transforment en milliers d'aiguilles qu'on t'enfonce dans les doigts, problèmes de préhension aussi, quand tu as l'impression d'avoir en permanence une balle de tennis dans la main et que tu ne peux même plus tenir un verre d'eau sans finir plutôt tôt que tard par le lâcher... Impression que ton bras est "mort".

C'est plus un bras d'ailleurs, que tu as, juste un bout de viande superflu. Il devient lourd, pesant, il se balance sans que tu comprennes pourquoi, comme si tu étais une marionnette dont on aurait coupé un ou plusieurs fils à hauteur de l'épaule... Tous les mouvements deviennent incroyablement fatigants, du moins pour ceux que tu arrives à faire, parce que lever le bras, c'est fini, et la rotation de l'épaule, c'est terminé. Te servir de ta main pour manger par exemple, ça devient un vrai sport, aussi épuisant que si tu courais depuis des heures... Alors radios, scanners, IRM, avec à chaque fois des médecins qui sont infoutus de te dire ce que tu as, et chacun qui interprète les clichés d'une manière tellement différente du précédent que tu te dis que c'est pour la caméra cachée, qu'on t'a fait une piquouse pendant que tu dormais pour te couper un nerf, et qu'à présent des millions gens te regardent tous les soirs sur une chaîne câblée en se fendant la gueule...

Après, c'est la descente aux enfers qui continue, les symptômes qui disparaissent, puis qui réapparaissent avec d'autres. Ca se multiplie, les douleurs changent d'endroits, avec des pics qui te clouent au sol (au sens propre), où le contact de n'importe quel dossier de chaise que tu ne supportes plus... Tu ne supportes plus qu'on te touche, non plus : quand ta femme te passe simplement la main dans le dos, tu fais un bond de trois mètres en hurlant ! Pas super pour le couple... Après il y a ce qui se voit, par exemple la fonte musculaire de l'épaule et du bras. Le matin, tu te regardes à poil dans la glace et tu vois tout disparaître, petit à petit. Toujours sans savoir pourquoi... Biceps, triceps, muscles de l'avant-bras, plus ça fond moins tu peux faire de choses. Si tu as du bol, tu remercies Dieu d'être touché au bras gauche quand tu es droitier comme moi (ou inversement pour d'autres peut-être). N'empêche que te voir fondre, comme ça, moralement c'est dur-dur. Là où il y avait de la matière, du relief, ça disparaît, tu as presque l'impression que ça meurt, que "tu" meurs à petit feu. Mais comme tu refuses de crever, comme tu veux savoir et comme, surtout, tu crois que tu vas pouvoir reprendre ta vie d'"avant", parce que bien sûr tu ne conçois pas de rester comme ça (au début), tu vas voir des médecins. Tous les médecins !... Et tous continuent leur cirque, chacun y va de son diagnostic-pronostic personnel, comme si on était à l'hippodrome en train de demander au lad si un cheval a bien chié la veille pour savoir si ça vaut le coup de parier dessus, ou s'il risque au contraire de s'effondrer comme une merde avant la ligne d'arrivée...

Dans ce cas-là, le cheval, on l'oublie et on mise sur un autre ! Tout ce que les médecins savent faire. Pour les médicaments par contre, c'est l'avalanche. Après tout, le trou de la Sécu est déjà tellement grand, qu'est-ce qu'on en a à foutre ? On te prescrit tous les anti-inflammatoires existants (en quantités industrielles), tous les décontracturants ou/et myorelaxants, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que rien ne marche, puis on passe aux antidouleurs d'une autre catégorie, qu'en temps normal on réserve aux épileptiques, notamment ceux qui coupent les signaux nerveux (aux effets secondaires terribles), avant de passer, pour voir, aux traitements que l'on prescrit habituellement aux cancéreux en phase terminale... Ca peut durer des mois, pour moi ça a duré des années.

Ca représente des milliers de comprimés. Dans les phases aigües, je carburais à une vingtaine de gélules, comprimés, liquides à prendre en gouttes tous les jours, toujours fournis sur ordonnance, avec au final des vertiges, des problèmes de mémoire (toujours pas réglés aujourd'hui), l'impossibilité de te concentrer, de chier, de pisser... A force de te voir souffrir comme une bête qui viendrait de prendre une centaine de plombs de calibre 12 dans l'échine, un médecin plus humain ou plus compétent que les autres accepte enfin de te prescrire de la morphine, seule capable de te soulager, et là tu revis (dans mon cas, la morphine est la seule chose qui ait jamais vraiment marché) ! C'est tellement bon de retrouver un semblant de vie, d'arriver à devenir une caricature de ce que tu étais avant que tu fais tout pour qu'on augmente la dose, tout pour avoir moins mal (car à doses trop faibles, comme on la prescrit habituellement à ceux que l'on soupçonne d'être tarés -c'était le cas pour moi-, l'effet de la morphine reste très limité), en expliquant à ceux qui pensent que tu vas devenir un junky que "non", tu n'es pas "accro", que la morphine, pour toi c'est un médicament, et certainement pas une quelconque forme de drogue !

Alors on t'en donne, on augmente les doses, et tu peux enfin te laver les cheveux, t'asseoir, te lever sans que la douleur te cloue. Tu sais, tu sens que la douleur est toujours là, qu'elle n'a pas quitté ton corps, mais que par la grâce de la morphine elle ne t'atteint plus. Plus on augmente la dose, plus tu peux faire de trucs, te remettre à sortir de chez toi par exemple, aller acheter du pain, aller voir tes parents qui se demandent pourquoi tu ne viens plus... S'ils savaient (ils en ont pleuré, un jour où ils m'ont vu cloué par terre par la douleur, implorant pour qu'on me donne un objet afin que je puisse mordre dedans)... Faire une petite sortie, comme ça, c'était le bout du monde pour un mec qui se tordait constamment de douleur, pour lequel le plus petit mouvement était devenu une torture digne de ce que les bourreaux nazis faisaient subir à leurs victimes, quand ils testaient sur elles l'évolution des brûlures chimiques avec toutes sortes de produits que parfois ils mélangeaient spécialement pour l'occasion !

Il faut être passé par là pour savoir ce que c'est, la peur face à une maladie inconnue, dont tu ne sais pas où elle va s'arrêter ni même si elle va s'arrêter un jour, la peur face aux médecins, qui pédalent tous dans la semoule, mais qui restent très fiers d'eux, qui t'expliquent que c'est "dans la tête" et qui, quand ils pataugent, font toujours semblant de parfaitement maîtriser la situation... Ca te fait flipper encore plus, ajouté à ton corps qui se déforme, qui commence à ne plus ressembler à rien (et là c'est réellement dans la tête que ça se passe, car une fonte musculaire localisée n'est vraiment pas le bout du monde, mais le tableau d'ensemble fait que ça devient une déchéance de plus que tu refuses absolument d'endurer).

Généralistes, rhumatos, neurologues, neurochirs, électromyogrammes, autres radios, autres scanners, autres IRM... Les consultations, examens et bien sûr dépenses se multiplient, et là tu te dis que c'est quand même une belle invention la CMU, que si tu devais tout prendre en charge tu n'aurais jamais les moyens ! Tu te dis que sans cette aide tu te serais déjà pendu, parce que ça doit faire "moins mal" une pendaison, parce que ça mettrait un terme à ton calvaire quotidien surtout ! Moralement, paradoxalement (dans mon cas), tu as un moral en béton armé ! Obligé !!! La douleur, que dis-je, la "souffrance physique" (expression à employer pour être entendu par les médecins, à défaut d'être écouté), permanente, est telle que tu te dis que si tu commences à plier, tu ne t'en sortiras jamais. Il faut pourtant plier un peu quand même, pas comme moi qui ai d'abord violemment rejeté l'idée d'avoir à dépendre sans cesse de médicaments pour mener une vie normale... La douleur "aidant", j'ai fini par rentrer dans le rang, me faire à l'idée : les médicaments, morphine surtout, c'est très bien, ça t'évite de te flinguer ou de sauter par la fenêtre quand la douleur est intolérable, c'est-à-dire souvent. Il te faut juste accepter de devenir, en quelque sorte, un spectateur de ta propre vie, condition essentielle pour supporter les branleurs en blouse blanche qui te traitent volontiers comme un cobaye, expérimentent des trucs sur toi, te proposent un rendez-vous par mois dans les centres antidouleur...

Rapidement, tu as envie de tous les buter. Si ton bras et ton dos fonctionnaient normalement, tu prendrais leur tête dans tes mains et tu serrerais, tu serrerais, jusqu'à entendre un craquement qui t'enchanterait, jusqu'à voir un bout de cervelle jaillir de ce qui leur sert de crâne... Tu n'es pas vraiment hargneux, pas vraiment aigri, tu deviens juste fou, peut-être parce qu'au fond tu te dis que c'est le seul moyen de supporter tout ça. En parlant de toi, tu en arrives à te dire "dis donc, qu'est-ce qu'"il" a mal aujourd'hui !"... Et tu attends. Un an. Deux ans. Trois ans... Tu vas voir des médecins, tu ingurgites des quantités de gélules, tu écoutes les diagnostics défiler, toujours différents parce que sinon, tu comprends, le médecin n'apporterait pas "sa" patte personnelle dont j'ai parlé dans un autre sujet, si importante pour tout docteur en médecine qui se respecte... Tu attends, et il ne se passe jamais rien, jusqu'au jour où on te coupe la CMU et où tout est terminé : à présent tu peux crever, faire une croix sur la morphine, parce que tu n'as pas les moyens de payer les consultations, oublier les spécialistes aussi, qui ne savent jamais rien...

Tu me demandes si c'est "terminé", Marc ? Rien n'est terminé ! Ca recommence tous les matins, et le plus souvent ça dure jusqu'au soir, en empirant à chaque minute qui passe du lever au coucher. La seule chose qui ait vraiment changé, c'est que je l'ai ac-cep-té. Je me suis fait à l'idée qu'il n'y avait peut-être rien à faire. Il m'a fallu environ trois ans et demi pour me faire à l'idée que ma vie ne serait peut-être plus jamais la même, que la douleur serait toujours là, pour accepter qu'il existe partout des sièges qui vont me bousiller le dos, pour accepter aussi que la plupart des mouvements que je dois faire vont déclencher une nouvelle douleur, augmenter celle qui est déjà là, etc.

Je fais semblant tout le temps, je suis devenu un spécialiste. J'essaie surtout de préserver ma femme, qui "ironie" du sort a des symptômes de névralgie cervico-brachiale en ce moment (super)... Quant à moi finalement, aucune réponse. Alors je considère que c'est terminé, qu'il y a eu une vie "avant" et qu'il y a une autre vie "depuis", si toutefois on peut appeler ça une vie. Entorse cervicale, hernie cervicale, névralgie cervico-brachiale ou d'Arnold, fibromyalgie, lésion d'un ou de plusieurs nerfs, problèmes osseux indéterminés, lésions des muscles paravertébraux d'origine inconnue, dépression, cancer, dinguerie, syndrome de Münchausen... Petit échantillon de tout ce qu'on m'a servi au cours des cinq dernières années, pour tenter de me faire croire que demain, c'est-à-dire aujourd'hui, ça pourrait aller mieux, le problème étant que ça n'a jamais été mieux. Tu rajoutes les douleurs aux cervicales, apparues il y a un peu plus d'un an et demi, les migraines à te taper la tête contre les murs ou à te flinguer, environ trois ou quatre jours sur sept, et là tu obtiens l'auteur d'un blog qui essaie de se changer les idées, qui se dit d'ailleurs au moment où il écrit ces lignes que tout ce cirque a peut-être pour unique raison de lui permettre de ne pas réaliser que pendant qu'il écrit, le niveau de douleur atteint parfois des sommets inconnus de la plupart des gens... Trop cool, je suis devenu explorateur en souffrance physique !

Mais ça va, je ne me plains pas, je sais que ça pourrait toujours être pire. Ouais, à présent je sais ce qu'est le niveau maximum de douleur que je peux supporter, et je sais aussi que la plupart du temps je n'"y" suis pas. J'en suis déjà revenu plus d'une fois et si cela s'avérait nécessaire, je sais que j'arriverais encore à en revenir. Le (formidable) pouvoir de la volonté, parce qu'il faut quand même en avoir pour faire face à tout ça (mal au dos, chômdu, avec des enfoirés de recruteurs qui ne répondent même pas aux emails que tu leur envoies...). Et puis les muscles ont repoussé depuis, avec de l'exercice, les problèmes de préhension ont disparu, les tremblements aussi... Il ne reste plus que la douleur finalement, "assez forte", quasi-permanente, que je supporte plus ou moins bien en général, sauf certains jours où l'intensité fait que j'ai vraiment du mal à prendre sur moi. Dans ces moments-là, je me dis que je devrais appeler un médecin ou aller en voir un, mais c'est payant et j'ai pas le pognon, et puis généralement ça se passe mal, alors je prends quand même sur moi, parce que ça au moins c'est gratuit, et parce que si je dois avoir mal, ben je préfère gérer ça tout seul dans mon coin. Reste que certains jours, j'aimerais bien avoir de la morphine sous le coude, quand la douleur est insoutenable, mais même ça j'ai fini par apprendre à le supporter.

Tout ça pour dire, Marc, que non, mes problèmes ne sont pas finis. La seule chose que je me demande en fait, c'est s'ils auront jamais une fin, parce que je ne peux pas m'empêcher de croire qu'il peut y avoir une lumière au bout d'un tunnel dans lequel je marche depuis... juillet 2002. On ne va pas passer la journée là-dessus, j'en parle une fois mais ensuite je n'y reviendrai pas, sauf peut-être pour dire un jour que je ne suis "pas en état" d'écrire. Ce jour-là Marc, amis lecteurs, il ne faudra pas vous demander ce que j'ai : j'aurai trop mal, c'est tout. Encore envie de vous parler, peut-être, de toutes les couches que je n'ai pas ajoutées au mille-feuilles, des kinés (100 séances ? 120 ? Je sais plus...), des ostéos, des séances de stretching que j'ai faites à la maison parce que c'est gratuit, en pensant naïvement que ça aurait un effet sur la douleur alors que la seule chose que ça a changé, c'est que je pouvais cavaler dans les escaliers tout en faisant la grimace ! A quoi bon aussi parler des triptans, de toutes les saloperies à plus de 60 euros la boîte de quatre ou six comprimés, toujours remboursés par la Sécu, tellement chers qu'on te file une petite boîte en plastique avec pour en emmener deux quand tu dois voyager ! Aucun intérêt tout ça. Le trou de la Sécu, je n'ai plus rien à voir dans cette merde. Ca fait deux ans que je n'ai plus vu un médecin.

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Commentaires
P
Il ne se passe jamais rien pour ce genre de gugusses qui savent évidemment tout, jusqu'au moment où l'on s'paerçoit qu'en termes de savoir c'est déjà le bout du monde s'ils arrivent à lacer leurs pompes le matin. Parfois, je me dis que le système Américain du "tu me coupes un ongle trop court, je t'attaque !" a du bon, chez nous il permettrait de faire la grande lessive que le monde médical ne peut pas se permettre de faire, puisqu'on retrouve souvent les pires branques aux postes clés... Comme dans n'importe quelle entreprise ou pays, finalement. :(
K
tu sais, mon père a ressenti une douleur continue et intenable à la hanche pendant 8 ans suite à la mise en place d'une prothèse de la hanche.<br /> 8 ans à voir des médecins qui le prenait pour un fou ou un simulateur.<br /> Jusqu'au jour où un jeune interne en médecine lui fasse passer une radio et vois ce que des grands pontes (dont 2 professeurs) n'avaient pas vu.<br /> Ils avaient entourés la prothèses de fils de fer qui rentraient dans ses muscles!!!!<br /> <br /> Mais ma pire expérience avec la médecine fut celle ci.<br /> Quand mes jumeaux sont nés, 1 mois aprés,le second a commencé à vomir tous ses repas, il maigrissait.<br /> Pédiatre qui donne un traitement anti reflux avec un médicament très cher (le mopral).<br /> 15 jours plus tard, il vomissait du sang et une nuit cesse de respirer:direction les urgences.<br /> C'est normal.<br /> Mon mari a eu une sténose du pylore à 3 semaines (le muscle entre l'oesophage et l'estomac est trop gros et empèche la nourritture de passer), il en fait part à l'interne qui nous envoie paître (je suis polie)et nous réponds:"on ne va pas faire une échographie pour une hypothèse, ça coûte cher à la sécu!"<br /> Une semaine après, face à l'état de santé de plus en plus préoccupant de mon fils, je retourne à l'hopital.<br /> Il était redescendu en dessous de son poids de naissance et son pronostic vital était réservé.<br /> On lui a fait l'échographie et il avait une sténose du pylore!<br /> On l'a mis sous perfusion pendant 5 jours avant de l'opérer.<br /> Et les suites opératoires n'ont pas été simples (notamment au niveau de l'alimentation!).<br /> Mais comme il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas, j'ai revu cet interne un matin dans le hall de l'hopital.<br /> Et , on a pu apercevoir à l'hopital de villeneuve st georges, une petite blonde surexcitée courant après un interne en lui hurlant dessus!!!<br /> Est ce que cela l'a fait se remettre en question.<br /> Surement pas.<br /> J'ai écrit une lettre au directeur de l'hopital pour remercier le service de chirurgie pédiatrique et l'équipe de permanence ce jour là d'avoir sauver mon fils.<br /> Mais je lui ai aussi fait part de mon histoire avec cet interne comptable à la sécu.<br /> Cela fait 2 ans maintenant.<br /> J'attends sa réponse
O
Un con instruit a la capacité et l'avantage de pouvoir paraitre intelligent face à un imbécile analphabète. <br /> Après le bac j'ai hésité à faire médecine, trop peur de l'encilage et du bourrage de crâne.<br /> <br /> Les études de droit c'est pas éloigné et ça donne le statut social de celui qui maitrise le jargon du pouvoir. Les séquelles et effets secondaires de ce type d'études sont parfois ravageurs sur les egos affaiblis.
O
Pas touche aux médocs ?
O
Il n'y a aucune raison que les médecins soient moins cons que la moyenne, au contraire !<br /> Au contraire, puisqu'on ne leur demande QUE d'apprendre par coeur !<br /> La connerie est d'autant plus forte qu'elle est instruite, puisqu'elle peut s'appuyer sur un jargon pour dissimuler sa microcéphalite.<br /> <br /> Tout ça pour dire qu'on ne peut en vouloir à un médecin de faire des erreurs, le pauvre il fait ce qu'il peut !<br /> <br /> Par contre quand ses erreurs sont le fruit de son refus d'écoute, donc de son égo sur-boosté (mes saignements, tes réactions au réveil), là, f&udrait bien instaurer la loi du coupes/burnes !
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