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Poliblog indépendant
6 novembre 2007

Le Guilvinec : Sarkozy reçu comme un poisson-chat

poissont_chat_g_antAu Guilvinec, ce matin, Nicolas Sarkozy a été reçu avec autant d'enthousiasme qu'un poisson-chat par des pêcheurs qui auraient bien enfoncé un hameçon dans la bouche du chef de l'Etat, avant de traîner le corps gesticulant derrière un chalutier lancé à pleine puissance. Normal, peut-être, car quand on y réfléchit, le marin-pêcheur que Nicolas Sarkozy connaissait le mieux avant ce matin, ça avait toujours été le Capitaine Igloo.

Résultat, le "Sarko-show", comme on commence à dire dans les médias (i>Télé), ne s'est pas tout à fait déroulé comme prévu : alors qu'il essayait de convaincre les pêcheurs qu'il allait résoudre tous leurs problèmes, même ceux qui ne se posent pas encore à eux (le furoncle au pied de la Raymonde, par exemple, femme du capitaine du chalutier bleu là-bas à droite), l'un d'entre eux a accepté la proposition de Sarko qui lui demandait de s'approcher, et il a exécuté en public un président qui ne devait pas s'attendre, après un premier échange déjà tendu dans un dépôt SNCF de Saint-Denis, à ce qu'on le prenne une nouvelle fois à partie : "C'est toute la France qui est dans la merde !". "Y'en a marre !". Ouahou.

Sarkozy ne savait pas que ces peuplades primitives que l'on trouve entre autres au bord de l'Atlantique ont la faculté de parler, qu'elles ont même la faculté de brailler pour se faire entendre quand on les pousse un peu à bout !

Pas vraiment la faute du Popeye neuilléen, qui depuis des années n'a plus vécu autrement que dans le confort ouaté de sièges épousant la forme de son cul, dans des mairies, dans des conseils de ministres, dans les burlingues de copains chefs d'entreprise où un siège lui est toujours réservé (jamais le moins confortable)...

Il ne sait pas ce que c'est, notre bon président, de se lever tous les matins, ou plutôt toutes les nuits pour embarquer sur une coquille de noix qui gigote comme la clope d'un parkinsonien ; il ne sait pas non plus ce que c'est, de se faire fouetter la gueule par des embruns qui vous détruisent la peau, et qui font qu'à cinquante ans vous avez le visage plus fripé que le cul de Pierre Mauroy... Comment voulait-il que le courant passe avec des pêcheurs ? Des vrais ? Bien stupide, au fond, cette idée que le courant pouvait passer alors qu'on se trouvait si près de la flotte, de la "grande bleue" comme préfèrent dire les potes de Nico, où Sarkozy aime surtout faire le cake en scooter alors que d'autres, tous les jours, y laissent un bras, une jambe, la vie parfois. Sale matinée pour monsieur je-vais-t'apprendre-la-life, mais il y avait des chances pour que ça tourne en eau de boudin, à défaut de tourner en eau salée.

Refusant malgré tout de se fermer comme une huitre, Sarkozy a fait ce qu'il sait faire de mieux, il s'est mis à marcher en crabe, abordant de côté des pêcheurs qui, trompés par le mouvement, n'ont plus remarqué que le petit bonhomme brandissait toujours ses pinces.

Pour sortir de l'impasse, promesses... Presque un raz-de-marée : pendant une période reconductible de six mois, on va supprimer la totalité des charges patronales et salariales qui vident le portefeuille des pêcheurs ; deuxième mesure et non des moindres, grâce à ses connaissances en conception de moteurs diesels, l'ingénieur Sarkozy va mettre au point un nouveau type de moteurs qui consommeront beaucoup moins de gazole, et si ce n'est pas encore assez, on va intégrer la hausse du prix du gazole au prix du poisson, afin que les forçats de la mer fassent, enfin, payer tous ceux qui sur le continent ignorent le sacrifice quotidien de héros dont certains ne sont jamais rentrés à la maison.

Technique habituelle de Nicolas Sarkozy, qui a découvert que mieux que de diviser pour régner, on pouvait toujours désigner un coupable pour mieux gagner l'adhésion de ceux qui vont marcher dans la combine, croire vraiment que leurs problèmes sont toujours la faute de "l'autre". Dire que le cadavre de Jésus regarde tout ça sans rien pouvoir faire, lui qui depuis deux mille ans assiste à la destruction du Monde en restant cloué sur sa petite croix en bois...

Pourtant ça a marché. Les pêcheurs se sont calmés. Avant de se dire, peut-être, qu'on les avait pris pour des tétards, et que dans le fond, la venue de Sarko au Guilvinec n'avait rien démontré d'autre que la légèreté avec laquelle le président traite invariablement tous les problèmes qui pourrissent vraiment la vie des Français, de "chaque" Français, beaucoup d'entre eux n'ayant déjà plus les moyens de s'offrir du poisson avant application de ce qui sera peut-être appelé une "taxe gazole", si la mesure, qui risque en réalité d'achever tous les pêcheurs de France, devait jamais voir le jour bien sûr...

On se félicite, toutefois, que Nicolas Sarkozy ne soit pas allé au bout de sa pensée, à l'image de Lagarde qui conseille maintenant aux Français de rouler à vélo, car alors c'est sûr, les pêcheurs auraient attrapé la machine à jacter et l'auraint jetée au fond du port du Guilvinec, après l'avoir harponnée puis avoir emmailloté le corps dans un filet, une quantité raisonnable de béton attachée aux pieds : bientôt, pour calmer les esprits des pêcheurs, qui en ont marre de se mouiller pour que dalle, ne sera-t-on pas obligé de leur avouer que le moteur "économique" auquel Nicolas Sarkozy pensait, c'est le moteur à... bras ? Vous savez, la pogne. Celle qui tient le bout de bois, qu'on enfonce dans la flotte et que l'on tire vers soi en souriant (forcément puisqu'on veut travailler plus). En français ça s'appelle une rame. En langage sarkozien, ça s'appelle, euuuh... traiter un problème.

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Commentaires
P
Comme vous y allez ! Il faudra garder de la place sur les navires pour stocker le poisson que nos galériens ne manqueront pas de ramener ! :)
V
Et la pêche en pédalo ? Hein pourquoi pas ?<br /> <br /> Arf mais ça créerait certes moins d'emplois qu'une petite galère à trois bancs de rameurs ^^
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