Pêcheurs : ils ont fait plier Sarkozy
Première vague scélérate pour Nicolas Sarkozy, qui avait déjà lâché du lest sur de nombreux dossiers depuis son élection en mai : quelques jours à peine après avoir entamé une grève consécutive à une énième hausse du prix du gazole, une poignée de pêcheurs costauds et suffisamment énervés ont obtenu, en moins de 48 heures, ce que des centaines de milliers de fonctionnaires moins violents n'obtiendront plus de la part du chef de l'Etat. A moins de se pêcheuriser. Vertu du dialogue à coups de gourdin... La rue ne le fera pas plier ? C'était vrai, ce sont les pêcheurs qui l'on fait plier ! La première fois, la plus importante, celle qui fragilise la pièce. En incitant peut-être d'autres à se demander si la semaine prochaine, il faudra encore partir en manif avec un portable et un peigne...
On ne fait pas trop de publicité autour des événements dans les médias, mais hier à Lorient, de "violents" affontements (on y revient) ont opposé des pêcheurs à des CRS, les premiers tirant à la fusée (tir décrit comme nourri), les seconds répondant par des tirs de grenades lacrymogènes : avalées comme des gouttes de pluie par des hommes qui en ont vu bien d'autres, et qui se contentent de garder un doigt sur la barre quand n'importe quel petit dur de banlieue serait en train de vomir tripes et boyaux sur le pont, sous réserve qu'on ne l'ait pas jeté par-dessus bord ou bouclé à fond de cale, là où autrefois on mettait le charbon. Faut pas les chercher les pécheux !
Comprenant que l'opposition était plus forte, bien plus déterminée que prévu surtout (raffineries bloquées, ô mon Dieu !), le gouvernement a choisi de trancher dans le vif en baissant son slip, jusqu'au genou dans un premier temps : 30 centimes le litres de gazole et détaxation via suppression des charges patronales et salariales, avec effet immédiat s'il vous plaît ! De la belle ouvrage, pour des furieux en bonnet qui, au fond, ne seraient jamais descendus de leurs bâteaux si on ne les y avait pas poussés.
De la belle ouvrage aussi pour le gouvernement, et même pour Nicolas Sarkozy, qui ne va pas manquer de se poser en rédacteur d'un acte d'armistice qu'il n'aura même pas signé. Raisonnable... Ca change. Car après le frotti-frotta au Guilvinec, et les incidents qui ont démarré pendant que le président était absent, rendant une nouvelle fois visite à son copain George (pour une visite au cours de laquelle Sarkozy a crié son amour pour l'Amérique, comme il ne l'a jamais fait pour la France), les Français n'auraient pas toléré de voir des pêcheurs, courageux comme pas deux, pris à partie par des CRS, qui tiennent maintenant un peu de la police privée, tous pressentant que l'on a besoin de garder intacts les hommes en bleu : ça va jouer de la matraque, dans pas longtemps, et plus ça ira mal, plus ça va se passer loin de Lorient.
En attendant, ils sont trop forts, ces pêcheurs, qui ont été jusqu'à obtenir la libération d'un des leurs, attrapé par les bleus... avant que la nuit tombe !
Dis Nico, toi qui sais tout, tu l'avais pas vue arriver celle-là. Je veux dire la pliure... Ca fait mal ?
Marins pêcheurs : violents affrontements à Lorient
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