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Poliblog indépendant
11 novembre 2007

Premières dames : elles finissent toutes au même endroit

p_re_LachaiseHier soir sur France 3, diffusion d'un documentaire intitulé "Premières dames", dans le cadre de l'émission Personnel et confidentiel. Si l'on a pu se faire une vague idée de ce qu'a pu être la vie à l'Elysée pour les femmes de présidents sous la Vème, d'Yvonne de Gaulle à Cécilia Sarkozy (enfin, presque Cécilia), on a surtout découvert la manière dont des premières dames qui n'avaient rien demandé à leur mari avaient pu la ressentir, la supportant plus ou moins bien en fonction de chacune.

Yvonne de Gaulle, notamment, ne s'exprime tout simplement pas dans le document, d'une part parce qu'elle est décédée il y a vingt-huit ans, ce qui ne facilite guère le dialogue, d'autre part parce qu'Yvonne était bien moins loquace que celles qui lui ont succédé, et qui ont toutes accompagné ou subi une certaine évolution des médias, s'illustrant après Yvonne par de nombreuses images en couleurs.

Yvonne, c'était pas un premier prix de beauté. Plutôt la franchouillarde de base, avec quelques dents de traviole et des joues de bonne paysanne qui devaient inspirer confiance aux gens de l'époque. Goût de chiottes pour les fringues, sachant qu'en ce temps-là il y avait moins de choix que maintenant... Pour se distinguer, Yvonne misait plutôt sur les chapeaux. Plein de chapeaux. Souvent horribles, en forme de paquet, de boule un peu écrasée ou ce genre de trucs. Et comme Yvonne ne cause pas, on en fait le tour aussi vite qu'on fait le tour des horreurs qui lui servaient de couvre-chef.

Après le noir et blanc d'Yvonne arrive Claude Pompidou, femme de Georges, qui ne se passionnait guère pour la politique et que son président de mari appelait "Bibiche" : premières images d'un couple présidentiel qui se montre dans son intimité, du moins dans ce que l'on veut que les Français croient qu'elle a pu être. Plutôt branchouille, Claude, elle aime bien causer, ne craint d'ailleurs pas de s'exprimer devant un objectif hors de la présence de son mari pour parler de son dada favori, l'art moderne, dont elle a toujours été férue.

Claude adorait, notamment, les toiles constituées de pâtés de couleur verticaux. Plus c'était vilain, plus elle aimait. Elle avait un certain penchant, aussi, pour les meubles "modernes" de l'époque (69 à 74), à savoir les trucs qui ne ressemblaient à rien, aux formes rondes ou aux formes anguleuses, l'essentiel étant que le meuble soit moche et qu'il occupe le plus d'espace possible, alors Claude en était littéralement dingue (plus tard, Anne-Aymone a bien vite bazardé toutes les merdes de Claude, disant qu'elles avaient mal vieilli, mais on devine que sa motivation a dû être tout autre). Il ne reste que quelques images de tout ça, surtout depuis que Claude a passé l'arme à gauche. On imagine qu'elle a laissé derrière elle un impressionnant stock d'"oeuvres", qui sont allées tout droit à la benne quand elle a rendu son dernier soupir, le 3 juillet de cette année...

Mais longtemps avant la disparition de Claude survient celle de Georges. C'est alors Anne-Aymone Giscard d'Etaing qui entre en scène, ou plutôt, qui se planque derrière le rideau : discrète, maladivement timide diront certains... L'air distingué mais plutôt dans le style gourdasse, parce qu'à défaut de briller Anne-Aymone donne souvent l'impression de trembler, de vaciller à l'intérieur (c'était il y a trente ans, elle a un peu changé depuis).

Anne-Aymone est la première première dame de la Vème République à avoir demandé qu'on lui installe un bureau à l'Elysée. Elle a donc "sa" pièce, avec un burlingue, un siège et de quoi écrire, et on suppose que de 74 à 81, Anne-Aymone a finalement noirci bien peu de papier, bien qu'elle dise avoir répondu à des lettres qui étaient envoyées à Valéry par des Français qui étaient au bord du désespoir... Signe que l'on s'occupait encore d'eux à cette époque-là ?

Si c'était le cas, ça ne le sera plus avec Danielle Miterrand, personnage que l'on connaît mieux que la silencieuse Anne-Aymone. Comme d'habitude, Danielle profite du doc pour faire l'apologie de son défunt mari. A l'écouter, François était carrément Super Résistant. Risquant sa vie à chaque minute, sauvant une France de lâches où personne ne se doutait de rien.

Si elle ne craignait pas que l'on vérifie ses dires, certains acteurs de l'époque étant encore vivants, Danielle Mitterrand affirmerait sans doute que François faisait sauter les têtes des Allemands si vite (avec un sabre de cavalerie) que dans la plupart des rues de Paris, on devait systématiquement les ramasser avec un bulldozer au petit matin. Pour le reste, Danielle est, on le savait déjà, une femme qui a toujours "travaillé" à l'Elysée, montant d'abord des associations si j'ai bien compris, puis ensuite la fondation France Libertés qui nous est plus familière, que certains n'hésitent d'ailleurs pas à appeler foncation France Libertés - Danielle Mitterrand...

Pour faire son travail, Danielle avait (mais ça ça vient d'une source personnelle) fait tirer plus de cent kilomètres de câbles téléphoniques au château, et lorsqu'elle nous parle de son action dans le documentaire, elle oublie volontiers de préciser que France Libertés recourait abondamment aux avions du GLAM (actuel ETEC), gratuits puisque payés par le contribuable, dont les moyens étaient encore illimités en ce temps-là.

Attitude critiquable pour une première dame ? On se dit oui, jusqu'au moment où il devient question d'examiner le cas non moins épineux de Bernadette Chirac : en quelques mots, Dédette se prend pour la Reine du Monde, on la voit même menacer quasi-ouvertement de représailles un élu local qui ne s'opposerait pas à la fermeture d'un bureau de poste en pleine cambrousse, auquel tient vaguement une obscure connaissance de Bernadette...

Quand elle ne menace pas au nom de son mari, Bernadette nous fait pénétrer, dans un autre style que Danielle, dans ce qu'en psychiatrie on n'hésiterait pas à appeler un délire mégalomaniaque : à l'Elysée, Bernadette "est" la maîtresse de la première maison de France, alors la vieille contrôle tout, fourre son nez partout, on la retrouve toujours en train de fureter quelque part entre la cave et le premier étage, accompagnée mais faisant quand même en sorte de faire irruption dans une cuisine, par exemple, pour expliquer aux cuistots comment il convient de présenter un plat (!), etc.

A voir les images, on se dit que personne ne pouvait aller pisser à l'Elysée sans que Bernadette Chirac ne vienne immédiatement frapper à la porte, pour demander si "l'on en avait encore pour longtemps"... Les cuistots, en tout cas, n'ont jamais eu le droit de lui lancer des hachoirs au visage, donc Bernadette a continué ses inspections continuelles, appris au téléspectateur que si elle n'avait pas été là, deux fuites d'eau au moins seraient passées inaperçues au premier étage de l'Elysée ! Pfiou, la France a eu chaud...

Manière subtile de nous informer que Jacques Chirac n'a pas passé douze ans à l'Elysée pour rien, pour ceux qui en douteraient, la principale réalisation de ce dernier ayant été de faire entrer dans la place une tordue qui prenait son pied en harcelant les employés et qui traquait les gouttelettes le reste du temps... La première "opération pièces jaunes" aurait-elle pu être montée simplement pour permettre à tout le monde de respirer à l'Elysée ? Plausible.

Fin du documentaire, avec l'arrivée de Cécilia Sarkozy à l'Elysée, qui dès le jour de l'investiture de son mari débarque avec toute la smala. Il ne manque que les pliants, le parasol et la crême solaire, éventuellement le poste de radio pour que monsieur puisse écouter RTL tout en regardant ce qui se passe dans la cour. Et c'est tout ! On n'en apprendra pas davantage sur Cécilia, qui ne s'exprime pas pour parler de la dure vie de première dame dans le film, à l'inverse de toutes celles qui l'ont précédée sous la Vème, à l'exception d'Yvonne bien sûr, qui rappelons-le a eu l'incorrection de mourir avant le tournage.

Que font-elles, à présent, les ex-premières dames de France ? Pour les deux premières, on vient encore d'en parler, Yvonne et Claude bouffent les pissenlits par la racine, ce qui limite quelque peu leurs activités quotidiennes... Anne-aymone, de son côté, s'est lancée dans je ne sais plus quoi d'associatif qui n'a aucun intérêt, et qui l'a amenée à croiser récemment Pécresse, terrifiante Valérie dont le visage est toujours autant de travers, et qui incidemment a accueilli Anne-Aymone avec une politesse teintée de mépris caractéristique de nombreux porte-flingues de l'équipe sarkozyenne.

Danielle, la veuve, continue de s'occuper vaguement de son association et va sortir prochainement un bouquin, "Le Livre de ma mémoire", qui paraîtra le quinze de ce mois : ne pas acheter évidemment, et si on vous l'offre pour Noël, voir s'il y a moyen de se le faire rembourser dans une librairie en prétendant que vous avez perdu le ticket de caisse, car avec les bouquins de Danielle généralement ça marche.

Bernadette ? La dingue ? Elle a accompagné Bibiche un peu partout (solidarité entre premières dames oblige), quand cette dernière était trop faible et qu'elle ne tenait plus sur ses gambettes, qu'elle avait gardées fines : on les voit marcher dans la rue à Paris, se faire passer un coup de brosse à reluire dans un salon en Amérique, par des gens que Bibiche doit rencontrer dans le cadre des activités de son association de quelque chose... Puis, parfois, on revient sur Bibiche seule, qui, à l'approche du trépas, donne l'impression qu'elle cherche à se remplir une dernière fois les mirettes d'images de ces toiles immondes qu'elle a tant affectionnées tout au long de sa vie... Emouvant (ma préférée, Bibiche !). Dédette dit ensuite qu'elle va continuer les pièces jaunes, mais on reste un peu sur notre faim, puisqu'on ne sait finalement pas qui elle peut bien harceler à présent...

Quand le documentaire se termine vraiment, on est toujours sans nouvelles de Cécilia, passée du statut de première dame à celui, pas forcément moins enviable, de première ex.

Ben... T'es où, Cécilia ? Qu'est-ce que tu fous maintenant ?... Hein ??? "Tu souffles" ?... Ah bon.

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Commentaires
P
J'ai raté un épisode Pierdon. :)
P
Je pense que c'est le document que je t'avais envoyé !
P
Merci Marc, merci aussi à Oz pour les infos. A-propos de Barack et d'Hillary, il semble qu'il vaut mieux ne pas trop chercher à discuter avec eux, le niveau des conversations atteignant rapidement le même que si l'on conversait avec un oeuf dur. Principale différence entre les deux candidats, le sexe, l'âge, la couleur si l'on peut dire et la quantité de bourrelets où là, c'est Hillary qui l'emporte haut la main. Si elle est élue, et tout compte fait ça a de bonnes chances d'arriver, je me demande si, à l'image de Bill, est se fera choper après s'être fait faire une petite gâterie à la Maison Blanche par un jeune stagiaire aussi dévoué que la jeune Monica... ;-)
O
Hier soir JON Stewart à "épinglé" les futures 1ère dames (potentielles) des USA (Mme Obama, Mme Swartzeneiger, Mme Mc. Cain, etc) qui s'étaient réunies devant la TV pour débiter des anecdotes personnelles et de lieux communs:<br /> Le ridicule ne tue plus nulle part !!!
M
Elle a passé les vacances aux USA avec LEUR fils, sa fille, son fur gendre et?<br /> Bravo pour cet article puisque je n'ai pas vu l'émission.
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