Grèves : le gouvernement fait un premier pas en arrière... pour mieux revenir à la charge
On parlait hier de la sorte de flottement qui semblait régner au sein du gouvernement quant à la position qu'il convenait d'adopter face aux grévistes des transports, qui mobilisent en ce moment l'attention au point d'éclipser tous les autres conflits : nouveau changement de position en forme de recul pour le gouvernement ce dimanche, puisque Xavier Bertrand a fait savoir hier que les négociations tripartites voulues par certains patrons de syndicats pourraient s'ouvrir sans que la reprise du travail soit effective.
Vu de l'extérieur, il semble en réalité que le ministre du Travail ne s'attendait pas du tout à ce que les arrêts de travail restent aussi nombreux pendant le week-end, or non seulement la situation ne s'est pas améliorée, mais elle s'est même détériorée en région parisienne où demain, plusieurs lignes de métro devraient connaître un trafic totalement nul.
Futés, les grévistes jouent même au chat et à la souris avec un gouvernement qui dans bien des cas en sera réduit à attendre de voir jusqu'où les syndiqués sont capables d'aller. Ainsi, sur les lignes de métro et de RER qui passent habituellement par la gare du Nord, elle-même desservant l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, des rames devraient circuler demain, mais... elles ne devraient pas marquer l'arrêt à la gare du Nord, coupant du même coup la première gare d'Europe de l'aéroport de Roissy et inversement... Très mauvais pour le tourisme, d'autant que les visiteurs déjà présents dans la capitale commencent à grommeler, eux qui n'étaient pas venus spécialement à Paris pour tester une nouvelle paire de chaussures de marche...
Si François Fillon et Xavier Bertrand ont toujours au moins deux arguments en commun, ceux de dire que la grève dérange les Français et que la réforme des régimes spéciaux a été voulue par eux (opinion qui peut se discuter), il n'en demeure pas moins que le gouvernement a dû assouplir sa position pour tenter de désamorcer un conflit qui semblait bien parti pour se prolonger au moins jusqu'au week-end prochain, entraînant des perturbations qui commencent à influer considérablement sur toute l'activité de la région parisienne et qu'il fallait donc stopper : ce sera le principal objectif de Xavier Bertrand pour la semaine prochaine, bien plus important que celui de négocier avec des syndicats auxquels on a déjà prévu de tordre le cou une bonne fois pour toutes.
Reste à savoir si les instances dirigeantes desdits syndicats arriveront à convaincre les militants de se remettre au travail, certains, en province surtout, refusant catégoriquement de le reprendre s'ils n'obtiennent pas un "quelque chose" qui n'est pas encore défini dans la plupart des cas !
Bien que fort éloignée de l'extrême fermeté réannoncée la veille (!), la nouvelle attitude du gouvernement n'est sans doute pas la plus mauvaise, puisqu'à brève échéance elle va permettre d'entamer un peu plus la "légitimité" que certains prêtaient encore au mouvement des cheminots, légitimité de plus en plus contestée par d'autres qui se refusent toujours à admettre que le jour où les cheminots cotiseront réellement quarante ans, cela signifiera que les salariés du privé cotiseront un, deux ou trois ans de plus... L'égalité à la sauce sarkozyenne, sans doute.