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Poliblog indépendant
30 novembre 2007

Pouvoir d'achat : victoire majeure des mauvaises fréquentations de Nicolas Sarkozy

Nicolas_Sarkozy_et_Laurence_Parisot_2Tout le monde, je suppose, attendait impatiemment l'interview de Nicolas Sarkozy hier soir sur le thème du pouvoir d'achat. Fortement parasitée dès le début par les événements qui se sont déroulés à Villiers-le-Bel, le dérapage d'introduction traînant tellement en longueur que certains téléspectateurs ont bien dû finir par trouver "suspects" les longs développements que Sarkozy s'est fait un devoir de collectionner, parlant "voyous" alors que tout le monde attendait surtout du président de la République qu'il parle du porte-monnaie des Français...

On a fini par y arriver. A l'énorme déception. Car pire que de n'avoir rien changé à ses projets initiaux, dont aucun ne tient véritablement la route, il est apparu hier soir que contre toute attente, Nicolas Sarkozy "croyait" réellement à ce qu'il répète depuis des mois. Un choc et une révélation pour ceux qui, comme moi, pensaient naïvement que Sarkozy jouait les cons depuis le début et qu'il n'était qu'un nuisible parmi d'autres. Un autre choc et une autre révélation pour ceux qui croyaient que Sarkozy pouvait encore en avoir sous le pied, alors que question relance du pouvoir d'achat, l'homme commencerait plutôt à être au pied du mur. Les premiers ont dû rester absourdis à la fin de l'entretien de Sarko avec Poivre et Chabot (à quand le remplacement tant attendu d'Arlette ?), les seconds ont dû aller compter le pognon qu'il leur restait : bon réflexe ! Parce que le pognon, c'est terminé. Il n'y aura pas de hausse du pouvoir d'achat. Rien, nib, que dalle, zéro !

Pour avoir un ordre d'idée du ridicule des propositions du chef de l'Etat en matière de relance dudit pouvoir d'achat, on peut retenir l'exemple significatif, cité par Sarkozy lui-même lorsqu'il parlait d'un retour au plein emploi... : d'après les chiffres élyséens (pas franchement les mêmes que les chiffres non-officiels, mais passons), il y aurait deux millions de chômeurs en ce moment, et le mois dernier 23.000 emplois auraient été créés, ce qui est un signe très encourageant, voire une performance annonce fièrement notre Sarkozy... qui dans la foulée s'engage sur un retour au plein emploi en 2010 !

Problème de niveau CP, voire de niveau maternelle : 2.000.000 de chômeurs divisés par 23.000 emplois créés en un mois (puisque c'est déjà un bon score selon lui, et que l'on se place dans une hypothèse où tout roulerait à merveille pour Sarko), ça fait combien de mois pour arriver au "plein emploi", soit à un taux de 5% de chômeurs environ ?

Nicolas_Sarkozy_et_Jacques_AttaliNe cherchez pas... Même si, pour faire un énorme cadeau à Nicolas Sarkozy, on prenait 5% de 2.000.000 au lieu de 5% d'un nombre beaucoup plus élevé de salariés (pour arriver à un nombre de chômeurs qui serait très inférieur aux meilleures prévisions du chef de l'Etat), il faudrait... 82,6 mois pour arriver au plein emploi, soit 6 ans et 10 mois. En clair, dans une hypothèse si incroyablement optimiste qu'elle en devient tout aussi fantaisiste, pour ne pas dire totalement ridicule, le plein emploi serait atteint en France en... septembre 2014.

Il y a un problème quelque part.

Bon, soyons gentils. Considérons que Nicolas Sarkozy était nul en maths à l'école, ce qui d'ailleurs a été le cas, et faisons abstraction de son inaptitude à compter comme nous devons aussi faire abstraction de son aptitude à "rêver" pour passer au contenu des mesures proprement dites :

- monétisation des RTT : tu travailles et on te paie... Gentil. Considérons que c'était une blague présidentielle pour la mise en bouche.

- paiement "double" de ceux qui accepteront de travailler le dimanche : super. Enfin, ça le serait si l'on n'était pas dans un pays où la majorité des entreprises violent le Code du travail du lundi au vendredi, et du lundi au dimanche pour celles qui ouvrent ce jour-là, et qui sont rarement les plus regardantes sur le respect des droits des salariés... La même proposition de Nicolas Sarkozy de payer double les heures effectuées le dimanche "serait" valable, aussi, si les chefs d'entreprise, d'une manière générale, ne faisaient pas une éruption de boutons à chaque fois qu'il est question de payer simplement les heures supplémentaires, alors là, dans le cas du dimanche... On croit savoir ce que la majorité en penseront. Discussion sans aucun intérêt, de toutes façons, puisque si elle était mise en pratique, il s'agirait d'une mesure 100% esbroufe : en bout de course, elle ne concerne ou ne concernerait que l'infime minorité d'entreprises qui travaillent déjà ou veulent travailler le dimanche. Seconde blague du président.

- suppression de la limite des 35 heures pour les entreprises qui signeront des accords d'augmentation collective : très bonne idée, sauf que "d'une manière générale" (deuxième fois que je le sors en deux paragraphes), les entreprises étouffant déjà sous les taxes rechignent à payer davantage leurs salariés, les quotas d'heures effectuées éventuellement au-delà des 35 n'intéressant vraiment que les métiers de production, où l'on n'a pas attendu... Nicolas Sarkozy et ses idées de "réforme" pour travailler en 2X8 ou en 3X8. Quant à l'effet d'une telle mesure sur de possibles recrutements, il serait évidemment désastreux, analyse que la plupart des gens qui ont déjà mis les pieds dans une entreprise (pas le cas du chef de l'Etat) partageaient avant même que Nicolas Sarkozy soit élu président de la République. Troisième gag de ce qui commence à faire figure de spectacle. Même pas drôle.

- déblocage des fonds de participation : orgasme ! Ils ne concernent toujours qu'une minorité de salariés, et pour la plupart de ceux qui en bénéficient, les sommes sont trop conséquentes pour partir directement en achats courants, et trop dérisoires en même temps pour atterrir ailleurs que sur un compte bancaire ou d'épargne, au mieux un compte-titres... Ca coupe un peu des réalités et des pratiques du peuple, une rémunération de l'ordre de 20.000 euros bruts mensuels...

- indexation des loyers sur l'indice des prix : le problème n'est déjà plus là depuis cinq ans au moins. Pour beaucoup de Français, les loyers sont "déjà" trop élevés et sans rapport avec les surfaces occupées ou les zones habitées. Seuls ceux qui habitent en HLM tirent leur épingle du jeu, certains gardant un logement vide pendant qu'ils habitent ailleurs, d'autres ne trouvant pas de logement, car la "rotation" est en train de s'arrêter purement et simplement faute de logements neufs... L'a-t-on seulement expliqué à Nicolas Sarkozy, qui ne doit pas le savoir ou alors qui fait semblant ?

- vente de 3% du capital d'EDF : pas de commentaire particulier. En France, on est toujours parti du principe qu'il suffisait de faire une ouverture de capital d'une grande entreprise quelconque pour "financer-compenser" l'incapacité de l'Etat à gérer l'ensemble de son budget dans tous les compartiments. Une rustine dont on connaît la durée de vie, même si elle est aujourd'hui agitée pour monnayer une trêve avec des étudiants qui aiment quand on commence à parler en milliards d'euros, les morveux aux dents longues ignorant que ce qui compte, ce ne sont pas vraiment les montants, c'est l'utilisation que l'on fait de l'argent sur le terrain... quand il y arrive !

Bilan des propositions de Nicolas Sarkozy pour relancer le pouvoir d'achat, donc la consommation puis la croissance ? Nul, ou peu s'en faut.

Nicolas_Sarkozy_et_Christine_LagardeJe l'ai écrit plus haut, l'interview de Sarko a été un véritable choc et aussi une certaine révélation pour moi : pour la première fois depuis bien longtemps (comme le matin du reste où il avait parlé de sécurité), j'ai vraiment eu l'impression que Nicolas Sarkozy n'était pas définitivement fou, ni con... Simplement, l'homme n'a jamais mis les pieds dans une entreprise. Ignore ce qu'est la vie d'un Français. N'a jamais vécu en banlieue, ni cherché du boulot. N'a jamais essayé, non plus, de vivre décemment avec un salaire de 1.200 euros bruts pour 140 heures de boulot dans le mois, et 40 à 80 heures de transports sur la même période...

Forcément, il y a un tas de choses qui ne peuvent que passer largement au-dessus de la tête du président de la République, qui ignore sans doute à quel point il est amputé d'un savoir "différent", qui devrait pourtant guider l'essentiel de sa politique.

Le problème des mauvaises fréquentations, c'est qu'elles finissent toujours par vous tirer vers le bas.

Pouvoir d'achat : Sarkozy remet un peu plus en cause les 35 heures
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/politique/20071129.OBS7509/pouvoir_dachat__sarkozy_remet_un_peu_plus_en_cause_les_.html

Pouvoir d'achat : "les gens vont être déçus", estime Laurent Fabius
http://www.latribune.fr/info/Pouvoir-d-achat---Les-gens-vont-etre-decus---estime-Laurent-Fabius-759-~-AP-SARKOZY-POUVOIR-D-ACHAT-FABIUS-$Db=News/News.nsf-$Channel=Economie-$SubChannel=France

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Commentaires
P
J'ai répondu dans le blog des B&B. J'en ai ras la casquette du charclo et de la bande à Sarko, où l'on passe son temps à se palucher aux frais du contribuable.
O
"Les esprits ouverts discutent des idées, les esprits moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des personnes. (JULES ROMAINS)"<br /> <br /> Donc pour écouter ce bon Jules, je dois donc te dire que Borloo, je m'en bat l'oeil !<br /> <br /> Ce sont les idées qu'il à piquées à Gilbert Sorbier (lol) et Jean Arthuis, qu"elles sont bonnes.<br /> <br /> Qiand ton comptable te dis: Faites des bénefs vous ne payrez que 33% (et encore on peut tricher à 25% en jouant sur les ammortissements) et surtout n'embauchez pas vous payeriez alors 98,5% !<br /> <br /> Avoue qu'il faut vraiment qu'un patron soit débile pour embauchez avec de telles lois fiscales. Je t'ai d'ailleurs répondu dans mon blog !<br /> <br /> T'embaucherais au lieu de te payer une Mercedes, toi ?
P
Malakine : 1 - Candide : 0<br /> <br /> Jusqu'à demain ?<br /> <br /> :)
M
@ candide<br /> <br /> Il me semble que dans mon premier commentaire j'ai développé des arguments et même sous la forme interrogative en me demandant si c'était moi qui était débile ou si sako nous prenait pour des cons. <br /> <br /> Quand on prétend élever le débat, la moindre des choses est de répondre aux arguments développés avant.
P
A attentes élevées, déceptions élevées, d'autant plus quand le seul moyen de se faire "entendre" (et encore) est la discussion sur des blogs entre gens qui sont du même avis et qui ne sont pas forcément... de gauche ! ;)
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