A Villiers-le-Bel, Fillon et MAM se suicident

A la veille d'un remaniement ministériel dans lequel elle ne serait pas la dernière à jouer sa tête, MAM, disent les journalistes, aurait décidé de frapper fort à Villiers-le-Bel en envoyant tôt ce matin un millier de policiers soutenus par des hommes du RAID investir les zones les plus sensibles de la ville. Objectif de l'opération, effectuer 37 interpellations de jeunes ou de moins jeunes qui auraient pu être impliqués dans la flambée de violence, prenant des allures de guérilla urbaine, au cours de laquelle on avait tiré sur des policiers fin novembre.

Fait nouveau dans un type d'opération qui lui-même n'avait plus été conduit depuis le quasi-bouclage de certains quartiers de Paris par De Gaulle, des journalistes accompagnaient les forces de l'ordre sur le terrain, filmant et enregistrant en direct la progression des défenseurs de l'ordre et de la loi jusque dans les cages d'escaliers qui, devant le refus de certains habitants qui trouvaient qu'on les avait réveillés trop tôt d'ouvrir leurs portes, ont fracassé les chambranles et enfoncé les vanteaux, des hordes et de représentants de la loi parfois contraints de faire la queue dans les escaliers s'engoufrant alors, telle une armée en manoeuvres, dans de nombreux appartements d'où l'on a extrait, sans trop d'anicroches paraît-il, 34 des 37 personnes recherchées.

On cherchait évidemment à mettre la main sur les participants aux émeutes qui avaient transformé pour un temps cette banlieue parisienne en centre de la France médiatique. Même si les médias, puisqu'on en est à parler d'eux, ne se sont pas trop étendus sur le sujet, on a aussi dû tout retourner dans certains appartements ciblés à l'avance dans le but de retrouver des pistolets à grenaille, voire le pistolet 9mm. et le fusil à pompe qui auraient servi à tirer sur les policiers au plus fort des émeutes.

Rappelons qu'au cours de cette vague de ce que certains avaient appelé des "incivilités" ne prêtant pas à conséquences, un certain nombre de policiers avaient été blessés par des tirs à balles réelles, à la grenaille et à la chevrotine, certains d'entre eux portant pour le restant de leurs jours les stigmates d'une nuit où certains "jeunes" s'étaient promis de "buter un flic", commençant quelques jours plut tôt par rouer de coups un commissaire qui tentait d'apaiser la situation après une collission mortelle entre deux jeunes circulant sur une mini-moto et une voiture de police, dont uen enquête préliminaire vite expédiée avait conclu qu'elle n'amusait pas le pavé autant que certains autochtones l'avaient assuré...

A moins d'un mois de municipales qui s'annoncent particulièrement mal pour l'UMP dans son ensemble et qui devraient être suivies de la décapitation en place de grève d'un certain nombre de ministres, dont celle de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie et du Premier ministre Fillon, convaincu de sorcellerie sondagière, il s'agit pour le pouvoir en place de rappeler que l'engagement d'envoyer "le" tireur (au fusil à pompe ou fusil de chasse) derrière les barreaux sera tenu... même s'il ne l'est jamais.

Deux mois et demi, malgré tout, c'est bien tard pour arriver à donner l'illusion que la police peut encore contrôler des banlieues comme celle de Villiers-le-Bel : certains voient d'ailleurs dans la descente massive des forces de l'ordre dans la ville une étincelle qui ne serait pas malvenue pour remettre le feu aux banlieues ; pendant que d'autres misent sur un simple coup de "com" de Michèle Alliot-Marie, d'autres encore font remarquer que l'initiative ne suffira probablement pas à sauver la tête de la ministre, MAM ayant eu besoin de 9 mois pour se mettre au boulot magré le fait que personne, à ce que l'on sache, ne l'ait mise enceinte en mai 2007.

Sur le plan des "non-dits" ou des "moins dits" à présent, il est inconcevable que ni Matignon ni l'Elysée n'aient été avertis avant l'heure de l'imminence de l'opération policière à Villiers-le-Bel, plusieurs journalistes ayant avoué à demi-mots qu'is en avaient clairement entendu parler de l'opération dès la fin de la semaine dernière.

On se trouve donc, clairement, dans le contexte d'une gigantesque opération d'esbroufe dont il risque de sortir bien peu de choses, et que l'Elysée et Matignon auraient fort bien pu appuyer pour voir une nouvelle fois MAM se planter, l'inaptitude de cette dernière à gérer les événements au début de la crise de Villiers-le-Bel ayant nécessité une grosse colère de Sarko la Grande Gueule depuis la Chine, où l'intéressé accompagné de sa maman et de l'un de ses rejetons ne pensait pas avoir (encore) à gérer l'incapacité chronique de ses subordonnés à gérer quoique ce soit.

L'aspect le plus intéressant, mais pas encore le plus évoqué dans cette étrange affaire, c'est que Fillon ne pourra pas être dissocié des résultats, probablement anecdotiques, d'un semblant d'opération surtout destinée à montrer les muscles du gouvernement, qu'il n'a pas pu ne pas cautionner, le tout pour un résultat qui risque d'être pour le moins éloigné de celui sur lequel MAM et Fillon, le nez dans le guidon, avaient dû miser.

Ou comment faire tomber deux têtes pour le prix d'une...

Comments

[Poliblog]

Il semblerait que des habitants aient parlé pour toucher la (des) récompense(s). Comme de bien entendu, les gardés à vue seraient tous défavorablement connus des services de police... La question est "que va-t-on bien pouvoir en faire ?", compte tenu du fait que les tribunaux sont asphyxiés sous la quantité de dossiers à traiter et que les prisons qui ressemblent déjà à des taudis regorgent tellement de détenus qu'on va bientôt les attacher dans les chaufferies ou aux bagnoles des gardiens ?
:(

[Ozenfant]

Trente trois arrestations à Villiers le Bel ! http://blog-ccc.typepad.fr/blog_ccc/2008/02/trente-trois-ar.html#comments