La maison qui fait boum
Allez hop, pour une fois, on quitte le terrain de la politique pour s'immerger dans la vraie vie.
S'immerger est bien le mot qui convient d'ailleurs, parce que la nuit dernière, les activités habituellement mollasses du Poliblog ont été quelque peu perturbées par un événement tout à fait inattendu : y'a une maison qui a fait boum !
A quelques minutes près, tout a commencé par cette phrase, ajoutée un peu en catastrophe à mon dernier sujet sur Continental Clairoix :
"Oups, il faut que je vous laisse. On dirait qu'il y a une maison
qui vient d'exploser pas loin d'ici (sans rire)."
C'était vrai. C'était pas "pour de rire".
Mais commençons par le commencement. Quand le boum a retenti, j'ai d'abord cru à un coup de fusil à pompe : rien de vraiment extraordinaire, la nuit, dans le Bronx où le Poliblog habite, sauf que je n'ai pas tardé à m'apercevoir que je m'étais complètement trompé (pas la première fois).
Or donc, nous entamons le corps du récit au moment où le Poliblog, sortant sa truffe sur le balcon vers quatre heures du matin, vient de s'apercevoir qu'a priori, un pavillon a tout simplement explosé à une centaine de mètres de chez lui ! A vol d'oiseau, c'est rien, mais pedibus et avec les détours dans un quartier méconnu, c'est carrément une autre paire de manches...
Bon, ben disons-le tout de suite, je n'ai rien fait ni rien pu faire. C'était, donc, à une centaine de mètres à vol d'oiseau, donc pas très loin, mais relativement loin quand même (ça vous donne une idée de la puissance de l'explosion, que j'ai entendue plutôt distinctement, bien que j'étais concentré sur tout autre chose à ce moment-là), surtout pour un gars qui ne connaît pas suffisamment le quartier pour cavaler en pleine nuit afin de voir s'il peut aider à quelque chose.
Pour porter éventuellement secours, de toutes façons, il aurait fallu que je réveille Mam' Poliblog façon clairon, pour qu'elle prenne le relais avec Minicul, puis que je saute dans une paire de pompes et que je coure comme un dératé pour faire un détour de la mort (en prenant le cimetière pour premier objectif) avec, au bout de plusieurs minutes de cavalcade ininterrompue, un risque non-négligeable de ne tout simplement... jamais arriver à localiser la maison qui brûlait ! Aussi, je me suis dit que "normalement", les soldats du feu devaient être en route depuis belle lurette, qu'ils allaient dérouler leurs tuyaux et qu'ils allaient nous éteindre ça en deux temps trois mouvements (t'as raison).
Y'a eu les cris ensuite. Ce sont eux qui m'ont attiré dehors dès le début, en fait : un gros boum, suivi très rapidement de cris de jeunes filles, voire de cris de petites filles.
Entendre au loin, tard dans la nuit, ces voix mortes d'inquiétude qui hurlaient "Maman !" ou "Vanessa !", et rester là, comme un con, coincé sur mon balcon et stupéfié par la violence incroyable de l'incendie (un véritable brasier), avait quelque chose de complètement irréel, d'insolite et de monstrueux en même temps : aurais-je dû me précipiter ? Et en me précipitant, au lieu de me masturber l'indécision, qu'aurais-je pu faire qui n'aurait pas déjà été fait par n'importe qui, longtemps avant mon arrivée ?
Terribles questions.
Pour le peu que j'aie cru en distinguer, au loin, c'était vraisemblablement tout le premier étage d'une maison qui s'était envolé dans les airs, des flammes d'une taille et d'une violence inouïes jaillissant de ce qui restait à la fois de l'ex premier étage et du rez-de-chaussée, qui je suppose ne devait plus être lui aussi qu'un amas de ruines, calcinées, voire désintégrées avec un gigantesque trou les surmontant...
Ca a paru durer une éternité. Aucun bruit de moteur, et encore moins de sirène(s) à l'horizon. C'était "fou" !
De loin, je pouvais voir des silhouettes courir sous la clarté des réverbères, et j'entendais, donc, ce que j'ai pensé avoir été des jeunes filles en train de se compter.
Pendant que leur terreur commençait à s'atténuer, de là où j'étais, j'entendais les craquements de ce qui devait être des planches de bois rongées par les flammes, qui éclataient les unes après les autres, ou qui tombaient morceau par morceau dans le trou béant qu'au travers des arbres, pourtant nus, je peinais beaucoup à distinguer (ce qui restait du rez-de-chaussée ? A savoir, rien ?)...
Ouais : un feu d'une violence inouïe (jamais vu un truc pareil, pourtant j'en ai vu quelques-uns et pas toujours des tout petits) !
Dès les premières secondes d'ailleurs, après l'explosion, un arbre qui se trouvait à-côté de la maison avait commencé à s'embraser, très rapidement et très violemment lui aussi, un peu comme si on l'avait arrosé d'essence en fait.
Voir le feu "dévorer" tout ça, entendre l'agonie du bois de la maison et de celui de l'arbre, voir des flammes gigantesques se nourrir d'autres flammes qui, par moments, semblaient guidées par une véritable volonté de tout brûler sur cette Terre, ça m'a impressionné plus que je ne saurais l'écrire : on se serait cru dans une scène de Backdraft, sauf que là, il n'y avait ni caméras, ni faux héros qui touchent un gros chèque à la fin du film. La nuit dernière, c'était pas du cinéma !
Toujours pas de sirène(s). Toujours pas le moindre bruit de moteur non plus, et voilà-t-y pas que... Ca explose une deuxième fois (!!!), alors que quelques lumières viennent seulement de s'allumer dans les maisons voisines (il n'est même pas quatre heures du matin) !
La première explosion avait été tellement puissante, et en même temps tellement "étrange" aussi, avec cette sorte de claquement sourd et très sec (gaz de ville ? TATP ? Un autre explosif maison bricolé dans le garage ?), plutôt qu'un baoum suivi d'un grondement qui met un peu de temps à se dissiper, que la deuxième a presque paru être de la gnognotte.
Après encore de longues minutes d'attente, alors que leur caserne doit se trouver à quelques centaines de mètres de la maison du cauchemar (maximum), les pompiers ont fini par arriver, mais ce moment-là, le feu avait déjà, enfin commencé à faiblir un peu : une colonne de fumée très dense s'élevait au-dessus du cimetière voisin, colonne géante à l'échelle du pavillon, comme si depuis le début, la maison avait simplement été posée sur le cratère d'un volcan qui venait d'entrer en éruption.
Du côté des pompiers, le temps de dérouler leurs tuyaux, le temps de mettre des lances en batterie, il ne restait, me sembla-t-il, plus rien de ce que je pensai avoir été un pavillon jusqu'à quelques minutes plus tôt : jusqu'à l'arrivée des soldats du feu, leurs premiers gestes, maintes fois répétés, ne changeant d'ailleurs rien à l'affaire, on n'avait pas cessé d'entendre des craquements sinistres, des effondrements successifs, mais comme par contre on n'entendait plus personne parler, j'ai préféré en déduire qu'aucun malheureux n'avait dû se trouver au milieu de cet enfer (pratique, d'être sur son balcon...).
Il a fallu de très longues minutes pour "tuer" le feu au niveau de l'étage disparu, et encore plusieurs minutes de plus pour venir à bout de celui qui ne cessait de repartir au rez-de-chaussée, malgré les centaines (ou milliers ?) de litres d'eau qu'on ne cessait de déverser sur lui.
D'où j'étais, malgré mon statut de taupe qui va bientôt devoir passer aux verres progressifs, je voyais assez distinctement les braises, et la bête qui ne demandait qu'à passer entre les gouttes pour reprendre le dessus : on aurait dit qu'elle ne voulait pas mourir, que tant qu'elle aurait un souffle d'air à inspirer, elle chercherait à s'agripper à la vie, à n'importe quel prix !
Satanique.
Je ne saurai sans doute jamais ce qui s'est passé là-bas la nuit dernière. Je ne suis pas comère de toutes façons. Pas le genre de gars à tourner en bagnole dans le quartier, pour aller voir de plus près le résultat de cette guerre qu'un soir de mars, en pleine nuit, se sont livrés le feu et des hommes qui savent qu'ils n'arriveront jamais à le tuer vraiment, mais qui chaque jour ou presque, se battent quand même contre lui. Et puis, même vaincu provisoirement, moi non plus je n'ai pas besoin de me déplacer pour constater que même éteint, hier, c'est encore le feu qui l'a emporté sur l'Homme, comme à chacune de leurs confrontations ou presque.
"Il" resurgira quelque part. Prendra une nouvelle fois des hommes, une famille par surprise, au moment où elle s'y attendra le moins. Le jour, la nuit, qu'importe... Il reviendra. N'importe où. N'importe quand.
Je ne suis pas comère, c'est vrai, mais tout de même, ça me titille un peu, ne serait-ce que pour ma culture personnelle, de ne pas savoir ce qui a été à l'origine de cette explosion. Je l'ai écrit plus haut, elle était tout de même "bizarre", elle a eu quelque chose de vraiment particulier.
Jamais entendu un truc pareil. Jamais vu un truc pareil non plus.
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