Borloo rejoint Sarko
Dans le Poliblog je n'ai jamais hésité à faire des pronostics ni à prendre des risques, choses dont je ne tire aucune gloire car finalement, le plus grand risque que je cours serait surtout celui de passer pour un con si je me trompe... ce qui heureusement n'arrive jamais. Les raisons d'un tel succès ? D'abord une grande modestie, qui me pousse à analyser l'actualité en ignorant souvent mes propres opinions. Ensuite, un don réel pour prendre la température générale grâce à des petits signes que tous émettent en permanence (candidats, journalistes, sondages, etc.). Ajoutez un génie du verbe que Molière lui-même m'aurait envié, et vous obtenez LE baromètre politique français le plus coté du marché, le Poliblog Indépendant consulté aujourd'hui dans 13 pays : Allemagne, Belgique, Brésil, Chine, Espagne, Etats-Unis, France, Hollande, Italie, Maroc, Royaume-Uni, Turquie, Uruguay. Un succès justifié, et qui se verra une nouvelle fois confirmé quand Jean-Louis Borloo annoncera qu'il rejoint Nicolas Sarkozy.
Comment je le sais ? Simple : ce matin sur iTélé, Hervé Morin, Président du groupe UDF à l'Assemblée Nationale, a clairement laissé entendre que l'UDF (donc François Bayrou) envisageait un soutien de Jean-Louis Borloo avec autant d'enthousiasme qu'une épidémie de gastro-entérite. Il faut dire que depuis 2002, l'ex-copain de Bayrou a totalement changé sa garde-robe pour porter, aujourd'hui, la panoplie complète du suppôt de l'UMP, celle que les vrais militants ne verront jamais : tricots de peau avec la photo de Sarkozy, slips bleus UMP, chaussettes "rupture tranquille", porte-clés, pins, calculatrice solaire, mini-couteau suisse...
Il n'y a vraiment aucune chance pour que Jean-Louis Borloo rejoigne une nouvelle fois un François Bayrou qui ne lui avait filé que des photos de tracteurs et qui doit voir Jean-Louis Borloo comme ce qu'il est réellement, et non pas tel qu'il voudrait qu'on le voit : Borloo n'a jamais été un défenseur de principes économiques qui iraient dans le bon sens (si chers à Gilbert Sorbier), et il n'est pas davantage l'homme qui a fait reculer le chômage en France (vaste fumisterie). Il est, beaucoup plus simplement, comme Georges Tron (qui a d'ailleurs affiché son soutien pour Nicolas Sarkozy hier), un politique foncièrement oisif dont les vraies obsessions sont au nombre de deux : première obsession, appartenir à une famille, quelle qu'elle soit ; et seconde obsession, en changer (!), au besoin, pour rejoindre une famille qui serait plus porteuse (ou plus branchée) que la précédente.
Si le P.S. adoptait ses pseudo-théories économiques et lui ouvrait les bras, Jean-Louis Borloo irait poser sa tête sur les seins de Ségolène Royal et lui demanderait tout bas si elle veut quelque chose : café, chocolat, Ricard, Mouton-Cadet... En réalité, Borloo n'est qu'une illustration supplémentaire de "ce qui ne va plus" dans le paysage politique français, où il suffit de sauter sur les genoux de tout le monde pour se voir offrir un poste de Ministre dans n'importe quel Gouvernement, dans lequel personne ne vous demandera d'ailleurs d'obtenir des résultats, mais dans lequel tous s'uniront pour saluer des résultats que vous n'avez jamais obtenus. L'ex-amateur de la Chine maoïste, toujours avocat (forcément), ex-copain de Bernard Tapie, ex-écolo et ex-copain de François Bayrou est bien placé pour le savoir, lui qui aurait "fait reculer" le chômage en France...
C'est pour toutes ces raisons que Borloo va rejoindre l'équipe Sarkozy. D'abord parce que Bayrou n'a pas de temps à perdre avec une énième prima donna, ensuite, et surtout, pour un banal besoin d'appartenance à une famille qui veut justement l'accueillir à bras ouverts. Sarko promettra de réfléchir aux propositions économiques de Borloo, Jean-Louis fera semblant de le croire, et il se mettra immédiatement à faire ce que l'on attend de lui : il va la fermer et sauter sur les genoux de Sarkozy. Avant sans doute de lui demander s'il veut quelque chose.
http://www.20minutes.fr/article/145374/Borloo-fait-monter-les-prix.php