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Poliblog indépendant
15 avril 2007

Pourquoi je pense que Le Pen ne sera pas au second tour

Extrait d'un commentaire que je viens d'ajouter au sujet "Les révoltés du dimanche rentrent dans le rang".
http://poliblog.canalblog.com/archives/2007/04/14/4625179.html

JMLP_fatigu_Moi je ne joue pas à me faire peur, cette année je ne prévois pas de "surprise" Le Pen.

Je pense que dans la réalité, Sarkozy a déja réussi l'exploit de pomper suffisamment de voies à l'extrême-droite pour renvoyer le papi du FN aux oubliettes, au point qu'il ne serait pas abusif de dire que Nicolas Sarkozy est devenu LE candidat de l'extrême-droite en France, c'est-à-dire, pour parler plus clairement, "celui qui fait le plus de volume" en ajoutant les voies d'extrême-droite à celles déjà acquises (c'était d'ailleurs le but recherché).

Sarkozy "l'immigré" (Le Pen n'a pas évoqué le sujet par hasard !) ne sera, bien sûr, jamais le candidat idéal pour un socle de militants ou de vrais sympathisants FN qui sont fondamentalement xénophobes et qui ne s'intéressent que modérément à d'autres questions.

Par contre, Sarkozy, l'énervé en costard qui veut passer la racaille au Kärcher dans des banlieues qui sont devenues des repaires de criminels immigrés (c'est le message envoyé) s'est transformé en candidat tout à fait acceptable pour une majorité de Français "susceptibles" de voter FN (donc plus modérés), parce qu'ils estiment souffrir d'une manière ou d'une autre des dérives de l'immigration, d'une certaine forme d'insécurité ou d'injustices qui en découlent (racisme anti-blancs, voire anti-Français, aides aux clandestins, etc.), et d'une relative disparition de l'identité française (expression qui selon moi convient bien à la situation), sans parler des problèmes économiques qui peuvent toujours être imputés aux clandestins ou au trop grand nombre de régularisations (ou de naturalisations), sans parler encore de l'islamisme...

A-propos de l'Islam, paradoxalement, Sarkozy a fait beaucoup pour lui donner une vraie place en France, mais quand il a eu besoin de s'en débarrasser pour séduire les "sympathisants modérés d'extrême-droite", il l'a fait sans aucun état d'âme... en se gardant toujours de prendre position sur le sujet : Sarko savait déjà qu'il n'avait pas besoin d'associer les banlieues à l'islamisme, chaque jour les journalistes le font pour lui !

Donc... Partout où il pouvait tailler à la serpe dans l'électorat de Le Pen, Sarkozy l'a fait, sans vergogne et avec une étonnante complicité de la part des médias qui ne se sont émus de rien, provoquant même une situation complètement grotesque dans laquelle Ségolène a du brandir le drapeau français et parler de la Marseillaise, la maîtrise de l'hymne national étant même rendue obligatoire !... J'hallucine !!!

Le Pen a été dépassé par les événements. Sur la durée, il est tombé dans le même piège que l'extrême-gauche : il a cherché à étoffer son programme (ou plutôt son absence de programme) alors qu'il n'en avait pas besoin, oubliant un peu trop rapidement que globalement, c'est "la haine de l'étranger" (ou pas loin) sous toutes ses formes qui lui a permis d'atteindre le score qui l'a amené au second tour en 2002 (de la même manière que l'extrême-gauche a oublié que son vrai fonds de commerce était la défense des "petits", et non pas la défense des clandestins et des homos ou la promotion du cannabis et des éoliennes...).

Schématiquement, on peut dire que Sarkozy est arrivé (plutôt bien, même) à faire du Le Pen alors que Le Pen, ébloui par son score inespéré de 2002, a vainement et connement essayé de faire du Sarkozy (il était beaucoup plus facile pour Sarkozy de faire du Le Pen que l'inverse).

Résultat, Le Pen ne sera pas lâché par son socle (ni l'extrême-gauche par ses vrais militants), mais il risque d'être lâché jusqu'au dernier moment par tous ceux qui trouvent déjà une alternative potable dans un Sarkozy qui, c'est son principal avantage, a beaucoup plus de chances d'être élu au second tour que Le Pen (de même que l'extrême-gauche, dans son ensemble, peut redouter jusque dans l'isoloir d'être lâchée par un certain nombre d'indécis au profit de Ségo ou de Bayrou, qui sans être des candidats anti-système sont à leur manière devenus des candidats contestataires !). J'hallucine (bis) !!!

Qui aurait pu prévoir un pareil scénario ? Certainement pas les journalistes ni les analystes qui ne s'émeuvent toujours pas du discours aux forts relents d'extrême-droite de Nicolas Sarkozy.

Stratégiquement, on peut dire que Le Pen a manqué de finesse. Tout en gardant un discours ferme sur l'immigration et sur la préférence nationale, il est trop sorti de la ligne qui l'avait conduit au succès. C'était risqué face à un Sarkozy qui a déja démontré dans le passé qu'il n'avait pas son pareil pour manipuler les foules et qui, c'est la seule chose que Le Pen ne pouvait pas prévoir, a pu se lancer à fond dans un discours "anti-voyous" grâce aux événements providentiels de la Gare du Nord : Sarkozy s'est bien gardé de dire que les voyous dont il voulait parler étaient toujours des clandestins ou des jeunes issus de l'immigration, pourtant c'est exactement le message qu'il a réussi à faire passer en agitant vigoureusement le spectre de l'Africain sans foi ni loi immédiatement après les émeutes de la Gare du Nord ! Du vrai travail de dentelière ! Le Pen est loin d'être con, mais à 78 balais on comprend tout moins vite, et même la petite Marine qui est une bonne analyste n'a rien senti venir, de même que beaucoup d'autres (moi le premier).

Au moment des émeutes, il est probable que personne ne l'a compris, mais le FN aurait "du" prendre un virage pour revenir d'urgence sur une ligne d'extrême-droite pure et dure. Le parti n'aurait, en tout cas, pas du persévérer dans son objectif de devenir plus fréquentable. En modifiant à-peine son discours, Le Pen aurait pu, à ce moment-là, s'en prendre aux politiques de l'establishment en utilisant des mots comme "politiques-voyous" par exemple, avec la même violence qu'il déployait dans le passé pour s'en prendre aux "étrangers". Le second tour, alors, aurait pu être assuré... mais toujours face à Sarko.

Le bilan que je retire de tout ça, c'est que JMLP est en train d'être broyé par un système qu'il n'avait aucun besoin de chercher à intégrer. Ca peut arriver, parfois, quand on met le doigt dans un engrenage. Pour toutes ces raisons, je pense qu'il est de plus en plus improbable de voir Jean-Marie Le Pen arriver au second tour, quant à son successeur il aura tout autant de mal à revenir en arrière.

Un bon exemple (de circonstance) d'un numéro de cabotinage très réussi de la part de Sarkozy : le candidat arrive souvent à persuader ceux qu'il prend vraiment pour des cons (et qu'il méprise) qu'ils sont extrêmement intelligents. Et il leur fait gober absolument ce qu'il veut !
http://www.metrofrance.com/fr/article/2007/04/10/09/2813-37/index.xml

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Commentaires
J
Source 3 :<br /> http://elections.lefigaro.fr/resultats/elections-presidentielles-2007/1er-tour/<br /> <br /> Je vérifie, en cherchant les villes populaires de l'agglomération lyonnaise :<br /> Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Lyon 9 (Duchère), Saint-Fons, Pierre-Bénite --> même répartition que ci-dessus : Royal±28/35 (39 à Vaulx), Sarkozy±20/25, Bayrou±18, Le Pen±10.<br /> Parcontre, à ma surprise, Sarkozy gagne à Saint-Priest, Bron, Saint-Genis-Laval, La Mulatière, Villeurbanne, Oullins, Feyzin, Corbas, Mions, Lyon 7, Lyon 8, Lyon 4 (la fameuse Croix Rousse !!!), Sathonay-Camp et Sathonay-Village, Rillieux la Pape, Décines-Charpieu. Ca fait un paquet de villes populaires qui ont choisi Sarkozy.<br /> Apparemment, seuls les quartiers vraiment les plus difficiles ont choisi Royal, pas les quartiers populaires intermédiaires. Et surtout, dans tous ces quartiers (populaires+difficiles), Le Pen est à sa place, c'est à dire en 4ème position.<br /> <br /> <br /> Si quelqu'un trouve des chiffres absolus sur les voies du FN et des autres partis dans ces quartiers, ce serait très intéressant.
J
Répartition par types de quartiers<br /> Source 1 :<br /> http://elections.lesechos.fr/elections-presidentielles-2007/campagne/4568431.htm<br /> <br /> Attention : il s'agit de pourcentages, et non de chiffres absolus.<br /> Le PS l'emporte dans tous les quartiers difficiles, et double par endroits son score de 2002. L'UMP vient en 2ème position (mais on ne sait pas s'il baisse ou monte) et l'UDF en troisième position. Le PCF et surtout le FN reculent nettement dans ces quartiers. Donc, d'après cet article, la controverse engagée autour de Sarkozy a fait baisser le FN et a joué en faveur du PS. Intéressant ! Globalement, les extrêmes reculent.<br /> <br /> Source 2 :<br /> http://www.lefigaro.fr/presidentielle-resultat/20070424.FIG000000007_les_quartiers_difficiles_votent_segolene.html<br /> <br /> Attention : il s'agit de pourcentages, et non de chiffres absolus.<br /> A peu près les mêmes conclusions : la mobilisation générale a nettement servi le PS, mais n'a pas délaissé Sarkozy, qui obtient entre 20 et 30% dans tous les quartiers difficiles (y compris 22,86 et 25,82% à la Courneuve et à Argenteuil) ni Bayrou, en 3ème position. Encore une fois, ce sont le PCF et le FN qui chutent largement. Le Pen perd plus de la moitié de sa part de marché dans ces quartiers.<br /> <br /> Pour l'instant, il me semble que ces pourcentages indiquent un mouvement du type "forte mobilisation des quartiers difficiles qui profite aux trois candidats démocrates, PS, UMP et UDF". Si on se souvient que récemment encore, ces quartiers "rouges" plaçaient le FN en seconde position, on se réjouit de le voir recalé à la 4ème. Ces quartiers sont ré-entrés dans le jeux de la vie politique française, en plaçant les trois candidats démocrates en tête, à l'instar du pays entier.
J
OUAH, une cartographie parisienne de l'extrême droite de 1979 à 2004 :<br /> http://geoelections.free.fr/France/paris/extrdte.htm<br /> C'est exactement ce que je disais plus haut : milieu années 1980, les masses populaires se sont ruées à l'extrême droite, et elles y sont restées. En 1979, c'était le parti du 16ème, en 1986, celui du 18ème !!! On voit aussi une répartition en masses selon trois catégories : bourgeois, intermédiaires et populaires. Je savais ce fait, mais je ne pensais pas qu'il était aussi marqué.<br /> <br /> Idem sur cette carte :<br /> http://geoelections.free.fr/France/paris/municip.htm<br /> La gauche est complètement dans les choux dans le 18ème et le 19ème, qui sont pourtant, me semble-t-il, LES quartiers populaires.
J
Scores absolus du FN<br /> 2002 : 4 804 713<br /> 2007 : 3 834 530<br /> Soit une perte de 970 183 voies et 20,19%.<br /> <br /> Le Pen a donc perdu un cinquième de ses électeurs. C'est déjà pas mal !
J
Je n'arrive pas à poster mon second message, avec les chiffres à étudier. Y a-t-il un changement dans le fonctionnement du blog ?
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